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Le Darfour exige des sanctions, pas des mots

L’extension du conflit menace des millions de personnes dans la région

(Bruxelles) - Les dirigeants de l'Union européenne devraient soutenir de nouvelles mesures énergiques contre les hauts dirigeants soudanais en raison de leur échec à mettre un terme aux exactions au Darfour, ont déclaré aujourd'hui l'International Crisis Group et Human Rights Watch, à la veille du sommet de l'Union européenne des 14 et 15 décembre.

« Des millions de civils paient le prix de près de quatre ans de promesses non tenues et d'engagements creux, » a déclaré Kenneth Roth, directeur exécutif de Human Rights Watch. « Cela fait longtemps que Khartoum a compris que la réaction mondiale se fait beaucoup entendre mais sévit peu, et la situation est encore une fois en train d'empirer, comme c'était prévisible, et de s'étendre au-delà des frontières des pays voisins. »  

Les deux groupes internationaux, qui ont été parmi les premiers à alerter le monde sur la catastrophe qui se déroulait au Darfour, ont appelé à imposer de nouvelles mesures économiques, légales et militaires fortes, si le Président Omar El Bashir n'intervenait pas immédiatement et une fois pour toutes, afin de stopper toutes les attaques dirigées contre des civils, s'il n'acceptait pas dans son intégralité la nouvelle force de maintien de la paix proposée par les Nations Unies et l'Union africaine, et s'il ne coopérait pas totalement aux nouvelles tentatives de règlement politique.  

« Bashir se moque des résolutions du type « faites-le ou sinon » adoptées jusqu'ici par le Conseil de Sécurité des Nations Unies, » a déclaré Gareth Evans, président de l'International Crisis Group. « Il est temps de serrer la vis à Khartoum, pour changer sa manière de calculer coût profit. »  

Les deux groupes ont appelé le sommet de l'UE à soutenir l'action du Conseil de Sécurité des Nations Unies (et à défaut, les Etats membres de l'UE à agir eux-mêmes dans la mesure du possible) pour exercer une pression économique sur le régime de Khartoum en :  

appliquant des sanctions individuelles ciblées (essentiellement des interdictions de déplacements et des gels des avoirs) à chacun des 50 individus ou plus identifiés dans les rapports du Panel d'experts et de la Commission d'enquête de l'ONU ;  

ciblant particulièrement les revenus du secteur pétrolier (avec l'éventuelle création d'un fonds de compensation international géré par l'ONU au profit des victimes du Darfour, à l'exception de la proportion réservée au Gouvernement du Sud Soudan dans le cadre de l'accord de paix nord-sud);  

visant les investissements étrangers ainsi que les approvisionnements en biens et services dans les secteurs pétrolier et associés ; et,  

identifiant et ciblant les comptes offshore des sociétés affiliées au Parti du Congrès national (parti de la majorité gouvernementale), un vecteur essentiel du financement des milices.  

Ils ont appelé la Cour pénale internationale à poursuivre et à étendre ses enquêtes actuelles sur les crimes contre l'humanité déjà commis, et à menacer de sanctions énergiques les crimes atroces futurs, ainsi qu'à maintenir une pression légale sur le régime de Khartoum.  

En ce qui concerne les mesures militaires, ils ont appelé le Conseil de Sécurité à soutenir sa demande de 2005 pour que le gouvernement soudanais cesse les « vols militaires offensifs » au-dessus du Darfour avec la création immédiate d'une Zone de non survol - soutenue par la France et l'Allemagne en particulier - si les attaques aériennes contre les civils s'intensifient de nouveau.  

International Crisis Group et Human Rights Watch ont également appelé le Conseil de Sécurité, avec le soutien européen, à agir rapidement pour mettre en place une nouvelle mission de maintien de la paix de l'ONU au Tchad et en République Centre Africaine, ayant pour but d'empêcher les groupes armés rebelles de franchir la frontière, et disposant d'un mandat fort de protection des civils.  

Depuis que le gouvernement soudanais a commencé à réagir de façon extrêmement exagérée au défi que lançaient à son autorité les groupes rebelles du Darfour en 2003, plus de 200 000 personnes sont mortes de façon violente ou du fait de maladies et du manque de nourriture causés par la guerre, plus de 2 millions de personnes sont toujours déplacées et sans foyer, et 2 autres millions dépendent de l'aide internationale. Un nombre incalculable de femmes ont été violées, des adultes et des enfants ont été gravement blessés. Les milices « Janjawids » soutenues par le gouvernement, responsables de la plupart des crimes atroces, n'ont été ni désarmées ni contrôlées. La situation globale empire de nouveau, avec l'escalade des affrontements entre le gouvernement et les groupes rebelles. Parmi les personnes dans le besoin, un million sont maintenant hors de portée des organismes humanitaires.  

La violence et la détresse ont déjà traversé la frontière pour pénétrer au Tchad (où plus de 200 000 réfugiés du Darfour vivent dans des camps) et menacent d'envahir aussi la République Centre Africaine. A l'intérieur du Tchad, 90 000 civils tchadiens au moins ont été déplacés par suite des violentes attaques des milices soudanaises et tchadiennes en 2006, et la situation de chaos, d'absence de loi et d'attaques contre les civils se répand de plus en plus par-delà la frontière. Un conflit interne très ancien en République Centre Africaine est également venu se mêler de plus en plus à la crise du Darfour, le groupe rebelle de l'Union des Forces Républicaines (UFR) dans le Nord Est recevant semble-t-il le soutien de Khartoum.

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