Les discours hypocrites sont fréquents aux Nations Unies. Les délégués de divers États y évoquent régulièrement les problèmes de leurs pays en imputant la faute à tous les acteurs externes, mais jamais ou rarement à leurs propres gouvernements. La Corée du Nord a récemment porté cette pratique à un nouveau niveau, lors d'un Forum politique de haut niveau (FPHN) concernant les objectifs de développement durable des Nations Unies.
Lors de la vidéoconférence de l’ONU, le représentant de la Corée du Nord a décrit son pays comme un « État socialiste centré sur le peuple », qui fournit des logements gratuits ainsi que des soins de santé universels, et atteint les objectifs de développement de l'ONU. Le processus du forum permet aux États de décider du format de leurs présentations. Ainsi, aucune question n'a été posée sur le recours systématique par le gouvernement nord-coréen au travail forcé, sur la pauvreté très répandue ou sur le rapport de l'ONU concernant la situation désastreuse des droits humains dans le pays. Les autorités nord-coréennes n'ont autorisé qu'un seul pays, Cuba, à poser des questions.
La réalité est que les Nord-Coréens qui construisent les logements soi-disant « gratuits » du pays ne sont pas payés. Beaucoup sont obligés de travailler temporairement sur des projets de construction, à moins qu'ils ne paient un pot-de-vin. Parmi les autres travailleurs figurent des détenus ou des personnes forcées de travailler sans salaire dans des brigades paramilitaires, durant des périodes pouvant aller jusqu'à 10 ans. Les matériaux de construction sont souvent fournis par des citoyens en tant que « gages de loyauté » à la demande du gouvernement, ou sont payés par les futurs propriétaires.
En ce qui concerne le « système de santé universel », plusieurs anciens agents de santé et patients nord-coréens ont signalé que la plupart des médecins, infirmières et autres agents de santé ne reçoivent aucun salaire du gouvernement : les patients les paient directement pour leurs services et achètent leurs propres médicaments et fournitures médicales.
Le gouvernement a reconnu la situation économique de plus en plus difficile du pays, mais l'a entièrement imputée aux « sanctions », aux « catastrophes naturelles » comme les typhons et inondations, et à la « crise sanitaire mondiale ».
Quel que soit l'impact d'autres facteurs, le gouvernement porte l’ultime responsabilité de la situation économique désastreuse du pays.
Si Pyongyang souhaite véritablement faire avancer ses objectifs de développement, un bon début serait d’élaborer – en consultation avec l'ONU et d'autres gouvernements - un programme de réformes économiques fondé sur le respect des droits humains fondamentaux.
Texte complet en anglais : en ligne ici.
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