(New York) - Face à la répression de plus en plus sévère du gouvernement de Chine continentale, une résistance sans précédent du peuple de Hong Kong s’est organisée et les critiques émises par plusieurs gouvernements étrangers se sont multipliées en 2019, alors même que le Parti communiste chinois fêtait le 70ème anniversaire de son arrivée au pouvoir, a déclaré aujourd’hui Human Rights Watch dans son Rapport mondial 2020.
Ce revers a été évident pendant les mois de manifestations dirigées contre les atteintes de Pékin aux libertés de Hong Kong, et à l’occasion des déclarations publiques de plusieurs pays critiquant l’oppression des musulmans turcophones au Xinjiang.
Dans l’édition 2020 de son Rapport mondial, la 30ème, qui compte 652 pages (version abrégée en français 153 pages), Human Rights Watch examine les pratiques en matière de droits humains dans près de 100 pays. Dans son essai introductif, le Directeur exécutif Kenneth Roth affirme que le gouvernement chinois, qui s'appuie sur la répression pour se maintenir au pouvoir, se livre à l'offensive la plus intense depuis des décennies contre le système mondial de protection des droits humains. Il explique que l’attitude de Pékin encourage les autocrates populistes à travers le monde et gagne leur soutien, et que les autorités chinoises utilisent leur puissance économique pour dissuader les autres gouvernements de les critiquer. Il est urgent de résister à cet assaut, qui menace plusieurs décennies de progrès en matière de droits humains, ainsi que notre avenir.
Le gouvernement chinois a continué à sévèrement réprimer les Ouïghours et les autres musulmans turcophones de la région du Xinjiang, au nord-ouest du pays. On estime qu’un million de musulmans sont détenus pour des durées indéterminées dans des camps « d’éducation politique » où on les oblige à renier leur identité et à jurer fidélité au Parti communiste. Les autorités ont également séparé de force des enfants dont les parents sont détenus ou exilés loin de leur famille et les maintiennent en détention dans des établissements publics de « protection de l’enfance » et des internats. Elles utilisent aussi des systèmes de surveillance de masse équipés des dernières technologies pour suivre les moindres faits et gestes des habitants de la région et contrôler leurs déplacements.
En avril 2019 à Hong Kong, un tribunal a condamné à 16 mois de prison pour nuisance publique Benny Tai et Chan Kin-man, deux universitaires leaders du « Mouvement des Parapluies » pro-démocratie de 2014. En juin, la colère suscitée par plusieurs projets de révision des lois qui auraient permis l’extradition de personnes soupçonnées d’infraction pénales vers la Chine continentale a fait descendre un million de personnes dans les rues. Le refus initial du gouvernement de Hong Kong de retirer le projet de loi et le recours excessif à la force de la part de la police ont provoqué une escalade de la contestation. Les autorités de Hong Kong ont à plusieurs reprises rejeté les appels en faveur d’une enquête indépendante sur des allégations d’exactions policières. Depuis le mois de juin, les autorités ont arrêté presque 7 000 personnes et refusé au moins 17 demandes d’autorisation de manifester.
Au Tibet, les autorités ont continué de sévèrement limiter les libertés d’expression, de réunion et de religion. De mai à juillet 2019, des milliers de moines et de nonnes auraient été expulsés d’un monastère du Sichuan et auraient vu leurs habitations démolies. En novembre, Yonten, un ancien moine bouddhiste, est devenu le 156ème Tibétain à mourir en s’immolant par le feu depuis mars 2009.
En 2019, les autorités ont continué à s’en prendre aux activistes des droits humains, aux journalistes et aux avocats. En juillet, deux mois après avoir été libéré de prison, l’activiste Ji Sizun est mort des suites de plusieurs maladies non identifiées. Son décès s’ajoute à la liste d’autres défenseurs des droits humains qui, ces dernières années, sont morts en détention ou peu après leur libération. Les tribunaux du Hubei et du Sichuan ont condamné deux activistes, Liu Feiyue et Huang Qi, respectivement à 5 et 12 ans de prison. Partout dans le pays, les autorités ont également arrêté des activistes et des internautes, dont le journaliste Huang Xueqin, pour avoir soutenu les manifestations à Hong Kong.
Les autorités ont intensifié leurs attaques contre la liberté d’expression. Dans tout le pays, la police a arrêté ou convoqué des centaines d’utilisateurs de Twitter, les forçant à supprimer des tweets critiques à l’égard du gouvernement ou à fermer leurs comptes. Le gouvernement a lancé une campagne de désinformation qualifiant les manifestants de Hong Kong de violents et d’extrêmes, ce qui a obligé Twitter et Facebook à suspendre plusieurs centaines de comptes chinois soupçonnés de participer à cette campagne.
Pékin a continué de museler les critiques venant de l’étranger en surveillant les étudiants chinois sur les campus universitaires, en harcelant les membres des familles installés en Chine, en censurant les plateformes des réseaux sociaux chinois populaires au sein de la diaspora et en profitant de l’influence économique de la Chine. En octobre, après que la manager d’une équipe de la National Basketball Association (NBA) a tweeté son soutien aux manifestations à Hong Kong, les autorités chinoises ont annulé la diffusion des matchs de NBA en Chine et ont exigé de la NBA qu’elle licencie ledit manager, sans obtenir satisfaction.
Plusieurs gouvernements ont été de plus en plus insistants dans leur dénonciation de la répression en Chine, notamment dans le cadre d’interventions sur le Xinjiang aux Nations Unies. En réponse, la Chine a chargé une coalition d’États notoirement connus pour leurs violations des droits de réfuter ces allégations. Le gouvernement américain a sanctionné 28 entités chinoises pour des abus commis au Xinjiang. Fort peu de gouvernements sont néanmoins allés plus loin que la rhétorique en prenant des mesures concrètes pour condamner les violations flagrantes des droits humains par Pékin.
« La politique du président Xi Jinping a été remise en cause par des protestations massives à Hong Kong et plusieurs déclarations conjointes aux Nations Unies », a déclaré Sophie Richardson, directrice pour la Chine à Human Rights Watch. « Les gouvernements et les institutions internationales devraient soutenir ceux qui défendent les droits humains en Chine et lutter contre les politiques répressives de Pékin ».
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Dans les médias
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Droits de l'Homme menacés : à quoi joue la #Chine ? https://t.co/eNe1TOimsS via @yahooactufr @Luciledscmps
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La Chine, « un Etat policier tentaculaire » https://t.co/ooRNn9uNJC
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Selon Human Rights Watch, la riposte de la Chine a «aggravé l’épidémie» https://t.co/1gzLY1gbDT pic.twitter.com/QjTnrUpZpW
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VIDÉO - Récent entretien (en anglais) à Amsterdam entre @Yaqiu, chercheuse @hrw sur la #Chine, et @KooyJan au sujet de la réponse du gouvernement chinois au #coronavirus et les répercussions en matière de #droitshumains. https://t.co/cPtapvnPMf #HRWeekend
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