(Washington, 10 novembre 2025) – Le gouvernement des États-Unis, y compris le Congrès, devrait aborder la question des violations des droits humains commises par l’Arabie saoudite lors de la visite du prince héritier Mohammed ben Salmane à Washington le 18 novembre, ont conjointement déclaré aujourd'hui 11 organisations, dont Human Rights Watch.
L'administration Trump accueillera le prince héritier lors de sa première visite aux États-Unis depuis qu'il a approuvé le meurtre du journaliste du Washington Post Jamal Khashoggi en 2018 ; Mohammed ben Salmane supervise une répression des droits humains sans précédent en Arabie saoudite.
Voici ci-dessous les déclarations de représentant-e-s de six des 11 organisations de défense des droits humains soussignées, au sujet de cette visite :
Sarah Yager, directrice de Human Rights Watch à Washington :
« Le prince héritier d'Arabie saoudite tente de se présenter comme un homme d'État de stature mondiale, mais la réalité dans son pays est celle d'une répression massive, d'un nombre record d'exécutions et d'une tolérance zéro pour la dissidence. Les responsables américains devraient faire pression pour que des changements soient apportés, plutôt que de poser pour des photos. »
Matt Wells, directeur adjoint de Reprieve US :
« À la suite de l'assassinat de Jamal Khashoggi, le régime de Mohammed ben Salmane avait subi des pressions internationales pour améliorer son bilan en matière de droits humains, et ces pressions avaient mené à certains changements. Certains mineurs condamnés à mort ont été rejugés et libérés, et entre juillet 2021 et juillet 2025, aucune exécution n'a eu lieu pour des crimes commis en tant que mineur.
Toutefois, les récentes exécutions de Jalal al-Labbad et Abdullah al-Derazi montrent la brutalité du régime saoudien, qui agit en toute impunité en défiant ses partenaires qui s’opposent à de tels actes. Les États-Unis devraient d’urgence reconsidérer leur aide massive en matière de sécurité à un pays qui exécute des personnes pour avoir participé à des manifestations alors qu'elles n’avaient que 15 ans. Il est trop tard pour Jalal et Abdullah, mais un signal fort de la part des États-Unis indiquant que cela est inacceptable pourrait sauver la vie de Youssef al-Manasif. »
Abdullah Alaoudh, directeur senior chargé des questions de lutte contre l'autoritarisme au Middle East Democracy Center (MEDC) :
« Il est tragiquement ironique qu’alors même que l'Arabie saoudite procède à un nombre record d'exécutions, dont celle de l’éminent journaliste Turki al-Jasser il y a quelques mois, MBS [Mohammed ben Salmane] se rendra à Washington pour sa première visite depuis le meurtre brutal de Jamal Khashoggi par son régime.
Le changement en Arabie saoudite semble être qu’on est passé du meurtre de journalistes derrière des portes closes, à leur exécution au vu et au su de tous. »
Liesl Gerntholtz, directrice générale du PEN/Barbey Freedom to Write Center :
« L'Arabie saoudite reste l'un des pays qui emprisonne systématiquement le plus grand nombre d’écrivains, étant régulièrement classée parmi les trois pays en tête du classement établi selon l'indice « Freedom to Write Index » de PEN America.
Nous avons vu à maintes reprises les autorités saoudiennes utiliser leur système judiciaire comme une arme pour réduire les écrivains au silence, prononçant des peines draconiennes et, dans certains cas, exécutant des personnes dont le seul crime était de s'exprimer librement. Alors que la Maison Blanche s’apprête a accueillir le prince héritier, les représentants du gouvernement américain devraient condamner la répression continue du gouvernement saoudien à l'encontre des dissidents et des écrivains en danger. Nous exhortons l'administration Trump à donner la priorité aux droits humains et à la liberté d'expression. »
Raed Jarrar, directeur du plaidoyer à Democracy for the Arab World Now (DAWN)
« L'administration Trump déroulera le tapis rouge pour l'homme qui a approuvé le meurtre et le démembrement de Jamal Khashoggi, qui a fondé notre organisation.
Nous savons que le président Trump ne demandera pas à MBS de révéler où se trouvent les restes du corps de Jamal, afin que sa famille puisse enfin l'enterrer. Mais le moins que Trump puisse faire, le strict minimum, serait de faire publiquement pression sur MBS pour qu'il libère les dizaines d'activistes, d'écrivains et de réformateurs qui croupissent dans des prisons saoudiennes pour avoir commis le « crime » de s'exprimer librement. »
Abdullah Aljuraywi, responsable de campagnes à ALQST for Human Rights :
« Derrière la façade scintillante de l'Arabie saoudite, la répression des citoyens et des résidents du royaume se poursuit sans relâche. Pour éviter d'encourager cette situation, les États-Unis devraient user de leur influence pour obtenir des engagements concrets, notamment la libération d’activistes détenus, la levée des interdictions de voyager arbitraires et la cessation des exécutions basées sur des motifs politiques. »
Organisations signataires :
- ALQST for Human Rights
- Committee to Protect Journalists (CPJ)
- Democracy for the Arab World Now (DAWN)
- Freedom House
- Gulf Centre for Human Rights (GCHR)
- Human Rights Watch
- MENA Rights Group
- Middle East Democracy Center (MEDC)
- Peace Action
- PEN America
- Reprieve
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