(New York) - Le Conseil de sécurité des Nations Unies devrait renouveler la mission de l’ONU en Afghanistan et renforcer sa capacité à surveiller les violations des droits humains depuis la prise de contrôle des talibans, par le biais d’enquêtes et de rapports, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui. Le mandat de la Mission d'assistance des Nations Unies en Afghanistan (UNAMA, ou MANUA en français) arrivera à échéance le 17 septembre 2021.
Les membres du Conseil de sécurité ont prévu de débattre prochainement de l’adoption d’une nouvelle résolution qui permettrait de renouveler le mandat de la MANUA. La présence en Afghanistan de la MANUA et d'autres agences des Nations Unies, qui devront s'adapter à l'évolution rapide de l'environnement politique et sécuritaire en Afghanistan, demeure essentielle pour aider à protéger le peuple afghan. Le rôle de la MANUA sera particulièrement important en ce qui concerne la surveillance du respect par les talibans des obligations internationales de l'Afghanistan en matière de droits humains.
« Le Conseil de sécurité devrait renouveler le mandat de la mission des Nations Unies en Afghanistan et s’assurer que la MANUA, ainsi que d’autres agences de l’ONU, disposent des ressources nécessaires pour l’apport d’aide vitale et la surveillance rigoureuse des droits humains », a déclaré Louis Charbonneau, directeur de plaidoyer auprès de l'ONU à Human Rights Watch. « Compte tenu du bilan déplorable des talibans en matière de droits humains, notamment en ce qui concerne les droits des femmes et des filles, la MANUA devra jouer le rôle d’observateur mondial et émettre des rapports publics sur la situation en Afghanistan. »
Le Conseil de sécurité a créé la MANUA en 2002 dans le cadre de l'Accord de Bonn, qui a suivi l'éviction en 2001 du précédent gouvernement dirigé par les talibans. Le Conseil avait alors attribué à la MANUA un large mandat pour surveiller les droits humains, promouvoir l'État de droit, protéger les droits des femmes et encourager la réconciliation nationale.
Le 30 août 2021, le Conseil de sécurité a adopté la Résolution 2593 (2021), qui parmi d’autres points, exhorte les talibans à tenir leur promesse d’autoriser le départ « en toute sécurité » de toutes les personnes qui souhaitent quitter le pays. La MANUA et d’autres agences des Nations Unies devraient surveiller le respect par les talibans de cette résolution, et émettre des rapports publics à ce sujet.
Les pays membres des Nations Unies devraient s’assurer que les opérations d'aide humanitaire continuent d’être financées et que les organisations humanitaires ne soient confrontées à aucun obstacle juridique lié aux sanctions imposées au régime taliban, comme l’a souligné le Secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres le 31 août.
Lors d'une session extraordinaire du Conseil des droits de l'homme à Genève le 24 août, En août, la Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Michelle Bachelet, a affirmé qu'elle avait reçu des « informations crédibles » faisant état de graves violations des droits humains par les talibans, notamment des exécutions sommaires de civils et de membres des forces de sécurité afghanes qui s’étaient pourtant rendus. Des experts indépendants des droits de l'homme de l'ONU ont accusé les talibans de se livrer à des représailles contre des personnes qui avaient travaillé pour l'ancien gouvernement afghan, ou pour des gouvernements étrangers ou leurs forces armées.
Texte complet en anglais : en ligne ici.
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