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L'inculpation pour meurtre de Michael Slager, le policier de Caroline du Sud qui a tué par balles Walter Scott, 50 ans, le 4 avril, est inhabituelle. Entre 2005 et 2011, seuls 41 policiers ont été inculpés de meurtre ou d'homicide aux États-Unis. Les chiffres du FBI, qui sous-estiment de manière notoire le nombre de décès impliquant la responsabilité de la police, font état de 2718 [2 718] homicides « justifiables » commis par la police au cours de la même période.

L'inculpation de Michael Schlager n'a eu lieu qu'après qu'un témoin ait diffusé une vidéo explicite filmée avec son téléphone portable, qui montre Michael Slager tirer huit fois alors que Walter Scott était en train de s'enfuir. Slager avait interpellé Scott pour un feu de freinage cassé sur sa Mercedes.

Avant la diffusion de cette vidéo, Michael Slager avait prétendu que Walter Scott avait violemment tenté de s'emparer de son Taser, et qu'il s'était « senti menacé ». Des déclarations similaires avaient suivi les décès provoqués par des policiers d'Eric Garner en juillet dernier, de Michael Brown en août, et de Tamir Rice en novembre.

Selon les Principes de base des Nations Unies sur le recours à la force et l'utilisation des armes à feu par les responsables de l'application des lois, ceux-ci n’ont le droit de recourir « intentionnellement à l'usage meurtrier d'armes à feu que si cela est absolument inévitable pour protéger des vies humaines ». Aux États-Unis, les affaires impliquant le recours à la force par des policiers sont régies par la jurisprudence Tennessee v. Garner et celles qui ont suivi, qui autorisent l'usage par la police de la force létale quand il existe « des causes probables permettant de penser que le suspect représente une menace significative, pouvant provoquer la mort du policier ou d'autres personnes, ou de graves atteintes physiques », du point de vue d'un « policier raisonnable ».

Au final, pourtant, de nombreuses personnes aux États-Unis – et en particulier les Afro-américains –  ont le sentiment que  les policiers qui abattent des personnes issues de minorité sont rarement tenus responsables. Un sondage récemment réalisé par Gallup montrait que les Noirs américains ont moins confiance en la police que les Blancs.

Le problème est complexe, compte tenu des  18 000 agences de maintien de l'ordre aux États-Unis, dont chacune suit ses propres procédures pour traiter les allégations de fautes commises par des policiers. Au niveau national, les États-Unis ne sont toujours pas capables de comptabiliser précisément le nombre de personnes tuées par la police. Deux rapports ont été publiés à ce jour par le Ministère de la Justice sur l’incident de Ferguson. Un rapport du Bureau des statistiques judiciaires traite de la difficulté d'obtenir des données fiables, et un rapport préliminaire du Groupe de travail du Président sur la Police au XXIème siècle présente 62 recommandations concrètes.

Quant à la mort de Walter Scott, la perspective d'un procès équitable de Michael Slager suscite de l'espoir. Mais une question demeure : où en serions-nous s'il n'y avait pas eu ce témoin et la vidéo filmée avec son téléphone portable ?

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