Les chefs d’Etat africains ont eu raison de rejeter la candidature du Soudan à la présidence de l'Union africaine cette année, mais ils ne devraient pas non plus la proposer au Président soudanais Omar Al-Bashir l'année prochaine et ce, tant que dureront les graves violations des droits de l'homme au Darfour, affirme aujourd’hui Human Rights Watch.
L’Union africaine a annoncé aujourd’hui que le Congo-Brazzaville assumera la présidence de l’Union africaine cette année et qu’il sera suivi du Soudan en 2007.
« L’UA a pris la bonne décision en rejetant la candidature du Soudan cette année, mais le conflit du Darfour continue d’être un
désastre, » affirme Peter Takirambudde, Directeur exécutif de la division Afrique à Human Rights Watch. « Si les atrocités qui se perpétuent au Darfour font de Bashir un candidat inéligible pour prendre la tête de l’Afrique cette année, il est difficile de voir comment il pourra l’être l’année prochaine, à moins qu’il ne prenne des mesures crédibles pour mettre un terme à la crise au Darfour. »
Human Rights Watch ajoute que le Soudan ne doit pas obtenir la présidence de l’UA tant qu’il ne désarme pas les milices Janjaweeds. Il doit également permettre aux millions de personnes déplacées originaires de la région de rentrer chez elles et traduire en justice ceux qui sont impliqués dans des crimes de guerres.
Le Soudan a mené une campagne énergique pour obtenir la présidence de l’UA, durant les jours précédant la décision. Celle-ci a été prise aujourd’hui par les chefs d’Etats de l’UA au sommet annuel qui se tient à Khartoum. L’Afrique de l’Est aurait logiquement dû se voir proposer cette fonction, en vertu d’un processus de rotation. Jusqu’au dernier moment, le suspens concernant l’élection ou non du Soudan, seul candidat de la région, aura perduré.
L’octroi de la présidence de l’UA au Soudan aurait été perçu comme une absolution du bilan épouvantable de crimes de guerre et crimes contre l’humanité perpétrés par les forces gouvernementales soudanaises dans le Darfour depuis 2003.
La mission de l’UA, forte de 7000 membres, doit prendre des mesures plus fermes dans le but de protéger les civils de la violence, laquelle a connu une escalade durant les derniers mois.
« La force de l’UA présente au Darfour doit être plus agressive concernant la protection des civils, » a dit Takirambude. « L’UA devrait en faire plus afin de promouvoir les droits de l’homme, protéger les civils et traduire les auteurs d’exactions en justice. »
Le sommet de l’Union africaine abordera également le cas de l’ex-dictateur Hissène Habré que la Belgique réclame afin de le juger pour crimes contre l’humanité. En novembre, le gouvernement du Sénégal, pays où vit Hissène Habré en toute impunité depuis 1990, a demandé à l’Union africaine de statuer sur les modalités d’un jugement de l’ancien dictateur.
« Les leaders de l’Union africaine devraient recommander l’extradition d’Habré en Belgique ou mettre en place rapidement un procès équitable en Afrique, » a dit Takirambudde.