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(Bruxelles) – Alors que les tensions ethniques croissantes risquent de provoquer une reprise de la guerre dans la partie est de la République Démocratique du Congo, les autorités locales auraient distribué des fusils aux civils malgré un embargo des Nations Unies, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui. Les membres du Conseil de Sécurité de l'ONU qui arriveront dans la région ce samedi doivent accélérer le déploiement de nouveaux soldats de la paix de l'ONU et veiller à ce qu'ils bloquent tout nouveau flux d'armes à feu.

Cette semaine, Human Rights Watch a reçu des informations selon lesquelles l'embargo de l'ONU sur les armes à l'est de la RDC aurait été violé. Selon des sources locales, les responsables locaux ont distribué des armes aux civils à Masisi, au Nord Kivu, le long de la ligne de conflit entre les différents groupes politiques et militaires. D'autres cargaisons ont été livrées en Ituri, une autre région du nord-est du Congo qui est également le théâtre de troubles persistants. Des sources de l'ONU ont signalé que quelque 300 étudiants congolais de l'enseignement secondaire, réfugiés au Rwanda, le pays voisin, avaient brusquement quitté leurs écoles et suivraient actuellement un entraînement militaire.

“Les armes et la haine ethnique forment un cocktail effroyable,” a fait remarquer Alison Des Forges, conseillère principale à la Division Afrique de Human Rights Watch. “Il faut que les soldats de la paix de l'ONU bloquent les flux d'armes et que les membres du Conseil de Sécurité exercent des pressions sur les responsables locaux afin que ces derniers cessent d'alimenter les ressentiments ethniques.”

Les tensions se sont considérablement intensifiées entre les Banyamulenges—un peuple congolais apparenté aux Tutsis du Rwanda et du Burundi—et les Congolais d'autres groupes ethniques. Ces tensions ont atteint un sommet après le massacre de plus de 150 réfugiés congolais, pour la plupart banyamulenges, au Burundi à la mi-août. Deux mois plus tôt, des soldats congolais emmenés par des officiers banyamulenges et tutsis se sont emparés de la ville congolaise de Bukavu qui était aux mains des forces gouvernementales congolaises sous le commandement d'officiers d'autres groupes ethniques. Les soldats des deux camps ont tué et violé des civils, faisant une cinquantaine de victimes civiles, dont une vingtaine de Banyamulenges.

Les autorités tutsies du Rwanda et du Burundi ont accusé les responsables congolais des meurtres de Banyamulenges. Elles ont qualifié ces massacres de génocide et en août dernier, elles ont menacé d'envahir la RDC.

“L'intervention diplomatique ferme de l'Afrique du Sud et de la Grande-Bretagne a permis de désamorcer la situation la dernière fois mais chacun s'attend aujourd'hui à une nouvelle crise,” a indiqué Des Forges. “Les dirigeants politiques locaux profèrent des menaces et répandent des rumeurs, faisant en sorte que la forte animosité entre les Banyamulenges et les autres groupes subsiste.”

Lorsque les réfugiés banyamulenges ont tenté de quitter le Burundi pour rentrer chez eux au début octobre, ils ont été bombardés de pierres par d'autres Congolais qui les ont accusés de préparer le terrain en vue d'une attaque militaire rwandaise. La semaine dernière, des rumeurs à propos du retour d'un autre groupe de réfugiés banyamulenges ont à nouveau suscité la colère d'autres Congolais à Bukavu.

Au cours des 10 dernières années, trois millions de civils auraient perdu la vie dans les guerres en RDC et au moins un demi million de Tutsis rwandais auraient été massacrés lors du génocide de 1994.

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