Le nouveau ministre de l’Intérieur iranien est compromis dans une sérieuse affaire de violations des droits de l’homme, qui auraient eu lieu au cours des vingt dernières années, et comprenant probablement des crimes contre l’humanité liés au massacre de milliers de prisonniers politiques.
Human Rights Watch a aussi rapporté que le nouveau ministre des Renseignements devrait être interrogé pour son implication possible dans le meurtre d’un dissident.
Le rapport, intitulé “Ministers of Murder: Iran’s New Security Cabinet ” (Ministres du Crime : le nouveau conseil de sécurité de l’Iran), détaille les accusations fiables selon lesquelles le ministre de l’Intérieur Mustafa Pour-Mohammadi et le ministre des Renseignements Gholamhussein Mohseni Ezhei seraient impliqués dans des violations extrêmement sérieuses et systématiques des droits de l’homme au cours des vingt dernières années.
“Il est totalement inacceptable que des hommes avec de tels passés servent le gouvernement de l’Iran,” a déclaré Joe Stork, directeur adjoint de la division Moyen-Orient de Human Rights Watch. “Ils devraient être démis de leurs fonctions et une enquête devrait être faite sur ces horribles crimes.”
Human Rights Watch a indiqué que le cabinet iranien est maintenant dominé par des anciens fonctionnaires des services de sécurité et des renseignements, suscitant ainsi de fortes craintes que le gouvernement du président Ahmadinejad pourrait facilement avoir recours à la violence pour réprimer les dissidents et punir les opposants.
Pendant le mandat de Pour-Mohammadi, haut placé au ministère des Renseignements de 1987 à 1999, des agents du ministère ont systématiquement pris part à des assassinats sommaires d’opposants, de militants politiques et d’intellectuels.
En 1988, le gouvernement iranien a exécuté des milliers de prisonniers politiques retenus dans des prisons iraniennes. D’après Human Rights Watch, ces exécutions sommaires, faites de façon systématique et délibérée, pourraient être considérées comme crime contre l’humanité selon les lois internationales. Mustafa Pour-Mohammadi était membre d’un comité de trois personnes qui décidait des exécutions sommaires des prisonniers retenus à Téhéran dans la prison notoire d’Evin.
De 1990 à 1999, Pour-Mohammadi a été directeur d’opérations des services secrets pour le ministère des Renseignements. Pendant cette période, des douzaines d’opposants ont été assassinés à l’étranger. Dans certains des cas, la participation du gouvernement iranien est évidente, tandis que dans d’autres, on soupçonne fortement l’implication du gouvernement. On suspecte aussi l’implication directe de Pour-Mohammadi dans l’organisation de ces meurtres.
En 1998, les agents du ministère des Renseignements ont assassiné cinq intellectuels, importants militants, à Téhéran. Une source iranienne bien placée, a certifié à Human Rights Watch que les enquêteurs de ces meurtres étaient certains de la participation directe de Pour-Mohammadi et qu’un mandat d’arrêt avait même été lancé contre lui. “Mais au lieu de ça, on a simplement organisé son départ du poste qu’il tenait au ministère des Renseignements,”a rapporté la source.
Gholamhussein Mohseni Ezhei, le nouveau ministre des Renseignements, a été procureur général du tribunal spécial du clergé, et il s’est servi de son poste pour poursuivre en justice d’importants ecclésiastiques réformateurs. Il a aussi été un élément-clé dans la suppression de la liberté de la presse, résultant dans la fermeture de plus d’une centaine de journaux depuis l’an 2000. Plusieurs journalistes et militants soupçonnent que Mohseni Ezhei avait ordonné en 1998, l’enlèvement et l’assassinat de Pirouz Davasi, dissident et activiste politique.
Human Rights Watch a exhorté le président Ahmadinejad de démettre immédiatement de leurs fonctions Pour-Mohammadi et Mohseni Ezhei et de mettre en place un système indépendant pour mener une enquête neutre et complète sur leurs crimes présumés.
Si le président Ahmadinejad ne congédie pas Pour-Mohammadi et Mohseni Ezhei de son cabinet, le parlement devra demander un vote de non-confiance et mener sa propre enquête indépendante, a déclaré Human Watch.
“C’est vraiment dangereux d’avoir des hommes comme eux à la tête de ministères clés,” a commenté Stork. “La communauté internationale doit ouvertement déclarer qu’elle tient le gouvernement du président Ahmadinejad responsable de la sécurité des militants politiques et des dissidents iraniens.”