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Le nouveau Bureau de la CADHP a l’occasion de faire progresser les droits en Afrique

La Commission africaine des droits de l’homme et des peuples devrait faire avancer les normes et les valeurs en matière de droits

Bannière de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples, visible lors de la 65ème session ordinaire de la CADHP à Banjul, en Gambie, en octobre 2019. On peut y lire la devise « notre responsabilité collective » dans les quatre langues de travail de la CADHP (anglais, français, portugais et arabe). © 2019 Privé

Une nouvelle équipe a pris cette semaine la direction de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP), à un moment crucial pour les droits humains sur le continent.

Le 21 octobre, à l’occasion du 33ème anniversaire de la ratification de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, la CADHP a élu à sa présidence un de ses membres, Solomon Ayele Dersso. Citoyen éthiopien, Solomon Dersso est un juriste reconnu et un expert des questions de démocratie et de gouvernance en Afrique. Le nouveau vice-président, également membre de la Commission, Rémy Ngoy Lumbu, de la République démocratique du Congo, est un professeur et un expert respecté des questions de justice internationale.

La présidente et le vice-président sortants, Soyata Maïga et Lawrence Muguru Mute, ont terminé leurs mandats en laissant un héritage de lutte en faveur des droits des femmes, des minorités et des personnes handicapées. 

Dersso et Lumbu ont tous deux joué un rôle clé dans l’avancement de la protection et de la promotion des droits humains sur le continent africain en vertu des dispositions de la Charte africaine. En tant que membre de la Commission et Point de contact pour l’Étude sur la justice transitionnelle publiée par la CADHP, Dersso a été déterminant dans la rédaction de la Politique de justice transitionnelle de l’Union africaine, un outil adopté par l'Assemblée de l'Union Africaine en février 2019 afin de régler la question des atrocités et des graves violations des droits humains commises dans le passé et de progresser vers des situations de paix durable et de réconciliation. De son côté, Lumbu s’est fait le champion des droits des défenseurs des droits humains, rédigeant le Compendium du droit de la protection des défenseurs des droits de l'homme en Afrique en sa capacité de Rapporteur spécial sur les défenseurs des droits humains et de Point de contact sur les représailles en Afrique.

Ces nominations surviennent à un moment délicat pour les droits humains sur le continent, alors que certains États membres de l’Union africaine ont récemment contesté les normes et les valeurs embrassées par la Charte africaine. Malgré l’insistance de la Charte sur « la liberté, l’égalité, la justice et la dignité », de nombreux États membres continuent de bafouer les normes établies en matière de droits humains, l’État de droit, ainsi que les droits aux libertés d’expression et d’association.

C’est aussi un moment où les citoyens ont de plus en plus tendance à descendre dans les rues, de Khartoum à Conakry, pour exiger le respect de leurs droits et la fin de l’impunité pour les abus passés et pour les actes répréhensibles de leurs gouvernements.

La nouvelle direction devrait saisir l’occasion de renforcer les normes et les valeurs en matière de droits humains en donnant, lors de son mandat, la priorité à la justice et à la responsabilisation. Cela aurait pour effet non seulement de démontrer son engagement en faveur des principes fondamentaux de la Charte, mais aussi de prodiguer aux victimes et aux survivants d’abus un soulagement longtemps attendu.  

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