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Le président du Rwanda, Paul Kagame, invité à prononcer un discours aujourd’hui à l’institut Chatham House à Londres, est considéré par ses admirateurs comme l’homme qui a sauvé la nation – qui a apporté la stabilité et un développement économique rapide à un pays dévasté par le génocide il y a maintenant vingt ans. Tony Blair, l’ex Premier ministre britannique qui conseille le gouvernement rwandais, a évoqué le « leadership visionnaire » de Kagame, tandis que l’ex-président américain Bill Clinton, l’a décrit comme « l’un des plus grands dirigeants de notre temps ». Mais ces admirateurs – et d’autres – semblent ignorer volontairement le côté plus sombre du bilan de Kagame depuis son arrivée au pouvoir.

Le Rwanda, sous la présidence de Kagame, n’a aucune tolérance pour la dissidence ou l’opposition politique. Des années d’intimidation et d’infiltration de l’État ont affaibli la société civile rwandaise. En juillet 2013, la dernière organisation rwandaise efficace de défense des droits humains, la Ligue rwandaise pour la promotion et la défense des droits de l'homme (LIPRODHOR), a subi un « coup d’État » interne, qui a expulsé les voix critiques et indépendantes pour les remplacer par des personnes acquises au gouvernement. Les médias rwandais sont dominés par les opinions gouvernementales, et la plupart des supports médiatiques suivent la ligne officielle. Des dizaines de journalistes rwandais ont fui le pays, dans l’incapacité de travailler librement et craignant pour leur sécurité.

Le Rwanda de Kagame est tout aussi impitoyable dans son traitement des opposants politiques. Le Front patriotique rwandais qui est actuellement au pouvoir domine la vie politique et publique, aux niveaux national et local. Les partis d’opposition ont subi des pressions constantes, les empêchant de fonctionner efficacement. Certains dirigeants éminents de l’opposition, comme Victoire Ingabire et Sylvain Sibomana, demeurent en prison, à la suite de procédures judiciaires irrégulières.

Les Rwandais vivant à l’étranger et qui critiquent le gouvernement de Kagame ont également été attaqués physiquement, soulevant de graves questions au sujet de l’éventuelle implication du gouvernement rwandais. En janvier, Patrick Karegeya, un ex-responsable des services de renseignement rwandais devenu détracteur de Kagame, a été découvert assassiné dans sa chambre d’hôtel en Afrique du Sud. Au cours des jours suivants, Kagame et d’autres ministres de premier plan du gouvernement ont qualifié Karegeya de traitre, insinuant qu’il avait mérité son sort. Quelques années plus tôt, il y avait déjà eu une tentative d’assassinat contre un dissident et ancien officier militaire supérieur, le Général Kayumba Nyamwasa, qui réside actuellement en Afrique du Sud. En août, un juge sud-africain a condamné quatre personnes – dont deux Rwandais – pour cette tentative d’assassinat, qualifiant l’agression comme ayant des motifs politiques et déclarant qu’elle émanait d’un certain groupe de personnes au Rwanda.

Lors de son séjour à Londres, Kagame sera probablement félicité pour les réussites du Rwanda sur le plan économique et du développement, qui sont impressionnantes. Mais ces succès n’excusent en aucune façon sa répression sévère contre l’opposition politique, ni l’intimidation des journalistes et de la société civile, ni aucune violence à l’encontre d’opposants rwandais se trouvant à l’étranger. Les hôtes de Kagame au Royaume-Uni devraient le dire, et cela dans les termes les plus fermes possibles. Et Kagame ne devrait conserver aucun doute qu’il paiera le prix fort sur le plan international pour sa répression constante et son régime autoritaire régime autoritaire.

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