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R.D. Congo : Les civils en danger pendant le désarmement

Les opérations conjointes de désarmement ONU-Congo doivent protéger les civils

(New York) - La force onusienne de maintien de la paix en République Démocratique du Congo et l'armée congolaise doivent s'assurer que les civils sont protégés pendant les opérations de désarmement des groupes rebelles rwandais à l'est du Congo, a dit Human Rights Watch dans un document d'information publié aujourd'hui.

Le document d'information de 15 pages détaille comment les menaces d'incursions et les rapports sur des attaques menées au Congo par les forces gouvernementales du Rwanda ont augmenté la pression sur la force onusienne de maintien de la paix (connue sous le nom de MONUC) et l'armée congolaise (Forces armées de la République Démocratique du Congo, FARDC en sigle) pour désarmer rapidement les groupes rebelles rwandais au Congo.  
 
Au début du mois de novembre, la MONUC et les FARDC ont commencé une opération conjointe à Walungu, province du Sud-Kivu, afin de persuader les groupes rebelles rwandais-d'ethnie Hutu pour la plupart et généralement appelés « ex-FAR » (pour ceux qui étaient partie de l'ex-armée rwandaise, Forces armées rwandaises) et les « Interahamwe » (la milice qui a tué beaucoup de Tutsi dans le génocide de 1994)-de déposer leurs armes volontairement.  
 
Entre le 22 et le 25 décembre, d'après les rapports de la MONUC, les groupes rwandais armés ont attaqué les soldats des FARDC près de Walungu à quatre reprises, apparemment rejetant tout désarmement volontaire. Jusqu'à présent, les agences humanitaires n'ont pas de rapports de blessés du côté des civils, mais elles estiment qu'un millier de civils ont été déplacés aux alentours de Walungu.  
 
L'opération conjointe MONUC-FARDC a le mandat de recourir à la force, si nécessaire, pour désarmer les membres des groupes armés rwandais.  
 
« Désarmer les groupes rebelles rwandais est crucial pour la stabilité dans la région », a affirmé Alison Des Forges, conseillère principale pour l'Afrique de Human Rights Watch, « mais les Nations Unies et les autorités congolaises doivent s'assurer que les civils sont protégés des abus par toutes les parties belligérantes ».  
 
Les rebelles Hutu rwandais à l'est du Congo ont commis de graves abus contre les civils pendant une période qui se chiffre en années. Les abus incluent les tueries, les viols et l'esclavage sexuel, les enlèvements et les extorsions. Dans un cas documenté dans le document d'information, les combattants rwandais ont enlevé au mois d'octobre un jeune couple avec plusieurs autres personnes.
 
« Ils m'ont prise avec mon mari », a confié la jeune femme de 19 ans, originaire d'un village avoisinant Walungu. « Après ça, ils ont tué mon mari lundi à quatre heures. Après l'avoir tué, ils m'ont violée. Dix-neuf personnes m'ont violée dans la forêt ».  
 
Les soldats des FARDC, dont beaucoup sont mal entraînés et sans discipline, ont commis des abus contre les civils dont les viols des femmes et les pillages, au Sud-Kivu.  
 
La MONUC et les FARDC conduiront conjointement l'opération de Walungu, mais elles ne se sont pas encore mises d'accord sur les règles d'engagement en ce qui concerne les abus contre les civils commis par les groupes rebelles ou leurs propres soldats.  
 
En 1996 et 1998, le Rwanda a envoyé des troupes au Congo, faisant valoir le besoin d'une action préventive contre les groupes armés qui, par moments, ont menacé d'attaquer le Rwanda. A la fin novembre, le Rwanda a déclaré qu'il était prêt à envoyer ses hommes pour désarmer de force les groupes rebelles.  
 
Mais le Rwanda et son proche allié au Congo, le Rassemblement Congolais pour la Démocratie-Goma (RCD-Goma en sigle) ont, pendant plusieurs années, contrarié les efforts par la MONUC pour désarmer et rapatrier les combattants rebelles rwandais au Congo.  
 
A la suite des rapports faisant état d'incursions des troupes rwandaises à l'est du Congo, le gouvernement congolais a envoyé des troupes supplémentaires dans la région. Les troupes du RCD-Goma, qui font partie, du moins formellement, des nouvelles FARDC depuis 2003, se sont soulevées et les combats entre ces deux parties de la soi-disant armée nationale unifiée ont éclaté au Nord-Kivu. La reprise des combats a interrompu les efforts de désarmement.  
 
« Les récentes menaces par le Rwanda ne feront que freiner davantage les efforts de désarmer ces groupes qui ont commis tant d'abus à l'est du Congo », a souligné Des Forges.  

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