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Gaza : Les restrictions imposées par Israël nuisent aux personnes handicapées

La négligence des autorités du Hamas et les épisodes de conflit armé aggravent aussi ces difficultés

(Gaza, le 3 décembre 2020) - Le bouclage de la bande de Gaza imposé par Israël depuis 13 ans, ainsi que la négligence des autorités du Hamas, rendent plus difficile la vie quotidienne de dizaines de milliers de Palestiniens handicapés, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui, à l’occasion de la Journée internationale des personnes handicapées. Les épisodes de conflit armé ont aussi aggravé les obstacles auxquels ces personnes sont confrontées, notamment le manque d'accessibilité aux espaces publics et la stigmatisation qu’elles doivent souvent subir.

Les restrictions considérables imposées par Israël à la circulation des personnes et des biens, parfois exacerbées par les mesures prises par les autorités palestiniennes, restreignent l'accès aux dispositifs d’aide, aux soins de santé et à l'électricité dont dépendent de nombreuses personnes handicapées. Les pannes de courant chroniques sont particulièrement préjudiciables pour les personnes handicapées qui doivent utiliser des équipements alimentés à l'électricité comme les ascenseurs ou scooters électriques, ou pour les personnes malentendantes qui ont besoin de lumière afin de pouvoir communiquer visuellement grâce à la langue des signes.

« Les restrictions imposées par Israël depuis plus d'une décennie limitent la possibilité pour les personnes handicapées à Gaza de se déplacer, et entravent leur accès à des appareils, à l'électricité et à la technologie dont elles ont besoin pour communiquer ou quitter leur domicile », a déclaré Emina Ćerimović, chercheuse senior auprès de la division Droits des personnes handicapées à Human Rights Watch. « Ces politiques, ainsi que l'incapacité des autorités du Hamas à améliorer les conditions d'accessibilité et à agir contre la stigmatisation, rendent la vie extrêmement difficile pour de nombreuses personnes handicapées à Gaza. »

Entre août 2018 et octobre 2020, Human Rights Watch a mené des entretiens avec 37 personnes directement concernées : des habitant.e.s de Gaza ayant des handicaps physiques, visuels et auditifs, ainsi que des membres des familles de six enfants et d'un adolescent de 18 ans handicapés. Human Rights Watch a également mené des entretiens avec des représentants de 31 organisations internationales et locales opérant à Gaza, un représentant d'une entreprise qui importe des appareils fonctionnels, ainsi qu’avec des autorités locales.

Deema Salha, une fillette de 11 ans atteinte de paralysie cérébrale, assise dans son fauteuil roulant chez elle, dans la bande de Gaza. Deema utilise un nébuliseur lorsqu'elle a du mal à respirer. Il s’agit d’un appareil électrique, donc les fréquentes coupures de courant risquent de nuire à sa santé. © 2020 Yousef Mashhrawi

Depuis 2007 et hormis de rares exceptions, Israël impose aux deux millions d’habitants palestiniens de la bande de Gaza, d’une superficie de 365 kilomètres carrés, une interdiction généralisée de voyager. Les autorités israéliennes ont également fortement restreint la possibilité d’importer ou d’exporter des marchandises. Le bouclage de Gaza par Israël, exacerbé par les restrictions à la frontière égyptienne, limite l’accès aux soins de santé, à l’eau potable et à l’électricité, et restreint aussi les opportunités dans le domaine de l’éducation ou sur le plan financier.

Selon les statistiques officielles du Bureau palestinien du recensement, environ 48 000 personnes à Gaza, soit environ 2,4 pour cent de la population, ont un handicap. Plus d'un cinquième de ces personnes sont des enfants. Selon un responsable du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) interrogé par Human Rights Watch, le chiffre réel serait beaucoup plus élevé.

En vertu du droit de l'occupation et du droit international des droits humains, Israël a l’obligation d'assurer des conditions de vie convenables pour la population de Gaza. Les Palestiniens devraient pouvoir bénéficier du droit à la liberté de circulation, notamment de quitter Gaza et d’y retourner ; ils devraient par exemple pouvoir se rendre en Cisjordanie et en revenir, sans entrave. Israël ne peut légalement restreindre ces droits qu’en réponse à des préoccupations sécuritaires concrètes et spécifiques.

Les autorités du Hamas exercent un contrôle interne à Gaza et ont donc également la responsabilité directe de protéger les droits des habitant.e.s, y compris des personnes handicapées.

La Convention relative aux droits des personnes handicapées, ratifiée par Israël en 2012 et par la Palestine en 2014, oblige les autorités israéliennes et palestiniennes à respecter et protéger les droits des personnes handicapées à Gaza. Il s’agit notamment du droit à la vie, à la non-discrimination, à la santé, à l'éducation inclusive, à la sécurité dans les situations à risque, et à la mobilité personnelle.

Les autorités israéliennes devraient mettre fin au bouclage de Gaza mis en place il y a 13 ans, selon Human Rights Watch. Les autorités du Hamas devraient améliorer les conditions d’accessibilité sur ce territoire et prendre des mesures pour lutter contre la discrimination et la stigmatisation.

Communiqué intégral en anglais : en ligne ici.

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