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(Beyrouth) – Des droits humains fondamentaux, et plus particulièrement le droit à la liberté d’expression, ont été bafoués en Iran en 2016, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui dans son Rapport mondial 2017 (version abrégée en français). Des organismes non élus comme le Conseil des Gardiens et le pouvoir judiciaire ont sapé les efforts limités qu’un certain nombre de responsables du gouvernement et de membres du Parlement ont déployé pour défendre les droits des citoyens, outrepassant régulièrement les limites de leurs mandats en commettant ces violations.

L’appareil de sécurité iranien, en particulier l’unité de renseignement du Corps de la Garde révolutionnaire, ainsi que le pouvoir judiciaire ont réprimé des citoyens qui cherchaient à exercer leurs droits. Les factions dures ont été à l’origine de l’arrestation de plusieurs journalistes iraniens possédant la double nationalité, les accusant sans preuves de faire partie d’un soi-disant « réseau d’infiltration » qui serait dirigé par l’Occident pour influencer le pays et ses valeurs fondamentales. Des dizaines d’autres activistes, défenseurs des droits humains et utilisateurs des réseaux sociaux, ont été arrêtés pour avoir exprimé leurs différences d’opinion de manière pacifique, en particulier sur les médias sociaux. Des peines de prison de plus en plus sévères, dépassant 10 ans dans certains cas, ont été prononcées par les tribunaux révolutionnaires contre ces activistes.

Le président iranien Hassan Rohani passe devant une garde d'honneur lors de son arrivée à Bangkok au début d'une visite officielle en Thaïlande, le 9 octobre 2016.  © 2016 Athit Perawongmetha/Reuters

« Contrairement à leur objectif déclaré de rendre la justice, les forces de sécurité et le pouvoir judiciaire sont devenus les principaux obstacles à la justice en Iran », a déclaré Sarah Leah Whitson, directrice exécutive de la division Moyen-Orient à Human Rights Watch. « Saper les libertés fondamentales des citoyens et ignorer leurs protections juridiques révèle le manque de confiance de ces organismes dans leur capacité à gouverner avec légitimité. »

Dans cette 27e édition annuelle de son Rapport mondial (version intégrale en anglais de 687 pages, version abrégée en français de 247 pages), Human Rights Watch examine les pratiques en matière de droits humains dans plus de 90 pays. Dans son introduction, le Directeur exécutif, Kenneth Roth, explique qu'une nouvelle génération de populistes autoritaires cherche à infirmer le concept d'une protection individuelle basée sur les droits humains, en caractérisant ces droits comme une entrave à la volonté de la majorité. Pour toutes les personnes qui se sentent laissées de côté par l'économie mondialisée et qui craignent de plus en plus d'être exposées à des violences et à des crimes, les organisations de la société civile, les médias et le public ont des rôles essentiels à jouer en réaffirmant la validité des valeurs sur lesquelles les démocraties respectueuses des droits humains ont été édifiées.

Malgré un ralentissement des exécutions pendant les premiers mois de l’année 2016, les autorités avaient exécuté 203 personnes au 25 octobre 2016 selon des sources officielles. Plusieurs groupes de défense des droits estiment néanmoins que ce chiffre pourrait atteindre 400 personnes. Les propositions présentées au Parlement en décembre 2015 pour mettre fin à la peine de mort pour les infractions non violentes relatives aux drogues n’ont pas abouti. Le 23 novembre 2016, une nouvelle proposition de loi a été présentée par des députés pour simplement limiter le recours à la peine de mort pour les infractions non violentes relatives aux drogues.

Le 2 août, l’Iran a exécuté au moins 20 membres présumés d’un groupe considéré par les autorités comme une organisation terroriste, suite à des accusations d’« hostilité envers Dieu ». Plusieurs groupes de défense des droits pensent que ces personnes faisaient partie d’un groupe de 33 Kurdes sunnites arrêtés en 2009 et 2010 et condamnés à mort lors de procès entachés d’irrégularités, après avoir été victimes de mauvais traitements et de torture en détention.

Les femmes iraniennes se heurtent à des discriminations en ce qui concerne leur statut personnel dans les affaires de mariage, de divorce, d’héritage et de garde des enfants. Le 31 juillet 2016, le président Rouhani a suspendu l’examen d’embauche dans les emplois du secteur public afin d’enquêter sur d’apparentes discriminations contre les femmes sur le marché du travail.

Le gouvernement limite les libertés religieuses et refuse aux Baha’is le droit de pratiquer leur religion. Le gouvernement restreint aussi les activités culturelles et politiques des minorités azerbaïdjanaise, kurde, arabe et baloutche du pays. En août, les participants aux examens d’entrée nationaux des universités en Iran ont cependant été autorisés à choisir les langues kurde et turque comme matière principale au baccalauréat.

En 2016, de nombreux activistes et défenseurs des droits humains, dont Narges Mohammadi, Mohammad Seddigh Kaboudvand et Abdolfatah Soltani, sont restés derrière les barreaux. Les personnalités de l’opposition Mir-Hossein Mousavi, Zahra Rahnavard et Mehdi Karroubi sont en résidence surveillée depuis février 2011, sans avoir été inculpés ou jugés.

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