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Union Européenne : L’escalade de violence au Darfour exige des sanctions

L’offensive du gouvernement soudanais menace les civils

(Bruxelles)- Les gouvernements européens doivent appliquer des sanctions ciblées en direction du Président Omar El Bashir et d’autres hauts dirigeants soudanais responsables de l’offensive militaire en cours et des exactions commises à l’encontre des civils au Darfour, a déclaré aujourd’hui Human Rights Watch.

Un sommet des chefs d’Etat de l’Union européenne est programmé pour le 20 octobre 2006 en Finlande. Durant le mois d’octobre, le panel d’experts des Nations Unies a signalé au comité de sanctions de l’ONU que presque toutes les parties au conflit au Darfour violaient manifestement l’embargo sur les armes. Il a également recommandé que des sanctions individuelles soient appliquées contre une liste confidentielle d’individus.

« Le panel d’experts des Nations Unies a recommandé des sanctions contre ceux qui continuent à commettre des exactions à l’encontre des civils et qui violent l’embargo sur les armes. Manifestement les responsables politiques de Khartoum devraient se trouver en tête de liste, » a déclaré Peter Takirambudde, directeur de la division Afrique à Human Rights Watch. « L’Union européenne affirme qu’elle soutient les sanctions. Si ce sont plus que de belles phrases, alors il est temps de les appliquer au niveau européen. »

Au mois d’août, le gouvernement soudanais a déclenché une offensive majeure contre les factions rebelles qui ont refusé de signer un accord de paix en mai 2006. Au cours des deux derniers mois, des combats féroces ont eu lieu au Nord Darfour. L’aviation du gouvernement soudanais a bombardé la région de façon répétée, détruisant dans certains cas des villages entiers et prenant pour cible des civils de façon indiscriminée.

Les 7 et 8 octobre derniers, on pouvait entendre depuis les camps de réfugiés de la partie est du Tchad le bruit des combats entre les forces armées soudanaises et les groupes rebelles du Darfour. Plus de 100 soldats soudanais blessés et prisonniers se trouveraient par ailleurs en détention de l’autre côté de la frontière, au Tchad, dans des conditions qui restent à clarifier. Ces événements pourraient marquer une grave détérioration des relations, pourtant récemment restaurées, entre les gouvernements du Tchad et du Soudan, chacun continuant à soutenir des groupes rebelles contre l’autre.

Il n’y a pas de données fiables sur le nombre de victimes civiles faites par les combats du Nord Darfour, étant donné l’accès international limité à cette région. Cet accès limité est la conséquence de l’augmentation significative des attaques contre les travailleurs humanitaires au Darfour.

Dans la partie sud du Darfour, les attaques de diverses milices tribales ont fait des centaines de victimes et provoqué le déplacement de milliers d’autres dans trois régions : Buram, Greida, et les environs de Muhajariya. Ces trois zones représentent un intérêt stratégique pour le gouvernement soudanais du fait de la présence rebelle. Bien que les attaques aient été apparemment le fait des milices, les groupes semblent bénéficier du soutien – et peut-être de la coordination – d’officiers soudanais. Apportant avec eux leur lot habituel de destructions, de déplacements forcés et de violences à l’encontre des civils.

« La diplomatie n’a aucun effet sur le gouvernement soudanais : la main de Khartoum est manifestement derrière non seulement le bombardement aérien sur le Nord Darfour mais aussi, de façon moins évidente, derrière les attaques militaires brutales au Sud Darfour, » a déclaré Takirambudde. « Comme c’est la règle au Darfour, les civils supportent encore une fois le poids de l’offensive du gouvernement soudanais. »

L’Accord de paix du Darfour de mai 2006, signé par le gouvernement soudanais et une faction du principal groupe rebelle du Darfour (l’Armée de libération du Soudan), a contribué à la grave détérioration de la situation sécuritaire au Darfour, situation qui était déjà épouvantable.

La plupart des factions non signataires se sont regroupées dans une alliance, le Front national de rédemption, qui a attaqué des cibles gouvernementales. Ce Front a également été impliqué dans des luttes entre rebelles qui ont provoqué le déplacement de civils et d’autres abus graves contre des civils.

« Les offensives soudanaises constantes et la fragmentation des groupes rebelles n’apporteront rien d’autre que davantage de souffrances aux civils du Darfour et davantage d’instabilité au Tchad, » a déclaré Takirambudde.

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