Le 28 janvier, une personne détenue dans un centre d’immigration de la province canadienne du Québec est décédée après avoir été trouvée en état de « détresse médicale ».
L’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC), qui gère le Centre de surveillance de l’immigration de Laval, a révélé le décès deux jours plus tard, mais n’a donné aucun détail concernant l’identité de la victime ou la cause de sa mort. L’ASFC a déclaré qu’elle ne fournirait pas d’autres informations pendant qu’une « enquête est en cours », pour « raisons de confidentialité ».
Une semaine plus tard, nous ignorons toujours le nom de cette personne, son âge, si elle avait un enfant, d’où elle arrivait, depuis combien de temps elle se trouvait en détention, ou si elle souffrait d’un problème de santé mentale.
Ce que nous savons, en revanche, c’est que les détenus de l’immigration au Canada, y compris ceux qui fuient les persécutions, sont soumis à de graves violations des droits de la personne.
Depuis 2000, au moins 16 sont morts après avoir été placés en détention par les services d’immigration, la plupart dans des prisons provinciales. Cette année, l’Ontario a ouvert une enquête du coroner sur la mort d’Abdurahman Hassan, un homme originaire de Somalie atteint de troubles mentaux, décédé en 2015 après avoir été incarcéré pendant plus de trois ans par les services d’immigration.
L’ASFC a l’habitude de maintenir un voile du secret autour des décès de détenus de l’immigration et de refuser de communiquer des informations de base sur eux et la cause de leur décès, invoquant souvent des préoccupations liées à la protection de la vie privée. Les pouvoirs étendus de l’ASFC restent largement hors de contrôle ; c’est la seule grande agence canadienne d’application des lois qui n’est pas soumise à une surveillance civile indépendante.
Les centres de détention pour immigrants ressemblent à des prisons de moyenne sécurité et fonctionnent comme telles, avec des restrictions importantes de la vie privée et de la liberté, des règles et des routines quotidiennes strictes, et des mesures punitives, notamment le placement dans des conditions proches de l’isolement cellulaire. Les détenus de l’immigration sont placés sous la surveillance constante de gardes en uniforme et de caméras et fouillés régulièrement. La communication avec leurs proches, leurs représentants légaux et les soutiens communautaires est restreinte, en raison de l’interdiction des effets personnels tels que les téléphones portables.
Les conditions de détention dans le centre où est survenu le décès soulèvent depuis longtemps des préoccupations. L’année qui a suivi le début de la pandémie, des détenus ont fait à trois reprises une grève de la faim pour protester contre ce qu’ils considéraient comme des conditions mettant leur vie en danger.
Ces graves abus soulignent la nécessité pour le Canada de s’engager sur la voie de l’abolition de la détention des immigrants, notamment en y substituant des alternatives communautaires. Rien ne rend cet impératif plus clair que la mort d’une autre personne en détention.
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