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République Démocratique du Congo: Les civils en fuite courent de graves dangers

Alors que 180.000 civils fuient les combats, la menace d'une catastrophe humanitaire plane

(New York) – Les récents combats entre unités rivales de l'armée congolaise ont provoqué le déplacement forcé de plus de 180.000 civils, risquant ainsi de déclencher une nouvelle catastrophe humanitaire dans la région du Kivu, à l'est du Congo, a averti Human Rights Watch aujourd'hui. Les affrontements entre troupes loyalistes et factions rebelles à Kanyabayonga au Nord-Kivu ainsi que le pillage des maisons et des magasins par les soldats dans les villages avoisinants ont incité les habitants à fuir, bon nombre d'entre eux trouvant refuge dans la forêt.

Selon un travailleur humanitaire des Nations unies, cet exode représente la plus importante vague de déplacements depuis la mise en place du gouvernement de coalition transitoire en République Démocratique du Congo il y a 18 mois aux termes de l'accord de paix d'Arusha.

“Dans les guerres au Congo, le fait de forcer les civils à fuir dans la forêt a eu des conséquences parmi les plus meurtrières,” a déclaré Alison Des Forges, chercheuse principale à la Division Afrique de Human Rights Watch. “Les civils qui fuient manquent de nourriture, d'eau ou d'aide médicale.”

Toutes les agences internationales humanitaires ont quitté les zones de combats directs, laissant aux déplacés peu d'espoir de recevoir l'assistance dont ils ont besoin de toute urgence.

Bon nombre de déplacés sont des femmes et des enfants. Certains ont fui d'un lieu à l'autre quatre fois au cours du mois dernier, tout d'abord en raison des combats précédents ayant opposé les troupes rebelles et les soldats congolais à Masisi, au sud de Kanyabayonga, et à Walikale, à l'ouest.

Une femme de 19 ans est arrivée à Lubero, une ville du Nord-Kivu située à quelque 75 kilomètres de Kanyabayonga, mais elle a dû abandonner sa mère malade et sa fille de deux ans dans la forêt. Une autre femme a été arrêtée sur la route par des soldats congolais qui lui ont volé tous les produits qu'elle ramenait chez elle du marché. Elle s'est enfuie et a passé la nuit dans la forêt. En larmes et dans le dénuement le plus complet, elle a expliqué à un chercheur de Human Rights Watch qu'elle avait laissé 13 enfants, neuf à elle et quatre orphelins, seuls à la maison dans une ville au sud de Kanyabayonga. Ils se trouvaient maintenant de l'autre côté de la ligne de front et elle ne savait pas qui allait s'en occuper.

La force de maintien de la paix des Nations Unies, connue sous le nom de MONUC, a des troupes dans la région et elle a reçu le mandat de protéger les civils contre tout risque imminent de mort mais elle n'est pas encore intervenue. En octobre dernier, le Conseil de Sécurité de l'ONU a autorisé une augmentation des effectifs de la MONUC, ceux-ci passant de 10.000 à près de 16.000 mais les troupes arrivées récemment n'ont pas fait une grande différence sur le terrain au North-Kivu.

En novembre, les autorités du pays voisin, le Rwanda, ont menacé à plusieurs reprises d'intervenir militairement au Congo, soutenant que les groupes rebelles hutus rwandais (notamment les ex-Forces armées rwandaises, les ex-FAR), se trouvant au Congo mettaient la sécurité du Rwanda en danger. Des soldats rwandais auraient pénétré au Congo fin novembre, suite à quoi les soldats de l'armée congolaise qui avaient autrefois combattu pour le Rassemblement congolais pour la démocratie-Goma (RCD-Goma), un mouvement rebelle appuyé par le Rwanda, se sont à nouveau rebellés contre l'armée congolaise et ils avancent maintenant contre elle au nord de Kanyabayonga.

Samedi, la MONUC a confirmé que des armes et des renforts avaient traversé la frontière en vue de consolider la position des troupes rebelles sur le territoire congolais. Le Rwanda a nié avoir envoyé des troupes au Congo.

La semaine dernière, des soldats de l'armée congolaise qui fuyaient face à l'avancée des rebelles ont pillé Kayna et Kirumba, deux grands villages situés au nord de Kanyabayonga, tirant en l'air en arrivant pour effrayer les habitants et les faire fuir. Le 17 décembre, le commandant congolais a arrêté un de ses subordonnés à Lubero en lien avec le pillage.

Les combats ont cessé mercredi pour reprendre dimanche alors que les rebelles repoussaient la ligne de front plus au nord, vers la ville de Lubero. Le personnel de la MONUC qui a survolé la région a déclaré que dimanche midi, une école était en feu et que des villages avaient été vidés de leurs habitants.

“Une nouvelle guerre au Congo veut dire que des civils seront encore tués,” a expliqué Des Forges. “La communauté internationale doit utiliser tous les moyens dont elle dispose pour que l'armée congolaise protège les civils au lieu de les forcer à fuir leurs habitations.”

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