(Goma) – Les autorités de la République démocratique du Congo (RD Congo) devraient intensifier leurs efforts pour arrêter et traduire en justice un commandant rebelle dont les troupes ont commis des meurtres d'une grande brutalité, des viols massifs, des mutilations et des enlèvements d'enfants dans l'est de la RD Congo.
Le 6 janvier 2011, les autorités judiciaires congolaises ont émis un mandat d'arrêt pour crimes contre l'humanité à l'encontre d'un chef de milice Maï Maï, Ntabo Ntaberi Sheka, pour sa responsabilité dans des viols massifs, mais il est toujours en fuite. Human Rights Watch publie aujourd'hui de nouvelles informations concernant de graves crimes commis par les combattants de Sheka depuis l'émission du mandat d'arrêt il y a quatre ans.
« Un simple mandat d'arrêt ne suffira pas à contraindre un chef rebelle comme Sheka à cesser de commettre des atrocités – les autorités congolaises doivent le traduire en justice », a déclaré Ida Sawyer, chercheuse senior sur la RD Congo à Human Rights Watch. « L'armée congolaise et les troupes de maintien de la paix des Nations Unies devraient redoubler d'efforts pour l'arrêter avant que davantage de civils ne soient victimes de ses crimes. »
En juillet 2014, l'armée congolaise et la mission de maintien de la paix de l'ONU en RD Congo, la MONUSCO, ont commencé des opérations militaires contre le groupe armé commandé par Sheka dans le territoire de Walikale, dans la province du Nord-Kivu. Selon des responsables, l'un des objectifs de ces opérations était d'arrêter Sheka, mais les opérations ont été rendues difficiles par l’isolement de Walikale – un territoire dont la superficie avoisine celle du Rwanda, et où n'existent que peu de routes.
Depuis l'émission du mandat d'arrêt à l'encontre de Sheka, Human Rights Watch a constaté que ses forces ont tué au moins 70 civils, dont beaucoup ont été massacrés à coups de machettes. Dans certains cas, les combattants de Sheka ont mutilé les cadavres de leurs victimes et en ont ensuite exhibé des partie sevrées lors de défilés à travers la ville, en scandant des insultes à caractère ethnique. Lors de beaucoup de ces attaques, les combattants de Sheka ont ligoté des hommes et des femmes, puis les ont torturés à l'aide de couteaux et de machettes, selon les témoignages de victimes ou d'anciens combattants de Sheka et selon l'examen de photos des victimes.
Les forces de Sheka ont violé des femmes et des filles, et ont recruté de force de nombreux jeunes hommes et garçons pour les intégrer dans leurs rangs. Ceux qui étaient attrapés lorsqu’ils tentaient de s'échapper étaient exécutés. Quelques parents, qui avaient marché pendant des jours jusqu'aux positions militaires de Sheka pour le supplier de libérer leurs fils ou leurs filles, ont été battus afin qu'ils soient intimidés et ne reviennent pas.
Plusieurs des pires exactions ont été commises aux abords ou dans la ville de Pinga, située à un emplacement stratégique à la limite entre les territoires de Walikale et Masisi, entre août 2012 et novembre 2013. Quand les forces de Sheka ont fui Pinga en novembre 2013, elles ont emmené des dizaines de femmes et de filles dans les forêts de Walikale, et beaucoup d'entre elles sont encore retenues en otages comme esclaves sexuelles.
Les conclusions de Human Rights Watch sont basées sur des observations faites à l'occasion de huit missions de recherche dans les territoires de Masisi et Walikale entre juillet 2013 et août 2014, et sur des entretiens avec plus de 100 personnes – des victimes et témoins d'attaques, des anciens combattants de Sheka, et d'autres personnes.
Ntabo Ntaberi Sheka est un ancien négociant en minerais originaire du territoire de Walikale et appartenant à l'ethnie Nyanga, qui a formé en 2009 un groupe armé dénommé Nduma Defense of Congo (NDC), prétendument pour « promouvoir le développement » dans le territoire de Walikale et pour « libérer les mines » situées sur ce territoire en les soustrayant au contrôle du gouvernement.
Les Nations Unies ont rapporté que du 30 juillet au 2 août 2010, le NDC et deux autres groupes armés ont violé au moins 387 civils – 300 femmes, 23 hommes, 55 filles et 9 garçons – dans 13 villages situés le long de la route reliant les localités de Kibua et Mpofi, dans le territoire de Walikale. L'ONU a désigné Sheka comme l'un des chefs qui portaient la responsabilité du commandement dans ces viols massifs. C'est à la suite d'une enquête des autorités congolaises sur cet incident que la justice congolaise a émis son mandat d'arrêt à l'encontre de Sheka.
En novembre 2011, le Conseil de sécurité de l'ONU a ajouté le nom de Sheka à la liste des personnes frappées de sanctions par l'ONU, gelant ses avoirs financiers et lui imposant une interdiction de voyager à l'étranger.
En juillet 2011, les autorités judiciaires congolaises, avec l’appui des responsables du maintien de la paix de l'ONU, ont tenté d'arrêter Sheka à Goma, dans le Nord-Kivu, où il s'était rendu pour recevoir des soins médicaux. Mais il s'est échappé, averti semble-t-il par un membre de l’armée congolaise qui avait une étroite relation de travail avec lui. En novembre 2011, Sheka et ses combattants ont défilé au grand jour dans les rues de Walikale. Un officier supérieur de l’armée congolaise a reçu des ordres d'arrêter Sheka mais, avant qu'il ait pu se mobiliser, ce dernier a de nouveau été averti et a pu s'enfuir.
Depuis lors, des représentants du gouvernement et de l'ONU ont rencontré Sheka à Walikale à trois reprises, en septembre et novembre 2013 et en avril 2014, pour entendre ses exigences et pour l'encourager à se rendre. Ils n'ont toutefois pas tenté de l'arrêter à l'occasion de ces rencontres, et des responsables ont affirmé par la suite que cela aurait été trop dangereux.
Le 6 novembre 2013 – peu après que l'armée et les forces de l'ONU eurent vaincu le groupe armé M23 soutenu par le Rwanda, auquel Sheka était allié – Sheka a adressé au gouvernement congolais une lettre contenant une liste d'exigences, parmi lesquelles l'amnistie pour lui et tous ses hommes, leur intégration dans les rangs de l'armée ou de la police avec les grades qu'ils , s’étaient eux-mêmes attribués, ainsi que l'annulation de toutes les procédures judiciaires nationales et internationales engagées à leur encontre.
Fin novembre 2013, Sheka a feint de procéder à un désarmement en envoyant 140 personnes, dont 15 enfants, se rendre aux Casques bleus de l'ONU avec 12 armes, dont aucune n'était en état de marche, selon d'anciens combattants de NDC et des responsables de l'ONU. Des proches du NDC et des officiels des Nations Unies ont affirmé que seules quelques-unes de ces 140 personnes étaient réellement des combattants de Sheka; les autres étant des civils auxquels Sheka avait promis de l'argent s'ils se rendaient en tant qu'« ex-combattants ».
Sheka a effectué plusieurs retournements d'alliances avec d'autres groupes armés actifs dans l'est de la RD Congo et a bénéficié du soutien financier et logistique d'officiers de l'armée congolaise et de responsables rwandais à des moments divers, selon des déclarations faites par d'anciens combattants du NDC, selon les propres affirmations publiques de Sheka et selon le Groupe d'experts de l'ONU chargé de surveiller l'application des sanctions dans l'est de la RD Congo. La capacité de Sheka à trouver de nouveaux soutiens et à changer d'alliances lui a permis de se procurer de nouveaux combattants, de s'enrichir et d'éviter d'être arrêté.
L'ONU, le gouvernement congolais et les alliés de la RD Congo devraient enquêter sur les sources qui fournissent un appui à Sheka et à ses forces, agir pour y mettre fin et sanctionner de manière appropriée les responsables.
« Des milliers de civils vivant dans l'est de la RD Congo ont été affectés par les exactions de Sheka, et beaucoup continuent de craindre la prochaine attaque par ses forces », a affirmé Ida Sawyer. « Le gouvernement congolais et ses partenaires internationaux devraient redoubler d'efforts pour arrêter Sheka et s'assurer que tout soutien à ses miliciens criminels cesse immédiatement. »
Exactions commises par les combattants de Sheka et témoignages de victimes
Parmi les exactions les plus graves commises par les forces de Sheka ces dernières années, beaucoup l'ont été aux environs ou dans la ville de Pinga, dont ses combattants ont pris le contrôle à la fin d'août 2012. Le 3 septembre, ses hommes ont décapité un conducteur de taxi-moto nommé Kasereka et appartenant à l'ethnie Hunde. Ils ont fixé la tête de Kasereka au bout d'une lance, qu’ils ont brandie à travers la ville en chantant: « Ils n'ont pas de médicaments, les Hunde, nous allons les exterminer », une raillerie sous-entendant que les Hunde n'avaient pas de guérisseur traditionnel assez puissant pour les protéger. Presque tous les Hunde de Pinga se sont alors enfuis dans les forêts voisines, avant de se diriger vers d’autres villages.
Un agriculteur âgé de 42 ans a déclaré à Human Rights Watch qu'alors qu'il était à son domicile de Nkassa, un quartier de Pinga, en juin 2013, un groupe de 25 à 30 combattants de Sheka est arrivé dans le quartier après avoir livré bataille contre d'autres groupes armés dans un village voisin. « L'un des combattants tenait à la main une partie sevrée de bras humain », a-t-il dit. « Le combattant marchait, léchant le sang qui coulait du morceau de bras. Il a crié: ‘La chair d'un Hunde est goûtable à manger.’»
En juin 2013, six combattants de Sheka ont interpellé un groupe de civils à Pinga, affirmant qu'ils voulaient leur vendre du chou. Quand ils ont ouvert leur sac, les civils ont vu les têtes de trois personnes qui avaient été décapitées.
En septembre 2013, les combattants de Sheka ont coupé la tête et les appareils génitaux de trois personnes, qu'ils ont placés dans un sac, avant de parader dans les rues de Pinga « brandissant ces têtes et ces organes devant la population », en scandant des insultes à caractère ethnique.
Le 25 septembre 2013, des combattants de Sheka ont tué 11 civils à Hinduka, un campement forestier près du village de Binyungunyungu. Des photos obtenues par Human Rights Watch montrent que les cadavres des victimes présentent sur la tête et sur le corps des blessures infligées à coups de machettes.
Une grand-mère hunde, qui a survécu à l'attaque, a déclaré à Human Rights Watch qu'elle s'était échappée alors que les combattants étaient occupés à compter l'argent qu'ils venaient de lui voler. Elle s'est cachée dans la forêt et a entendu des coups de feu provenant du campement d'Hinduka. Quand elle y est retournée le lendemain, elle a constaté que sa fille aînée avait été tuée d'une balle dans la tête et que le bébé de celle-ci, âgé de 6 mois, avait reçu de multiples coups de couteau à la poitrine, à la tête, dans le dos et dans les côtes. « Nous l'avons trouvé en pleurs sur le cadavre de sa mère », a-t-elle dit. Le bébé a survécu.
Du 27 septembre au 3 octobre 2013, des combattants de Sheka et des miliciens alliés appartenant au groupe armé Raïa Mutomboki ont marché à travers la forêt de Lwibo à Pinga, traversant un secteur du territoire de Masisi peuplé majoritairement de Hunde et qui avait été contrôlé par un groupe armé à majorité Hunde, l'Alliance du peuple pour un Congo libre et souverain (APCLS). Durant cette marche, ils ont enlevé plus de 30 enfants et adultes, dont une vingtaine d'élèves d'une école primaire du village de Butemure. Quand les combattants ont attaqué l'école le 27 septembre, ils ont frappé les enfants qui tentaient de fuir à coups de bâtons et de baïonnettes, blessant grièvement au moins six d'entre eux.
Alors que les combattants de Sheka emmenaient leurs otages vers Pinga, ils ont averti les enfants que quiconque serait trop fatigué pour continuer serait tué. Seuls 14 otages – 12 enfants et 2 adultes – sont finalement arrivés à Pinga, le 3 octobre. Certains ont réussi à s'échapper le long du chemin mais les combattants ont tué au moins un des enfants avant d'atteindre Pinga. D'autres sont toujours portés disparus, et auraient peut-être été tués.
Une femme d'ethnie Hunde âgée de 22 ans, qui a pu s'échapper, a déclaré à Human Rights Watch qu'un des combattants leur avait dit: « Si un enfant est fatigué et ne peut pas continuer, il sera tué comme celui qui vient d'être tué sur le chemin. » Ceux qui sont parvenus jusqu'à Pinga ont été retenus pendant deux semaines, puis remis en liberté, après une intervention des troupes de maintien de la paix de l'ONU et d'autres organisations internationales.
D'anciens combattants qui ont déserté les rangs de la milice de Sheka ont décrit leur ancien chef comme étant souvent ivre, exhibant un tempérament explosif et brutal. Ils ont affirmé que Sheka avait personnellement ordonné l'exécution de combattants surpris alors qu'ils tentaient de s'enfuir. Dans certains cas, les autres combattants ligotaient les mains et les pieds du fuyard, avant de le tuer d'un coup de baïonnette. Un ancien combattant a décrit ainsi l'exécution de trois combattants pris alors qu'ils tentaient de s'échapper:
Sheka a donné l'ordre de les tuer. Il a dit: « Si ces hommes vont mourir, c’est parce qu'ils ont tenté de s'enfuir. Pour vous montrer qu’il ne faut pas fuir, nous allons les tuer devant vous. » Puis le commandant, le S3 [chargé des opérations], a donné l'instruction de trouver des combattants pour faire le travail. Les [victimes] ont demandé grâce mais personne ne les a écoutés. Les combattants les ont lardés de coups de couteau à la poitrine, au cou et à la tête, jusqu'à ce mort s'ensuive.
De nombreuses femmes et filles ont été violées quand les combattants de Sheka contrôlaient Pinga, et certaines d'entre elles ont été forcées à devenir les « épouses » de combattants.
Plusieurs filles ont affirmé à Human Rights Watch que si elles refusaient d'avoir des rapports sexuels avec leurs « maris », elles étaient frappées ou menacées de mort. L'une d'elles a raconté qu'elle avait été enlevée, à l'âge de 12 ans, par quatre combattants alors qu'elle rentrait de l'école. Ils l'ont violée et quand les combattants de NDC ont quitté Pinga, ils l'ont emmenée dans la forêt. Dans la forêt, son « mari » l'a violée tous les soirs pendant quatre mois.
Une autre fille de 12 ans a décrit à Human Rights Watch comment elle avait été capturée par des combattants de Sheka vers le mois de juin 2014 :
Nous nous promenions dans le marché de Kibua quand ils nous ont capturées. Nous étions six. Deux combattants nous ont capturées. L'un d'eux a dit que je serais sa femme. J'ai dit que je n'étais qu'une enfant. Ils ont répondu: « Non, tu n'es plus une enfant. » Nous avons marché pendant deux jours dans la forêt, jusqu'à Twamakuru. Il y avait beaucoup de femmes là-bas. Trois d'entre elles étaient enceintes. Elles avaient 18 ans. J'ai vécu avec [identité confidentielle]. Il avait 18 ans. Je devais avoir un rapport sexuel avec lui une fois par jour. J’avais mal et j'ai beaucoup saigné. J'ai pris des remèdes traditionnels. Il a dit qu'il ne pouvait pas me laisser partir; il a dit: « Je suis un homme important. »
Quand Sheka et ses combattants ont fui leur base principale de Pinga en novembre 2013, ils ont forcé des dizaines de femmes et de filles qu'ils avaient enlevées à partir avec eux dans la forêt de Walikale. Des femmes et des filles qui ont réussi à s'échapper ont décrit des conditions de vie misérables dans la forêt, où certaines étaient violées plusieurs fois par jour par leurs « maris. » Elles se nourrissaient de feuilles bouillies, parfois complétées par de la viande d'animaux sauvages, et étaient souvent empêchées de chercher à recevoir des soins médicaux. Plusieurs femmes sont devenues enceintes de combattants de Sheka et ont accouché dans la forêt sans l'aide de sages-femmes ou de personnes qualifiées. D'autres ont été chassées par les combattants quand ils ont appris qu'elles étaient enceintes. Au moins cinq femmes ont fait des fausses couches dans la forêt.
Depuis le début des opérations militaires des troupes congolaises et de l'ONU contre le NDC en juillet 2014, les forces de Sheka ont continué de commettre de graves abus, notamment des pillages généralisés de villages. Le 16 septembre, des combattants de Sheka ont attaqué le village de Bunyatenge, dans le territoire de Lubero. Ils ont systématiquement pillé le village et ont forcé 65 personnes à porter leur butin sur une distance de 70 kilomètres à travers la forêt, jusqu'à la base du NDC. En octobre, des combattants de Sheka ont pillé le village de Kishanga, dans le territoire de Walikale, et ont également forcé les villageois à porter leur butin jusqu'à leur base. Les civils ont été frappés et accusés d'avoir révélé les positions du NDC à l'armée congolaise, avant d'être remis en liberté.
Les alliances de Sheka
Initialement allié aux Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), un groupe armé majoritairement hutu rwandais dont certains membres ont participé au génocide de 1994 au Rwanda, Sheka s'est retourné contre ce groupe en 2011. Après cela, ses combattants ont reçu un soutien de la part d’individus au Rwanda et, ultérieurement, de la part du groupe armé M23 qui bénéficiait lui-même de l'appui du Rwanda, selon les recherches effectuées par Human Rights Watch, ainsi que des informations émanant du Groupe d'experts de l'ONU chargé de surveiller l'application des sanctions internationales dans l'est de la RD Congo.
Lors d'une réunion publique dans une église de Pinga en août 2012, Sheka a déclaré, devant une assistance d'environ 200 personnes, qu'il recevait des versements mensuels en provenance du Rwanda et que ces paiements avaient commencé après que ses combattants eurent tué un commandant de haut rang des FDLR, le lieutenant-colonel Évariste Kanzeguhera (alias « Sadiki Soleil »), selon des récits de témoins recueillis par Human Rights Watch.
D'anciens combattants du NDC ont aussi déclaré à Human Rights Watch que Sheka recevait des fonds et un appui militaire du Rwanda. Ils ont affirmé que la femme de Sheka, qui appartient à l'ethnie tutsie, se rendait régulièrement au Rwanda et agissait comme agent de liaison avec les contacts de Sheka dans ce pays. Un ancien combattant a précisé que des munitions en provenance du Rwanda étaient souvent acheminées en RD Congo via Goma et livrées à Sheka dans des sacs de haricots chargés sur des motos.
Selon des sources proches du NDC, le soutien du Rwanda se poursuivait encore en décembre 2014. Quelques anciens combattants du M23, qui s'étaient enfuis au Rwanda après leur défaite en novembre 2013, sont retournés dans l'est de la RD Congo au cours des derniers mois et ont rejoint le mouvement de Sheka, selon des combattants du NDC et d'autres sources proches de ce groupe.
Human Rights Watch et le Groupe d'experts de l'ONU ont par ailleurs découvert que des officiers de l'armée congolaise ont également collaboré dans le passé avec les forces de Sheka ou leur ont fourni un appui, parmi lesquels Etienne Bindu, un officier de l'ethnie Nyanga originaire de Walikale, qui a joué un rôle important dans la création du groupe armé de Sheka et lui a fourni des armes, des munitions, ainsi que des renseignements confidentiels sur les opérations de l'armée. Les combattants de Sheka auraient également acheté des armes et des munitions à d'autres officiers de l'armée congolaise, les payant parfois avec de l'or.