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Les autorités ouzbèques ont refusé une accréditation de travail à la directrice du bureau de Human Rights Watch à Tachkent, et ont annoncé que le procès de la traductrice de Human Rights Watch Umida Niazova débuterait cette semaine, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui.

Ces décisions sont les dernières mesures prises par le gouvernement dans sa répression visant les défenseurs de droits humains et la société civile, et surviennent un mois avant que l’Union européenne ne doive décider de maintenir ou non les sanctions imposées contre l’Ouzbékistan après le massacre à Andijan en mai 2005. Les Ministres des Affaires étrangères de l’UE se réuniront également le 23 avril 2007 afin d’examiner d’une façon plus générale leur stratégie vis-à-vis de l’Asie centrale.

« Human Rights Watch est l’une des dernières organisations internationales travaillant encore en Ouzbékistan, et maintenant le gouvernement cherche à nous réduire au silence », a déclaré Holly Cartner, directrice de la Division Europe et Asie centrale à Human Rights Watch. « Mais nous sommes décidés à rester et à soutenir la communauté courageuse des défenseurs de droits humains en Ouzbékistan. »

Le procès de Niazova, qui est également une défenseure des droits humains et par ailleurs journaliste indépendante, débutera le 19 avril 2007. Niazova a été accusée, selon des inculpations basées sur des motifs politiques, de traversée illégale de la frontière, de contrebande, et de distribution de documents causant le désordre public grâce à un soutien financier de la part de gouvernements étrangers (articles 223, partie 1; 246, partie 1 et 244/1, partie 3v du code pénal ouzbek), et risque jusqu’à 10 années de prison. Certains des chefs d’inculpation proviennent apparemment de documents de recherche sur son ordinateur portable, que les autorités ont confisqué quand elles l’ont initialement détenue en décembre 2006.

Au-delà de ses traductions de documents écrits réalisées pour Human Rights Watch, Niazova a surveillé de nombreux procès en Ouzbékistan en collaboration avec la directrice du bureau de Human Rights Watch à Tachkent. Amnesty International a nommé Niazova « prisonnière de conscience ».

« Comme plus d’une douzaine d’autres défenseurs des droits humains en Ouzbékistan, Umida Niazova est en prison parce qu’elle a œuvré pour exposer les abus dans son pays », a déclaré Cartner. « Les autorités veulent mettre fin à son travail et intimider d’autres personnes pour les empêcher de se plaindre de la situation. »

L’Ouzbékistan est régi par l’un des gouvernements les plus répressifs de l’ancienne région soviétique. Pendant des années il a promu un environnement hostile et dangereux pour la société civile, et a initié une action concertée contre la société civile à la suite des « révolutions de couleur » en Géorgie, Ukraine et au Kirghizistan. Le gouvernement a fait l’objet de vives critiques internationales après avoir tué des centaines de manifestants, majoritairement non armés, à Andijan en mai 2005.

Durant les deux années ayant suivi le massacre, le gouvernement a déclenché une répression féroce contre la société civile. Au moins 15 défenseurs des droits humains sont en prison à la suite d’inculpations basées sur des motifs politiques, avec deux nouvelles arrestations, dont celle de Niazova, depuis janvier.

En novembre 2005, l’UE a imposé des sanctions limitées à l’encontre de l’Ouzbékistan, en précisant que leur levée serait liée à la coopération du gouvernement à une enquête indépendante et internationale sur Andijan ainsi qu’à des améliorations générales de la situation des droits humains. En novembre 2006, malgré la détérioration de la situation en Ouzbékistan, l’UE a atténué ces sanctions. L’UE est censée prendre une décision le 14 mai 2007 sur un éventuel prolongement des sanctions, constituées d’une interdiction de visas ainsi que d’un embargo sur la vente d’armes.

L’UE, sous la présidence de l’Allemagne, a accepté en la qualifiant de « progrès » l’offre du gouvernement ouzbek de parler d’Andijan et de tenir un « dialogue structuré sur les droits humains ». Certains représentants de l’UE ont suggéré publiquement que les sanctions seraient levées ; c’est le cas du Ministre espagnol des affaires étrangères Miguel Angel Moratinos, qui dans sa capacité de président en exercice de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a visité Tachkent la semaine dernière.

« L’UE devrait exiger des ouzbeks qu’ils atténuent la répression, et au lieu de cela ceux-ci sont d’une sévérité sans merci à l’encontre d’une défenseure des droits humains et veulent expulser la directrice de Human Rights Watch », a déploré Cartner. « Ce n’est pas un signe de progrès, mais un résultat direct de la minimisation par l’UE de la piètre performance de l’Ouzbékistan. »

Le13 avril le Ministère de la Justice a remis à la directrice du bureau de Human Rights Watch à Tachkent une note indiquant qu’il lui refusait son accréditation de travail parce qu’elle aurait « outrepassé son autorité » et « travaillé en dehors de la charte de bureau », formule que le Ministère a employé dans le passé afin d’expulser des employés d’organisations internationales ou étrangères. Le Ministère n’a pas expliqué en quoi elle avait agi ainsi.

Le Ministère de la Justice a indiqué qu’il n’allait pas fermer pas le bureau, toutefois sans personnel accrédité Human Rights Watch ne peut légalement effectuer aucun travail dans le pays. Cette action était la dernière des nombreuses mesures prises par le gouvernement pour rendre le fonctionnement de Human Rights Watch presque impossible :


  • En avril 2006, le Ministère de la Justice a refusé une accréditation de travail à l’assistant du bureau de Human Rights Watch, après l’avoir harcelé et menacé d’inculpations en 2005.


  • Durant le reste de 2006 ainsi qu’en 2007, le gouvernement a refusé de délivrer un visa à la personne ayant remplacé cet assistant, ne permettant ainsi qu’à une employée professionnelle de travailler dans le bureau. Le Ministère des Affaires étrangères n’a pas répondu à de nombreuses lettres demandant de l’information sur le visa. Le 16 avril, Human Rights Watch a appris qu’en fin mars le Ministère des Affaires étrangères en Ouzbékistan a délivré un numéro de télex à l’assistante du bureau, lui permettant de recevoir un visa. Ce numéro a été émis plus de neuf mois après que Human Rights Watch ait déposé sa demande originelle de visa.


  • Le Ministère des Affaires étrangères n’a pas délivré un seul visa aux membres du siège de Human Rights Watch souhaitant visiter l’Ouzbékistan. Durant la précédente année toutes les demandes de visa sont restées en suspens et sans réponse.


  • En avril 2006, le Ministère de la Justice a audité le bureau de Human Rights Watch, concluant que le travail de Human Rights Watch était biaisé et que le bureau de Tachkent fonctionnait comme une « succursale » et non un « bureau de représentation ».


  • En novembre 2006, des agents de sécurité ont mené des opérations soutenues et flagrantes de surveillance visant la directrice du bureau de Tachkent de Human Rights Watch, durant et après les heures de bureau ainsi que pendant les weekends.

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