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Guinée équatoriale : Un avocat emprisonné est privé de visites

L’épouse de Fabián Nsue Nguema a été menacée alors qu’elle tentait de lui rendre visite ; silence du gouvernement

Mise à jour : Dans la nuit du 25 octobre, Fabián Nsue et ses codétenus ont été transférés de la prison de Black Beach au poste de police central de Malabo, surnommé «Guantánamo». Fabián Nsue et trois autres détenus ont été libérés dans la soirée du 30 octobre 2012, sans avoir été inculpés. Le client de Nsue, Agustín Esono Nsogo, demeure incarcéré.

(Washington, le 25 octobre 2012)– Les autorités de la Guinée équatoriale ont emprisonné arbitrairement Fabián Nsue Nguema, un avocat réputé, dans la prison de Black Beach à Malabo, la capitale du pays. Elles refusent de lui autoriser des visites, ont déclaré EG Justice et Human Rights Watch aujourd'hui. La femme de Fabián Nsue a raconté à Human Rights Watch avoir été éconduite à deux reprises alors qu'elle demandait à voir son mari. Les responsables de la prison lui ont cependant confirmé en privé que celui-ci y était bien retenu prisonnier.

Selon le récit de l'épouse de Fabián Nsue, un responsable de la prison l'a menacée alors qu'elle tentait de rendre visite à son mari le 24 octobre 2012.Elle a déposé une requête concernant la disparition de ce dernier auprès d'un tribunal de Malabo le 23 octobre, mais n'a reçu aucune réponse officielle. Elle avait l'intention de déposer une requête en habeas corpus le 25 octobre.

« Nous sommes extrêmement préoccupés par le fait que les autorités de Guinée équatoriale semblent détenir Fabián Nsue sans aucun chef d'accusation, et lui refusent le droit de recevoir des visites », a déclaré Daniel Bekele, directeur de la division Afrique chez Human Rights Watch.« Les autorités devraient l'inculper ou le relâcher immédiatement, et enquêter de toute urgence sur les menaces signalées par son épouse. »

Fabián Nsue a été harcelé par le gouvernement à de nombreuses reprises, ce qui laisse craindre que sa détention soit liée à des motivations politiques. En 2002, il a subi des tortures alors qu'il était détenu par le gouvernement.

Fabián Nsue a disparu le 22 octobre alors qu'il tentait de rendre visite à un client à la prison de Black Beach. Pendant plus de 24 heures, alors ses proches tentaient d'obtenir des informations sur sa situation, les responsables ont refusé d'apporter des réponses. Sa femme a tenté d'entrer dans la prison le 23 octobre pour chercher Fabián Nsue, mais s'est vu refuser l'accès sans avoir reçu aucune confirmation de la situation de son mari. Un autre membre de la famille a pu entrer dans la prison l'après-midi, et y a vu Fabián Nsue.

La femme de  Fabián Nsue a par la suite été autorisée à pénétrer dans l'enceinte de la prison, le 24 octobre à 9h00, et s'est vu confirmer par les responsables de la prison que son mari y était bien détenu. Un agent lui a cependant déclaré qu'elle n'était pas autorisée à le voir, suite à « des ordres venus d'en haut ». Cet agent l'a menacée, affirmant que si elle continuait à insister pour voir Fabián Nsue, elle s'exposait à finir elle-même derrière les barreaux, tout comme son mari. La loi équato-guinéenne interdit les détentions secrètes et sans mandat, et stipule que les accusations portées contre un accusé doivent être déposées dans les 72 heures suivant son arrestation. Les autorités ont violé cette loi à de multiples occasions ces derniers mois, y compris suite aux arrestations de Florentino Manguire et de Wenceslao Mansogo.

L'arrestation sans mandat de Fabián Nsue et sa détention au secret constituent des violations du droit de ce pays comme du droit international. 

De nombreuses autres personnes ont été arrêtées sans mandat ou en dehors de toute procédure équitable au cours des dix derniers jours, selon les informations fournies à EG Justice par des sources en Guinée équatoriale. Fabián Nsue a été arrêté arbitrairement après avoir essayé à plusieurs reprises de rendre visite à l’un de ses clients, Agustín Esono Nsogo, incarcéré dans la prison de Black Beach. Agustín Esono, le directeur de l'école secondaire San Agustín à Bata, a été arrêté chez lui dans cette ville le 17 octobre, puis transféré à la prison de Black Beach, selon  les informations recueillies par EG Justice.

Le motif de l'arrestation et de la détention d'Agustín Esono reste inconnu, et on ignore s'il a été officiellement inculpé d'un délit ou d'un crime. Les mêmes sources ont indiqué à EG Justice que les autorités étaient retournées chez lui après l'arrestation, avaient fouillé la maison et emporté une valise.

Des sources bien informées à l'intérieur du pays ont également dit à EG Justice que le 18 octobre,  Mansueto Nsogo Mba, un professeur de français de l'école de San Agustín, avait été arrêté par trois agents en civil et emmené dans un lieu inconnu.

« La récente série d'arrestations arbitraires suscite de graves inquiétudes quant à l'engagement du gouvernement en faveur des droits humains et des réformes judiciaires », a affirmé Tutu Alicante, le directeur d'EG Justice, une organisation qui lutte pour défendre les droits humains et l'État de droit en Guinée équatoriale. « Le gouvernement doit inculper officiellement Fabián Nsue, ou le relâcher sans préjudice. »

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