(Beyrouth, le 28 juin 2020) - Les forces de sécurité syriennes sont intervenues dans la ville de Sweida le 15 juin en battant et en arrêtant des personnes qui manifestaient contre l’absence de mesures gouvernementales efficaces face à l'effondrement économique du pays, a déclaré aujourd'hui Human Rights Watch. Le gouvernement syrien devrait immédiatement libérer toutes les personnes détenues simplement pour avoir manifesté de manière pacifique.
Les manifestations ont commencé le 7 juin, quand entre 50 et 100 personnes se sont rassemblées devant le centre du gouvernorat pour protester contre la détérioration des conditions de vie et la corruption. Depuis quelques mois, la Syrie traverse une crise économique marquée par l'effondrement de la monnaie syrienne, et la difficulté croissante pour les habitants d'acheter des produits de base. Le gouvernorat de Sweida est sous le contrôle du gouvernement syrien.
« Les gens manifestent parce qu'ils ont à peine les moyens d’acheter de quoi manger », a déclaré Sara Kayyali, chercheuse sur la Syrie à Human Rights Watch. « Au lieu de procéder à une violente répression et à des arrestations, le gouvernement devrait chercher à résoudre les problèmes ayant poussé les gens à sortir de nouveau dans la rue. »
Un activiste qui a participé aux manifestations a déclaré que les forces de sécurité en uniforme et les milices progouvernementales, communément appelées « shabiha », les avaient soudainement attaquées vers 11 h 30, le 15 juin. Il a précisé que la manifestation était pacifique.
Cet activiste et un témoin ont observé des membres des forces de sécurité vêtus d’uniformes de camouflage gris et bleu, armés de matraques et tenant des boucliers, ainsi que des membres de milices progouvernementales comme Kata'eb al- Baath, une milice affiliée au parti au pouvoir. D’autres témoins ont confirmé que malgré leurs tenues civiles, ces miliciens étaient identifiables grâce au brassards rouges qu’ils portaient.
Au moins neuf manifestants ont été arrêtés le 15 juin, selon des proches et des témoins. Ils auraient été emmenés à la prison civile de Sweida, dans un premier temps. Le 21 juin, un avocat d'une des familles a indiqué qu'un comité de sécurité à Sweida avait demandé le transfert de huit détenus à Damas, la neuvième personne devant comparaître devant un juge à Sweida.
Des proches des détenus transférés à Damas et des activistes ont exprimé leurs profonde préoccupation, quant au risque d’exécution ou de « disparition ». Human Rights Watch a précédemment documenté le recours à la torture, les mauvais traitements et parfois les exécutions extrajudiciaires de manifestants pacifiques en Syrie, y compris dans des centres gérés par les services de sécurité à Damas.
Communiqué complet en anglais : en ligne ici.
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#Syrie : Répression brutale d’une manifestation pacifique à #Sweida, liée à la crise économique. HRW a exprimé sa forte préoccupation au sujet des personnes #arrêtées, et appelle à leur libération. https://t.co/0ed6l3EREN
— HRW en français (@hrw_fr) June 28, 2020
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RT @pressfreedom sur le lancement par @PressClubDC d'une nouvelle campagne pour obtenir la libération du #photojournaliste Austin Tice, #détenu en #Syrie depuis août 2012, avant la fête américaine de #Thanksgiving.👉 https://t.co/yGHwGZT4wa #FreeAustinTice https://t.co/sXzLoNj07U pic.twitter.com/vbgUtFRQh1
— HRW en français (@hrw_fr) October 9, 2020