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Intimidations et menaces contre un lanceur d’alerte congolais

L’activiste en exil Jean-Jacques Lumumba pris pour cible en Europe et à Kinshasa

Le lanceur d'alerte congolais Jean-Jacques Lumumba près de Paris, France, octobre 2019. © 2019 Thomas Samson/AFP/Getty Images

La semaine dernière, Jean-Jacques Lumumba, ancien banquier et lanceur d’alerte bien connu de la République démocratique du Congo, s’est senti suivi en se rendant à la gare principale de Bruxelles. Il maintient néanmoins son programme et prend un train pour rentrer à Paris, où il vit en exil. C’est à mi-parcours, alors qu’il s’apprêtait à changer de train à Lille, qu’il se rend compte que son sac, contenant ses deux ordinateurs portables, a disparu.

Lumumba s’était rendu à Bruxelles en tant que porte-parole d’une plateforme d’activistes congolais appelée « Congo Dynamique 2060 ». Lors d’une conférence de presse le 24 juillet, il avait notamment parlé de la lutte contre la corruption et l’impunité en RD Congo, de problèmes liés aux prochaines élections et de l’insécurité dans l’est du pays.

Quelques minutes après sa présentation, il recevait un appel téléphonique d’une source de confiance au sein de l’appareil sécuritaire congolais, l’avertissant qu’il pourrait être sous surveillance pendant son voyage.

Le 28 juillet, soit trois jours après la disparition du sac de Lumumba, la police a convoqué ses locataires à Kinshasa, la capitale congolaise, pour les interroger. Les policiers ont avancé que la maison qu’ils louaient, appartenant à Lumumba, avait été achetée avec des fonds illégaux et les ont menacé d’expulsion à moins qu’ils ne fournissent certains documents contenant des informations personnelles sur lui.

La voiture de Lumumba retrouvée incendiée en banlieue parisienne, France, le 30 juillet 2021. © 2021 Private

Deux jours plus tard, la voiture de Lumumba a été retrouvée calcinée sur son parking près de son domicile, en banlieue parisienne. Il a porté plainte auprès de la police.

Lumumba a été contraint à l’exil en 2016 après avoir été témoin d’actes répréhensibles lorsqu’il travaillait comme cadre d’une filiale congolaise de la banque BGFI. Il avait alors révélé un énorme scandale de corruption impliquant la famille du président de l’époque, Joseph Kabila, et ses proches collaborateurs. La mine de documents qu’il a divulgués, connus comme les « Lumumba Papers », a mis en évidence un système de corruption enracinée, de détournements de fonds publics, de financement illégal et de malversations.

« Ma femme et mes enfants sont choqués, ils ont peur », a déclaré Jean-Jacques Lumumba par téléphone à Human Rights Watch. Il reste pourtant déterminé à dénoncer la corruption et espère contribuer à en débarrasser la RD Congo. 

Cette nouvelle vague d’intimidations et de menaces à l’encontre de Lumumba, tant en Europe qu’à Kinshasa, est très préoccupante, non seulement pour Lumumba et ses proches, mais aussi pour tous ceux qui luttent contre la corruption en RD Congo. Les responsables qui cherchent à promouvoir l’état de droit en RD Congo devraient non seulement enquêter sur toutes les accusations de corruption, mais aussi sur ceux qui cherchent à dissuader les lanceurs d’alerte de parler.

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