Les décisions récentes de l'Afrique du Sud, du Burundi et de la Gambie de quitter la Cour pénale internationale (CPI) suscitent beaucoup d'attention et de spéculation sur un exode massif de la Cour par les pays africains. Mais vous croyiez que la position de l'Afrique est claire en ce qui concerne la CPI ? Détrompez-vous. Un nombre croissant de gouvernements africains se sont prononcés la semaine dernière contre le retrait :
Le président de Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, a déclaré dans une interview sur une station de radio locale le 1er novembre que son pays n’a pas l’intention de quitter la CPI.
Le Nigeria a fait une déclaration forte en faveur de la CPI devant l'Assemblée générale des Nations Unies le 31 octobre, affirmant « l'engagement continu du Nigéria à soutenir et à coopérer avec la Cour ».
Le Sénégal, au cours de l'Assemblée générale des Nations Unies le 31 octobre, « [a] invité tous les États parties à apporter toute l'assistance et la coopération nécessaires à la Cour ».
Le porte-parole du gouvernement de Sierra Leone, Ajibu Tejan Jalloh, a fait les manchettes locales le 28 octobre en affirmant que le pays ne quittera pas la CPI et que la Sierra Leone est « engagée pour la paix et la justice dans notre pays ».
Le ministre des Affaires étrangères du Malawi, Francis Kasaila, a déclaré le 28 octobre : « Le Malawi ne sera pas contraint de quitter la CPI par ses voisins ».
La Tanzanie a affirmé dans sa déclaration à l'Assemblée générale de l'ONU le 31 octobre que l'établissement de la CPI « est devenu une inspiration contre l'impunité et l'injustice. La promesse et l'espoir sont encore pertinents de nos jours, si ce n’est plus urgents ».
Le vice-président de la Zambie, Inonge Wina, a déclaré au parlement zambien le 28 octobre que « le statut de l'appartenance de la Zambie » à la CPI n'a pas changé.
Le 25 octobre, le Botswana a publié une déclaration détaillée soutenant la CPI, et le 26 octobre, le ministre des Affaires étrangères, Pelomoni Venson-Moitoi, a ajouté : « Le retrait [de la CPI] n'est pas la solution. Nous devrions essayer d’améliorer » la Cour.
Des personnalités africaines et des militants africains de premier plan ont également lancé un appel énergique pour que les pays africains restent au sein de la CPI et que les pays qui se retirent reconsidèrent leur position.
Le Groupe africain pour la justice et la responsabilisation — qui comprend l'ancienne présidente de la République centrafricaine, Catherine Samba-Panza, l'ancienne haut-commissaire des droits de l'homme des Nations unies, Navi Pillay, et l'ancien juge de la Cour constitutionnelle sud-africaine, Richard Goldstone — a appelé tous les États envisageant le retrait à « revenir sur leur décision et à réaffirmer leur engagement au Statut de Rome » de la CPI.
The Elders – un groupe d’ « anciens » dont l'ancien Secrétaire général des Nations Unies Kofi Annan, l'archevêque émérite du Cap et lauréat du prix Nobel de la paix Desmond Tutu, ainsi que l'avocate internationale pour les droits des femmes et des enfants Graça Machel, – ont appelé les pays qui envisagent le retrait « à changer de direction et au lieu de cela, à lutter pour une réforme tant nécessaire de l'intérieur, en tant que membres ».
Vingt-quatre organisations africaines et internationales ont publié le 22 octobre une déclaration qualifiant le retrait de l'Afrique du Sud d’« affront aux victimes » et exhortant les pays qui croient aux droits des victimes à affirmer leur soutien à la CPI. La Coalition mondiale pour la CPI a également publié une déclaration le 21 octobre présentant des militants sud-africains qui s'opposent fermement au retrait. Une déclaration de la société civile mondiale approuvée par les organisations africaines d'au moins 16 pays le 27 octobre a affirmé que « le retrait constitue une menace pour l'un des plus grands progrès de la justice du XXIe siècle ». Les organisations de la société civile africaine — notamment la Commission internationale des juristes – Kenya, la Coalition du Mali pour la CPI et le Southern Africa Litigation Centre — ont publié des déclarations individuelles contre le retrait.
La CPI a le potentiel de rendre justice aux victimes des crimes les plus graves au monde lorsque les tribunaux nationaux ne peuvent ou ne veulent pas mener des poursuites. La CPI n'est pas parfaite et sa portée doit être élargie. Mais la CPI reste un tribunal mondial de dernier recours.
Pour en savoir plus sur l'Afrique et la CPI, veuillez visionner une vidéo présentant 12 activistes africains, qui a été diffusée avant le Sommet de l'Union africaine en juillet.