(Jérusalem, le 12 juin 2019) - Les combats entre Israël et des groupes armés palestiniens à Gaza début mai 2019 ont été marqués par des attaques illégales commises par les deux camps, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui. Quinze civils palestiniens et quatre civils israéliens ont été tué lors des combats.
Quatre frappes aériennes israéliennes ont touché des sites qui ne semblaient pas être liés à un objectif militaire ou qui risquaient de causer une perte disproportionnée de vies de civils, en violation des lois de la guerre. Parmi les civils tués figuraient une femme palestinienne enceinte, un garçon de 11 ans et un bébé. Des groupes armés palestiniens ont tiré des roquettes non guidées vers des zones peuplées en Israël ; ces attaques indiscriminées étaient également illégales en vertu du droit international.
« Presque chaque nouvelle vague de combats à Gaza a de lourdes répercussions pour les civils, dont certains sont tués ou blessés », a déclaré Tom Porteous, directeur adjoint du programme à Human Rights Watch. « Les forces israéliennes ainsi que les groupes armés palestiniens mènent leurs attaques avec un mépris inquiétant pour la protection des civils. »
Human Rights Watch a interrogé 20 Palestiniens et Israéliens au sujet des récentes attaques : des survivants ou témoins d’attaques, des proches de personnes tuées et des habitants des zones ciblées. Human Rights Watch a également visité les lieux des frappes, examiné des fragments de munitions et analysé les déclarations de responsables israéliens et de groupes armés palestiniens.
Par ailleurs, l’organisation israélienne de défense des droits humains B’Tselem a également documenté les conséquences des hostilités de mai pour les civils à Gaza.
Les hostilités ont éclaté le 3 mai lorsque les forces de sécurité israéliennes ont tiré sur des manifestants palestiniens – dont la plupart n’étaient pas armés – qui s'étaient rassemblés près de la barrière séparant Gaza et Israël, tuant deux personnes. De telles manifestations sont récurrentes à Gaza, depuis plusieurs mois. Des groupes armés palestiniens ont riposté par des coups de feu, blessant deux soldats israéliens. Les forces israéliennes ont ensuite mené une frappe aérienne contre un poste militaire du Hamas, tuant deux combattants. Ces événements ont été suivis par des tirs de roquettes contre Israël par un groupe armé palestinien, et par des frappes aériennes menées durant trois jours par les forces de défense israéliennes.
L'armée israélienne a indiqué avoir frappé « 350 cibles terroristes du Hamas et du JIP (Jihad islamique palestinien) » entre le 4 et le 6 mai, y compris des sites de lancement ou de fabrication de roquettes, des centres de commandement du Hamas, des entrepôts d'armes, ainsi qu’un centre présumé de cyber-attaques. L’armée a également reconnu avoir ciblé près de 30 domiciles de personnes suspectées d’« activités terroristes », ajoutant que certaines cibles avaient été « délibérément dissimulées dans des zones civiles densément peuplées ».
Les frappes israéliennes ont tué 25 Palestiniens et en ont blessé 153 autres. Human Rights Watch a enquêté sur quatre frappes aériennes menées le 5 mai qui ont tué 13 civils : dix personnes dans leurs domiciles, deux autre qui étaient assises dans un café, et un enseignant sur son lieu de travail. L'armée israélienne a également tué 12 combattants palestiniens. Une coalition d'organisations humanitaires internationales a par ailleurs signalé la destruction de 33 unités de logement à Gaza, laissant 327 personnes sans abri, tandis que 700 autres unités de logement ont été en partie endommagées.
Les groupes armés palestiniens ont lancé 690 roquettes non guidées vers les centres de population israéliens, selon l'armée israélienne. Ces frappes ont tué trois Israéliens et ont blessé 123 personnes. Un missile guidé par tank a tué une quatrième personne. En outre, une roquette palestinienne qui a atterri à Gaza était probablement à l'origine de la mort d'une mère palestinienne enceinte, et d'un bébé de 14 mois.
Israël et le Hamas, en tant qu’autorité de Gaza, ont l’obligation d’enquêter sur toute allégation de violations graves du droit de la guerre. Or, dans le passé, ni les autorités israéliennes ni les autorités palestiniennes n’ont agi de manière adéquate pour enquêter sur les crimes de guerre présumés et mettre fin à l’impunité. Ces manquements mettent en lumière l’importance d’une saisine de la Cour pénale internationale (CPI), afin que la Procureure ouvre une enquête formelle sur la situation en Palestine.
Communiqué complet en anglais :
www.hrw.org/news/2019/06/12/gaza-unlawful-attacks-may-fighting
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#Gaza : Les forces israéliennes ainsi que palestiniennes ont mené en mai des attaques illégales ayant tué des civils. Il faut mettre fin à l'impunité. https://t.co/hSEmvSASzE
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À #Gaza, les conditions sont devenues encore plus opprimantes dans le contexte du #coronavirus, selon @abier_i @hrw. Elle ajoute que ceci renforce sa volonté de poursuivre son travail en faveur des droits des Palestiniens. https://t.co/kNLpLzFIUq via @MiddleEastEye
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