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États-Unis : Le Président Obama devrait agir sans délai contre les violences en Afrique centrale

La stratégie visant à faire cesser les atrocités commises par l'Armée de Résistance du Seigneur doit être mise en oeuvre rapidement

(Washington, le 25 novembre 2010) - Le Président Barack Obama devrait sans tarder mettre en œuvre la stratégie dévoilée le 24 novembre 2010, pour faire cesser les atrocités commises par l'Armée de Résistance du Seigneur (Lord's Resistance Army, ou LRA) et aider les communautés affectées à se reconstruire, a déclaré aujourd'hui une coalition de sept organisations de défense des droits humains. La LRA mène l'une des rébellions les plus longues et les plus brutales au monde.

« L'équipe du Président Obama a fait un travail admirable dans sa formulation d'une stratégie et a montré qu'elle s'engageait dans la lutte contre le fléau de la LRA, mais le défi maintenant est de transformer ce bout de papier en améliorations sur le terrain », a déclaré Paul Ronan, directeur de plaidoyer à Resolve. « Le président devrait essayer d'obtenir une augmentation significative des ressources dans sa demande de budget pour l'exercice 2012 afin de répondre à cette crise, puis désigner un haut représentant du Département d'État pour contrôler la mise en œuvre de la stratégie. » 

Les violences de la LRA dévastent l'Afrique centrale depuis plus de vingt ans, et elles sont en augmentation. Durant les deux dernières années, la LRA a tué au moins 2 300 personnes et en a enlevé plus de 3 000 autres, dont de nombreux enfants. En outre, 400 000 civils ont fui les violences en République démocratique du Congo (RDC), au Sud Soudan et en République centrafricaine. Durant toute cette période, la LRA a tué et enlevé plus de civils que tout autre groupe armé en RDC. Pour la seule année 2010, les rebelles de la LRA se sont rendus coupables de plus de 240 attaques meurtrières.

« Avec une volonté politique et des ressources adéquates, il est possible de mettre un terme à la menace que constitue la LRA pour les civils et de capturer ses dirigeants, qui sont recherchés pour crimes de guerre », a expliqué Anneke Van Woudenberg, chercheuse senior sur l'Afrique à Human Rights Watch. « La LRA ne dispose d'aucun soutien populaire ni étatique, et sa seule façon de reconstituer ses effectifs est d'arracher des enfants à leurs villages. »

La stratégie définie par l'administration Obama fixe quatre objectifs principaux à l'implication des États-Unis dans la crise, à savoir appréhender les dirigeants de la LRA, protéger les civils contre les attaques de la LRA, encourager les évasions et les désertions de la LRA, et fournir une aide humanitaire aux communautés affectées. Cette stratégie met l'accent sur une approche inter agences et sur la coordination avec des partenaires multilatéraux et régionaux. Elle évoque aussi la possibilité de désigner des personnes supplémentaires au sein de l'administration pour mettre en œuvre la stratégie.

La caractéristique des attaques de la LRA est une brutalité extrême, en ciblant les villages les plus vulnérables. Même des attaques à petite échelle ont déclenché des vagues de terreur parmi les communautés, causant des souffrances graves et des déplacements massifs de population, traumatisant les personnes pour les années à venir. Selon les groupes, la stratégie du Président Obama vis-à-vis de la LRA reconnaît à juste titre la nécessité d'augmenter l'aide humanitaire apportée aux populations affectées par la LRA.

« Les attaques de la LRA constituent une énorme menace pour les civils, ainsi que pour la paix et la stabilité régionales », a ajouté Monica Serrano, directrice exécutive de Global Centre for the Responsibility to Protect. « La réaction internationale a été très insuffisante. La nouvelle stratégie américaine est une occasion de réunir les pays afin de mettre un terme à la violence que fait régner la LRA, en plaçant la protection des civils au cœur de l'effort. »

La loi relative au désarmement de l'Armée de Résistance du Seigneur et à la relance du nord de l'Ouganda (LRA Disarmament and Northern Uganda Recovery Act) est la législation spécifique à l'Afrique la plus largement soutenue de l'histoire récente du Congrès américain. La loi a été parrainée par un groupe bipartite de 65 sénateurs et 201 représentants, représentant 49 États. Des dizaines de milliers d'Américains, dont beaucoup de jeunes, se sont mobilisés pour soutenir cette législation.

« Grâce à une mobilisation populaire sans précédent et aux dirigeants des deux partis au Congrès, le président Obama dispose d'un mandat clair pour aider à mettre fin à cette crise qui dure depuis bien trop longtemps. Maintenant, il est urgent de passer rapidement à la mise en œuvre de la stratégie et d'en finir avec la menace de la LRA contre les civils », a conclu David Sullivan, directeur de recherche pour Enough Project.

Les sept organisations suivantes ont signé ce communiqué de presse :

  • Enough Project
  • Genocide Intervention Network / Save Darfur
  • Global Centre for the Responsibility to Protect
  • Human Rights Watch
  • Invisible Children
  • Refugees International
  • Resolve

Historique de la LRA et de l'engagement des États-Unis pour lutter contre la crise
L'Armée de Résistance du Seigneur (LRA) a été fondée il y a plus de vingt ans par Joseph Kony. La LRA était basée à l'origine dans le nord de l'Ouganda, où des milliers de civils ont été tués et près de deux millions de personnes ont été déplacées par le conflit entre les rebelles et le gouvernement ougandais. Le groupe rebelle a étendu ses opérations dans le Sud Soudan dans les années 90, où il a reçu le soutien du gouvernement soudanais à Khartoum. Si le groupe rebelle a mis fin aux attaques dans le nord de l'Ouganda en 2006, il a déplacé ses bases dans le nord de la République démocratique du Congo pour se livrer depuis lors à des actes de violence contre les civils dans des régions écartées du Congo, du Sud Soudan et de la République centrafricaine. Kony et ses hauts commandants maintiennent leurs effectifs en enlevant des civils, y compris des enfants, pour les utiliser comme soldats et esclaves sexuels.

Trois des dirigeants de la LRA - Joseph Kony, Okot Odhiambo et Dominic Ongwen - sont recherchés par la Cour pénale internationale (CPI) qui a émis des mandats d'arrêt à leur encontre en juillet 2005 pour crimes de guerre commis dans le nord de l'Ouganda. Tous les trois sont toujours en fuite et ont été impliqués dans de nouvelles atrocités.

En décembre 2008, suite à l'échec des négociations de paix, le Sud Soudan, l'Ouganda et le Congo ont lancé une offensive militaire conjointe contre le groupe rebelle connue sous le nom d'« Opération Éclair de tonnerre ». La campagne militaire a reçu des États-Unis un soutien logistique, financier et de renseignement. Au cours des deux années qui ont suivi, la LRA s'est dispersée en de multiples groupes plus petits qui ont poursuivi leurs attaques brutales contre les civils. La LRA a souvent pris pour cible de ses violences des églises, des écoles et des marchés, avec notamment le massacre de plus de 850 civils congolais durant la période des fêtes de Noël en 2008 et le massacre d'au moins 345 civils congolais dans la région de Makombo, dans le nord du Congo, en décembre 2009.

La Loi relative au désarmement de l'Armée de Résistance du Seigneur et à la relance du nord de l'Ouganda a été introduite au Congrès par une coalition bipartite de sénateurs et de représentants le 19 mai 2009. Elle a été adoptée au Sénat le 10 mars 2010, et à la Chambre des représentants le 12 mai.

Le 24 mai, le Président Obama a signé la promulgation de la loi et a prononcé une déclaration, indiquant : « J'ai signé cette loi aujourd'hui en reconnaissant que nous devons tous renouveler nos engagements et renforcer nos capacités à protéger et aider les civils pris dans la tourmente de la LRA, à recevoir ceux qui se rendent et à soutenir les efforts pour traduire les dirigeants de la LRA en justice. »

La section 4 de la loi demandait au président de développer « une stratégie permettant d'orienter le soutien futur des États-Unis dans toute la région pour des efforts multilatéraux viables visant à atténuer et éliminer la menace pour les civils et la stabilité régionale que constitue l'Armée de Résistance du Seigneur » et de rendre compte de cette stratégie devant le Congrès dans les 180 jours après l'entrée en vigueur de la législation.

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