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Iran: un groupe armé en exil inflige des mauvais traitements à des membres dissidents

Ce groupe d’opposition cherche à obtenir la reconnaissance et le soutien des capitales occidentales

Un groupe d’opposition armé iranien en exil, l’Organisation des Moudjahidines du Peuple d’Iran, fait subir à des membres dissidents des actes de torture et de longues périodes d’isolement cellulaire, a déclaré Human Rights Watch dans un rapport publié aujourd’hui.

Le rapport de 28 pages, intitulé “No Exit: Human Rights Abuses Inside the MKO Camps,” (Sortie interdite: violations des droits humains dans les camps de l’OMPI), décrit comment des membres dissidents de l’Organisation des Moudjahidines du Peuple d’Iran (OMPI) ont été torturés, battus et maintenus en isolement cellulaire pendant des années dans des camps militaires situés en Irak, et ce pour avoir critiqué la politique et les pratiques non démocratiques du groupe ou pour avoir fait part de leur intention de quitter l’organisation. Le rapport se base sur les témoignages directs d’une douzaine d’anciens membres de l’OMPI, notamment cinq personnes qui ont été remises aux forces de sécurité irakiennes et incarcérées à la prison d’Abou Ghraib sous le gouvernement de Saddam Hussein.

“Les membres qui tentent de quitter l’OMPI le paient très cher,” a expliqué Joe Stork, directeur à la Division Moyen-Orient et Afrique du Nord de Human Rights Watch à Washington. “Ces témoignages livrent une image alarmante de ce qui est arrivé aux membres qui ont critiqués les dirigeants du groupe.”

Un ancien membre haut placé des Moudjahidines du Peuple, Mohammad Hussein Sobhani, a été maintenu en isolement cellulaire pendant huit ans et demi, de septembre 1992 à janvier 2001. L’OMPI l’a ensuite remis aux autorités irakiennes. Il a été détenu à la prison d’Abou Ghraib jusqu’en 2002, date à laquelle il a été rapatrié de force en Iran. Les témoins ont également rapporté deux cas de décès suite à des interrogatoires menés par des agents de l’OMPI.

En 1997, le gouvernement américain a catalogué l’OMPI parmi les “organisations terroristes étrangères.” L’Union européenne a inscrit l’OMPI sur sa liste des “organisations terroristes” en 2002.

Pendant ce temps, l’aile politique de l’OMPI, le Conseil National de la Résistance basé en France, continue de faire pression sur le gouvernement américain et les pays de l’UE pour qu’ils lui retirent cette étiquette et lèvent les restrictions qui en découlent. De Washington à Bruxelles, le groupe se pose en “alternative démocratique” au gouvernement iranien. L’aile politique de l’OMPI se présente en tant que “gouvernement iranien en exil” et appelle la communauté internationale à la reconnaître comme telle.

Après que le gouvernement français ait, en 2003, arrêté Maryam Rajavi, co-dirigeante de l’OMPI soupçonnée de projeter des activités terroristes sur le sol français, 10 membres et sympathisants de l’organisation se sont immolés à Paris, Londres et d’autres villes européennes. Deux d’entre eux sont décédés. En janvier, 40 parlementaires de différents pays européens et du Parlement européen ont appelé publiquement au retrait de la qualification de terroriste qui frappe l’OMPI.

Le 14 avril, plusieurs membres du Congrès américain, tant Républicains que Démocrates, ont assisté à la Convention nationale pour une République démocratique et laïque en Iran, événement que cette organisation soutenue par l’OMPI tenait à Washington. Entre autres membres du Congrès, le représentant Tom Tancredo (républicain du Colorado) a appelé le Département d’Etat à retirer l’OMPI de la liste des organisations terroristes étrangères. Le 10 février, l’Iran Policy Committee, une cellule de réflexion co-présidée par des officiers en retraite de l’armée américaine, a appelé à retirer cette dénomination et a demandé au gouvernement américain de soutenir activement le groupe dans sa lutte contre le gouvernement iranien.

“Le gouvernement iranien affiche un bilan effroyable en matière de droits humains,” a déclaré Stork. “Mais promouvoir un groupe d’opposition responsable de graves atteintes aux droits de l’homme constituerait une énorme erreur.”

L’Organisation des Moudjahidines du Peuple d’Iran a été fondée en 1965 pour mener une guérilla urbaine islamique visant à ébranler le gouvernement du shah. En 1981, deux ans après la révolution iranienne, le groupe anti-clérical est entré dans la clandestinité après avoir tenté d’inciter à un soulèvement armé contre l’Ayatollah Khomeyni. Après un exil en France, les dirigeants du groupe se sont installés en Irak en 1986.

Pendant la guerre Iran-Irak, les forces de l’OMPI ont régulièrement attaqué les troupes iraniennes le long de la frontière et ont opéré plusieurs incursions en Iran. Une fois la guerre terminée en 1988, les tribunaux iraniens ont émis des jugements sommaires ordonnant l’exécution de milliers de prisonniers politiques, dont de nombreux membres des Moudjahidines du Peuple.

La chute du gouvernement de Saddam Hussein en avril 2003 a mis un terme au soutien financier et logistique que l’Irak apportait à cette organisation. Après l’invasion dirigée par les Etats-Unis, l’armée américaine a désarmé les forces de l’OMPI opérant en Irak. En juillet, les Etats-Unis leur ont accordé le statut de “personnes protégées” en vertu des Conventions de Genève et ils en ont confiné plus de 3.000 dans leur principal camp militaire au nord de Bagdad.

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