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L’Union Européenne devrait reporter une conférence réunissant différents bailleurs, prévue un peu plus tard dans l’année, jusqu’à ce que la Colombie remplisse certains engagements capitaux en matière de droits humains, a déclaré aujourd'hui Human Rights Watch.

Les engagements qui n’ont pas été tenus portent sur la promesse de ne pas soutenir de lois permettant à l’armée de procéder à des arrestations et à des fouilles sans mandat d’arrêt ni de perquisition, recette idéale pour une augmentation des actes de torture et des disparitions forcées. Les engagements concernant la rupture des liens entre les paramilitaires illégaux et les unités des forces de sécurité colombiennes n’ont pas non plus été honorés.

« La Colombie se trouve à la croisée des chemins et la position de l’Union Européenne sera décisive, » a déclaré José Miguel Vivanco, Directeur exécutif de la Division Amériques à Human Rights Watch. « Le Président Uribe a besoin de s’entendre dire qu’il doit tenir les promesses qu’il a faites. »

L’Union Européenne a promis plus de € 300 millions (USD 410 millions) d’aide à la Colombie, dans une enveloppe globale qui prend fin en 2006. A la différence du financement américain qui bénéficie essentiellement aux forces armées colombiennes, pratiquement la moitié de l’aide européenne est destinée à la société civile et au bureau des Nations Unies en Colombie. L’Europe est le plus important bailleur de la Colombie pour les programmes portant sur des actions humanitaires, les droits humains et la paix.

En juillet, les Etats Unis et huit pays bailleurs ont rencontré le gouvernement colombien à Londres. Ces bailleurs ont promis à l’administration Uribe qu’ils augmenteraient leur aide financière en échange de progrès sur les droits humains.

Un autre coup dur porté aux victimes d’abus contre les droits humains est la proposition faite par le Haut Commissariat Colombien pour la Paix selon laquelle les responsables paramilitaires pourraient échapper à une peine de prison moyennant paiement, ce qui revient essentiellement à effacer les crimes qu’ils ont perpétrés. Un tel marché ne ferait rien pour décourager les abus et il signifierait en fait à la guérilla qu’elle peut continuer à tuer puisque au final, le gouvernement pourrait accorder à ses combattants des conditions identiques.

L’Union Européenne devrait également insister pour que le gouvernement colombien prenne des mesures afin que les paramilitaires relâchent l’emprise qu’ils exercent sur la Vallée moyenne du Magdalena et notamment la ville de Barrancabermeja où des groupes de défense des droits humains et d’assistance aux populations, financés par l’UE, sont confrontés à des attaques lancées par des voyous paramilitaires. Le Président Uribe peut destituer les officiers des forces de sécurité qui ne parviennent pas à prendre des mesures efficaces contre les paramilitaires, un pouvoir qu’il devrait être encouragé à utiliser.

« Les membres du parlement européen devraient rencontrer le Président Uribe et l’écouter mais ce dernier devrait aussi les entendre quand ils expriment la nécessité pour la Colombie de tenir ses engagements sur les droits humains », a fait remarquer Vivanco.

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