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Tchad : Des groupes armés sèment la désolation le long de la frontière soudanaise

Les civils en danger tandis que le Soudan et le Tchad soutiennent des forces irrégulières

(New York)- Les gouvernements du Tchad et du Soudan soutiennent des groupes armés qui commettent de graves crimes contre les civils dans l’est du Tchad, a déclaré Human Rights Watch dans un document d’information publié aujourd’hui.

Ce document d’information de 28 pages intitulé, « Violence au-delà des frontières : Les droits de l’homme en crise dans l’est du Tchad, » rapporte la détérioration sévère de la situation des droits de l’homme du côté tchadien de la frontière entre le Tchad et le Soudan. Les milices Janjaweed, soutenues par le gouvernement soudanais, y lancent des raids en toute impunité, et les rebelles du Darfour, opposés à Khartoum y recrutent de force des réfugiés soudanais, dont des enfants, pour combattre dans leurs rangs. Des centaines de civils tchadiens ont été tués au cours des dernières semaines lors d’attaques par des milices soudanaises et des combattants tchadiens alliés, et plus de 50 000 personnes ont été déplacées.

« Les civils dans l’est du Tchad sont piégés entre le carnage du Darfour et la spirale infernale qui entraîne le Tchad dans le chaos, » a déclaré Peter Takirambudde, directeur de la division Afrique à Human Rights Watch. « Khartoum et N’djamena doivent immédiatement mettre fin au soutien apporté aux groupes armés qui, des deux côtés de la frontière, causent des dommages aux civils. »

Le soutien du gouvernement tchadien aux opérations des rebelles du Darfour, notamment le recrutement de réfugiés dans les camps, semble être lié aux tentatives du gouvernement de faire échouer les efforts des rebelles visant à renverser le Président Idriss Déby. Les rebelles tchadiens, apparemment avec le soutien du gouvernement soudanais, ont, depuis fin 2005, utilisé le Darfour comme base arrière pour attaquer des villes tchadiennes. Lors de l’attaque la plus grave le 13 avril, les forces rebelles tchadiennes ont assiégé N’djamena, la capitale du Tchad mais ont été repoussés par l’armée tchadienne aidée des rebelles du Darfour.

Le gouvernement soudanais a recruté et armé les milices Janjaweed depuis des années dans le cadre de sa stratégie de lutte contre l’insurrection au Darfour. En dépit de son engagement à y procéder inscrit dans les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies, Khartoum n’a pas encore désarmé ces milices ni ne les a traduites en justice pour les crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis au Darfour.

Les milices soudanaises s’aventurent de plus en plus profondément au Tchad, pillant et attaquant les villages sur une base apparemment ethnique. Un raid le 3 juin a frappé 75 kilomètres à l’intérieur de la frontière, près d’un camp de réfugiés abritant 20 000 Soudanais dans la région de Goz Beida. Les 12 et 13 avril , lors d’un incident particulièrement brutal rapporté par Human Rights Watch, 118 civils ont été tués à Djawara, dans l’est du Tchad, alors qu’échouait simultanément un coup tenté par les rebelles tchadiens à N’djamena.

Dans un nouveau développement particulièrement inquiétant, les milices soudanaises ont formé des alliances avec certains groupes ethniques tchadiens, incitant des combattants des tribus arabes, Mimi, Ouaddaï et Tama du Tchad à se joindre aux groupes armés soudanais dans des raids liés aux tentatives des rebelles tchadiens pour renverser Déby.

« Les attaques Janjaweed ne font pas que tuer et déplacer les villageois tchadiens; elles détériorent les tensions ethniques déjà latentes au Tchad, » a déclaré Takkirambudde. « Tant qu’il ne sera pas mis un terme à ces raids, il existera un réel danger de voir la violence communautaire exploser dans l’est du Tchad. »

En mars, une faction de l’Armée de libération du Soudan (SLA), un groupe rebelle basé au Darfour, a recruté de force plusieurs milliers de réfugiés soudanais dans des camps de l’est du Tchad pour qu’ils servent de combattants dans les rangs rebelles. Certains individus recrutés qui tentaient d’échapper aux rebelles ont été torturés. Plus de 200 000 réfugiés soudanais vivent le long de la frontière entre le Tchad et le Soudan, dans 12 camps de réfugiés supervisés par les Nations unies.

Cette faction rebelle du Darfour, dirigée par le Commandant Khamis Abdallah Abaker, opère en toute liberté du côté tchadien de la frontière avec l’approbation apparente du gouvernement tchadien. Le groupe rebelle de Khamis Abdallah a recruté plusieurs milliers de réfugiés dans les camps, dont des centaines de garçons et a gardé prisonniers nombre d’entre eux dans des conditions terribles. Une personne au moins a été torturée et si gravement battue qu’elle en est morte.

« Le gouvernement tchadien est censé protéger les réfugiés soudanais et non laisser les rebelles commettre des abus à leur encontre, » a déclaré Takirambudde. « Les autorités doivent défendre les civils contre d’autres attaques, qu’ils vivent dans les camps de réfugiés ou dans les zones rurales. »

Human Rights Watch a affirmé que les évènements ayant lieu dans cette zone frontière du Tchad démontrent une fois encore le besoin urgent de déployer, au Darfour et le long de la frontière avec le Tchad, une force de protection des civils qui soit plus forte, mobile et internationale.

Pour voir les photographies de Luc Delahaye de la mission de Human Rights Watch à Djawara, Tchad, veuillez consulter :
https://www.hrw.org/photos/2006/chad0606_delahaye/index.htm

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