(Johannesburg) – De nombreux habitants de la capitale du Zimbabwe, Harare, sont toujours confrontés à une crise de pénurie d'eau potable trois ans après une épidémie mortelle de choléra, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui. Le gouvernement du Zimbabwe ainsi que le conseil municipal de Harare devraient agir d’urgence pour fournir l’accès à l'eau potable pour les millions de personnes qui en sont actuellement privées.
La situation de l'eau à Harare est en grande partie semblable à la situation observée en 2008, quand le Zimbabwe a subi l'épidémie de choléra la plus dévastatrice en Afrique depuis 15 ans. Cette épidémie avait alors tué 4 200 personnes, et mené à l’infection d’au moins 100 000 autres personnes. Human Rights Watch a constaté que la crise de l'eau à Harare, qui perdure et qui a aggravé l'épidémie de choléra, résulte de plusieurs facteurs : l'infrastructure hydraulique obsolète de la ville, la forte croissance de la population, les périodes de sécheresse, ainsi que les problèmes de corruption et de mauvaise gestion au niveau du gouvernement. En outre, les différends entre le gouvernement national et le conseil municipal de Harare ont entravé les efforts visant à résoudre ces problèmes.
« La crise de l'eau qui perdure depuis longtemps à Harare est une bombe à retardement qui aggrave les risques sanitaires et qui oblige les habitants à rechercher des sources d'eau alternatives, souvent insalubres », a déclaré Dewa Mavhinga, directeur pour l'Afrique australe à Human Rights Watch. « Les autorités zimbabwéennes aux niveaux national et local devraient travailler ensemble pour mettre rapidement et définitivement fin aux dangereux problèmes liés à la pénurie d'eau à Harare. »
En octobre 2019 et en juillet-août 2021, Human Rights Watch a interrogé 85 personnes vivant dans cinq quartiers (Budiriro, Glenview, Highfields, Mabvuku et Mbare) densément peuplés et sans accès à l'eau potable. Ces quartiers sont situés à Harare et dans la banlieue d'Epworth, ainsi que dans les villes environnantes de Chitungwiza, Norton et Ruwa. Human Rights Watch a également interrogé 11 représentant·e·s du gouvernement au niveau national et municipal, des experts en santé publique, des experts juridiques, des employé·e·s du conseil municipal, des membres d'organisations non gouvernementales, ainsi que des employé·e·s d'agences des Nations Unies au Zimbabwe. Human Rights Watch a également examiné des rapports publiés par le gouvernement, l'ONU et des groupes non gouvernementaux, ainsi que divers articles publiés par les médias au sujet des problèmes liés à l'eau à Harare.
La région métropolitaine de Harare compte actuellement environ 4,5 millions d'habitants, dont plus de la moitié manquent d’accès à l'eau potable. Ceci accroît leur risque de contracter des maladies d'origine hydrique telles que le choléra et la typhoïde.
L'organisation Médecins Sans Frontières (MSF) a développé au Zimbabwe une méthode pour protéger les nouveaux puits de forage contre le risque de contamination, par le biais de joints d’étanchéité sanitaires ; toutefois, les autorités municipales n'ont pas adopté cette solution qui coûte plusieurs milliers de dollars US par forage.
En vertu de l'article 77 de la constitution du Zimbabwe de 2013, « toute personne a droit à une eau salubre, propre et potable ».
Le gouvernement aux niveaux national et local devrait agir d’urgence pour garantir des sources alternatives d'eau potable, telles que des points d’eau sûrs et des puits protégés, pour l'ensemble de la population, a déclaré Human Rights Watch.
Communiqué complet en anglais : en ligne ici.
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