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ONU : Il faut suspendre l’Arabie saoudite du Conseil des droits de l’homme

Des violations « flagrantes et systématiques » commises au Yémen menacent la crédibilité du Conseil

(New York) – L’Assemblée générale des Nations Unies devrait suspendre immédiatement les droits d’adhésion de l’Arabie saoudite au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, ont déclaré Human Rights Watch et Amnesty International aujourd’hui. Une majorité aux deux-tiers de l’Assemblée générale peut ôter le titre de membre à n’importe quel membre du Conseil des droits de l’homme commettant des « violations flagrantes et systématiques des droits humains ».

À la tête de la coalition composée de neuf pays ayant lancé des opérations militaires contre les Houthis au Yémen le 26 mars 2015, l’Arabie saoudite a été impliquée dans de nombreuses violations du droit international humanitaire. Human Rights Watch et Amnesty International ont répertorié 69 frappes aériennes illégales orchestrées par la coalition, dont certaines pourraient s’apparenter à des crimes de guerre ; elles ont tué au moins 913 civils et ont touché des maisons, des marchés, des hôpitaux, des écoles, des entreprises civiles et des mosquées. Les deux organisations ont également fait état de 19 attaques impliquant des armes à sous-munitions interdites par le droit international, y compris dans des zones civiles. L’Arabie saoudite devrait être suspendue du Conseil des droits de l’homme tant qu’elle n’aura pas mis fin aux attaques illégales au Yémen et mené des enquêtes crédibles conformes aux normes internationales ou accepté de coopérer avec une enquête internationale indépendante.


« L’Arabie saoudite a accumulé un palmarès épouvantable de violations au Yémen alors qu’elle était membre du Conseil des droits de l’homme, et a ainsi nui à la crédibilité de cet organe en faisant usage de harcèlement pour éviter de devoir rendre des comptes », a déclaré Philippe Bolopion, directeur adjoint du plaidoyer au niveau mondial à Human Rights Watch. « Les pays membres des Nations Unies devraient soutenir les civils yéménites et suspendre immédiatement l’Arabie saoudite. »

Les institutions onusiennes ont dénoncé à maintes reprises les violations commises par la coalition menée par l’Arabie saoudite, ainsi que par les forces houthistes et leurs alliés. En 2015, le Secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon a reconnu la coalition responsable de 60 % des morts et des blessures d’enfants enregistrées et de presque la moitié des 101 attaques menées contre des écoles et des hôpitaux. En mars, le Haut-commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Zeid Ra’ad Al Hussein, a affirmé que la coalition était responsable de deux fois plus de victimes civiles que toutes les autres forces réunies.

Plus tôt dans l’année 2016, Human Rights Watch et Amnesty International ont appelé les États-Unis, le Royaume-Uni et la France à suspendre toute vente d’armes à destination de l’Arabie saoudite tant que ce pays ne met pas fin à ses frappes aériennes illégales au Yémen et n’enquête pas de façon crédible sur les allégations de violations.

L’Arabie saoudite a résisté fermement à toutes les mesures les obligeant à s’expliquer, ont déclaré les deux organisations. Après avoir menacé de retirer son financement de programmes cruciaux des Nations Unies, l’Arabie saoudite a obligé en juin le Secrétaire général des Nations Unies à retirer la coalition de sa « liste de la honte », dans laquelle le pays avait été inscrit pour avoir tué et mutilé des enfants et attaqué des écoles et des hôpitaux au Yémen. En 2015, l’Arabie saoudite a usé de son statut de membre au Conseil des droits de l’homme, avec l’aide de ses alliés, pour entraver la création d’une enquête indépendante internationale sur les allégations de violations commises par l’ensemble des parties. Ni l’Arabie saoudite ni une commission d’enquête yéménite nationale n’ont mené d’enquêtes crédibles sur les attaques de la coalition qui pourraient constituer des violations des lois de la guerre. Autoriser l’Arabie saoudite à faire obstacle à un examen indépendant et à éviter de rendre des comptes menace la crédibilité du Conseil des droits de l’homme et de l’Assemblée générale, ont affirmé Human Rights Watch et Amnesty International.

Le vice-prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed bin Salman, aux côtés du Secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon au siège de l'ONU à New York, le 22 juin 2016.   © 2016 Reuters


Depuis l’adhésion de l’Arabie saoudite au Conseil des droits de l’homme en janvier 2014,  la répression contre toutes formes de contestation au niveau national a continué sans relâche, le nombre d’exécutions a fortement augmenté et la discrimination contre les femmes et la communauté minoritaire chiite saoudienne reste systématique et persistante.

« Au moment où le Conseil des droits de l’homme célèbre son dixième anniversaire, il devrait se réengager à rendre des comptes, en interdisant aux pays responsables d’abus flagrants et systématiques de rester membres », a affirmé Philippe Bolopion. « L’incapacité de l’Assemblée générale à suspendre l’Arabie saoudite pourrait nuire gravement à la crédibilité du Conseil des droits de l’homme. »
 

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