L’arrestation et l’inculpation par les autorités maliennes d’un entraîneur accusé d’actes systémiques de harcèlement et agression sexuelle à l’égard de basketteuses adolescentes constitue un pas en avant important pour protéger des abus les sportives enfants et adultes, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui.
Suite à la publication, en juin 2021, d’un rapport sur des abus sexuels à l’encontre de l’équipe nationale féminine de basket des moins de 18 ans au Mali, le 26 juillet, les autorités judiciaires ont arrêté, inculpé et placé en détention l’entraîneur Amadou Bamba. Il attend d’être jugé pour « pédophilie, tentative de viol et attentat à la pudeur ».
« Sur fond d’ouverture des Jeux olympiques de Tokyo, le gouvernement du Mali a pris une mesure cruciale en suspendant un entraîneur de basket qui fait l’objet d’accusations crédibles d’agression sexuelle à l’encontre de basketteuses adolescentes », a déclaré Minky Worden, directrice des Initiatives mondiales au sein de Human Rights Watch. « Les dirigeants de la fédération de basket-ball étaient au courant des abus, ou auraient dû l’être, et ont failli à leur devoir de prendre soin des jeunes joueuses. »
Amadou Bamba, âgé de 51 ans, l’entraîneur principal de l’équipe nationale féminine de basket des moins de 18 ans, est suspecté d’avoir agressé ou harcelé sexuellement au moins trois joueuses, bloquant leur carrière si elles refusaient d’avoir des relations sexuelles avec lui, ont confié à Human Rights Watch des survivantes, des parents et des témoins.
Un rapport publié en juin par Human Rights Watch et sa lettre adressée à la Fédération internationale de basket-ball (FIBA), instance dirigeante du basket-ball mondial, ont mis en évidence une récurrence d’abus sexuels couverts par les dirigeants du basket-ball, permettant ainsi qu’ils se perpétuent.
Le 27 juillet, le gouvernement malien a publié un communiqué affirmant son engagement en faveur des droits des enfants, conformément à ses obligations découlant des traités internationaux, et prenant acte de l’arrestation d’Amadou Bamba et de la suspension par la FIBA de son président Hamane Niang, de nationalité malienne, ainsi que du président de la Fédération malienne de basket-ball, Harouna Maiga.
L’équipe féminine malienne des moins de 19 ans doit prendre part à la Coupe du monde de basket de la FIBA en Hongrie à partir du 7 août.
Des organisations de défense des droits humains font pression sur la FIBA pour qu’elle adopte des réformes, notamment pour veiller à ce que des représentants des femmes et des sportifs intègrent son équipe de direction, actuellement composée uniquement d’hommes.
Une lettre publiée le 29 juillet par la Sport and Rights Alliance, en association avec l’Association nationale des États-Unis des joueuses de basket-ball (WNBPA), affirmait que la FIBA devrait s’attaquer aux problèmes d’abus sexuel au Mali grâce à des réformes urgentes en matière de gouvernance. D’après l’Alliance, la FIBA devrait mettre en œuvre des protections pour les enfants en partant du sommet jusqu’à la base, notamment « la mise en place de réformes systémiques pour prévenir les abus et y répondre à l'avenir, une structure de gouvernance de la FIBA qui inclue les femmes à de hauts niveaux et garantisse qu’existent des mécanismes de dénonciation des abus aux niveaux national et mondial » et la garantie que toutes les joueuses « disposent d’une place à la table des négociations et aient une voix significative dans les décisions qui les concernent ».
Human Rights Watch a fait des recherches sur les abus subis par des enfants au sein des équipes nationales féminines de l’Afghanistan, du Japon, d’Haïti et du Mali, et passé des partenariats avec des sportif·ve·s, des parents et des entraîneur·se·s du Japon et d’autres pays du monde, en vue des Jeux de Tokyo, pour une campagne intitulée #AthletesAgainstAbuse visant à mettre fin aux abus, notamment sexuels, dans le monde du sport.
« L’équipe nationale féminine de basket du Mali est l’une des meilleures du monde », a conclu Minky Worden. « Non seulement les Malien·ne·s, mais les gens du monde entier devraient être profondément fiers de ces joueuses qui ont risqué leur carrière, leur santé mentale et leur sécurité pour dénoncer les abus afin de protéger la prochaine génération de sportives. Ce ne sont pas seulement des athlètes de haut niveau, mais aussi des héroïnes de la lutte mondiale contre les abus sexuels à l’égard des enfants. »
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