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Nouvelle évasion du chef de guerre Gédéon en RD Congo

Il faut l’arrêter tout en veillant au respect des droits humains

Vêtu d’un pull vert orné d'une photo du président Kabila, le chef de guerre Gédéon Kyungu Mutanga se rend aux autorités dans le sud de la République démocratique du Congo, avec une centaine de ses combattants, le 11 octobre 2016. © 2016 MONUSCO

Il y a une semaine, le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, donnait l’ordre d’arrêter un chef de guerre tristement célèbre et responsable d’atrocités dans la région du Katanga, dans le sud du pays. En effet, deux jours plus tôt, Gédéon Kyungu avait pris la fuite de sa résidence surveillée à Lubumbashi après que des dizaines de ses miliciens aient fait incursion dans la ville et dans d’autres localités de la région.

Gédéon – il est connu sous son prénom – n’aurait jamais dû bénéficier d’une simple assignation à résidence. Il s’était évadé de prison en 2011, deux ans après avoir été reconnu coupable de crimes contre l’humanité et condamné à mort. Lorsqu’il s’est rendu en 2016, le gouvernement du président de l’époque, Joseph Kabila, l’a placé en résidence surveillée au lieu de le renvoyer en prison.

Entre 2002 et 2006, Gédéon opérait dans le « triangle de la mort », zone alors redoutée tant les atrocités commises par ses miliciens étaient devenues monnaie courante. Ces derniers terrorisaient la population locale tout en luttant contre les troupes gouvernementales. Des centaines de civils ont été tués et quelque 150 000 autres ont été contraints de fuir leurs habitations. La réputation de Gédéon a notamment été scellée lorsque ses combattants torturaient à mort leurs victimes sur la place publique avant de se livrer à des actes de cannibalisme.

Le 28 mars, les hommes de Gédéon ont marché dans les rues de Lubumbashi et de cinq autres localités brandissant des fusils, couteaux et bâtons, et scandant des chants de guerre. Ils ont tué un policier à quelques kilomètres de Lubumbashi et blessé deux membres des forces de sécurité à Likasi. Des organisations de défense des droits humains congolaises ont dénoncé une réaction brutale de la part des forces de sécurité. Trente-et-un miliciens auraient été abattus, et des dizaines d’autres ont été arrêtés.

Quand les tirs ont cessé, Gédéon avait disparu.

Le ministre congolais des droits humains, André Lite, a appelé les forces de sécurité à respecter les droits humains et le droit international humanitaire. « Lorsqu’on travaille sous le drapeau, on ne peut pas se permettre certaines choses », a-t-il déclaré. Le ministre a également déclaré avoir vu « des choses horribles dans des vidéos qu’on ne peut accepter en aucune manière ». Le gouvernement et la commission nationale des droits de l’homme ont ouvert des enquêtes.

Gédéon devrait être arrêté et renvoyé en prison. Pour ce faire, les forces gouvernementales devraient agir dans le respect des lois et empêcher ainsi une nouvelle escalade de la violence dans la région.

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