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Le Tchad instrumentalise la citoyenneté

Cette dérive dangereuse viole les droits humains et envoie un message alarmant aux activistes

Charfadine Galmaye Saleh (à gauche) et Makaila Nguebla. © Privé

Le 17 septembre, les autorités tchadiennes ont publié un décret visant à retirer la nationalité du blogueur Makaila Nguebla et du journaliste Charfadine Galmaye Saleh. Cette mesure marque une escalade inquiétante de la répression de la dissidence. En utilisant la citoyenneté comme une arme politique, le gouvernement viole non seulement le droit international, mais franchit également une ligne qui menace les droits de deux détracteurs importants, ainsi que les fondements mêmes de la vie civique au Tchad.

Makaila Nguebla et Charfadine Galmaye Saleh sont tous deux connus pour leurs critiques à l'égard du gouvernement tchadien. Le premier est un blogueur, activiste des droits humains et ancien conseiller du président en matière de droits humains. Le deuxième est rédacteur en chef de Tchad One, un important média en ligne. Les deux hommes sont actuellement en exil pour des raisons de sécurité. Faire d'eux des exemples en tentant de les déchoir de leur citoyenneté constitue non seulement une violation de leurs droits fondamentaux, mais crée également un climat de peur pour tous les dissidents locaux. Les journalistes, les militants et les citoyens ordinaires sont contraints de peser le pour et le contre entre leur droit à la liberté d'expression et la menace existentielle de perdre leur statut, leur identité et leur sécurité en tant que citoyens.

La Déclaration universelle des droits de l'homme stipule que toute personne a droit à une nationalité qui ne doit jamais être révoquée de manière arbitraire ou d'une manière qui conduirait à l'apatridie. Cette norme juridique est renforcée par plusieurs conventions internationales et régionales africaines auxquelles le Tchad est un État partie. Pourtant, le Tchad prétend faire exactement cela. La citoyenneté n'est pas simplement un passeport ou une classification bureaucratique. Il s'agit d'un statut juridique fondamental auquel sont attachés de nombreux droits civils et politiques. Sans citoyenneté, les individus perdent une source de protection essentielle et sont exposés à des violations des droits telles que la détention arbitraire, l'ingérence dans leur vie privée et familiale, l’interdiction d'accès à leur pays et d’autres privations.

Cette mesure a été annoncée alors que la situation des droits humains au Tchad continue de se détériorer : des dirigeants de l'opposition sont condamnés à de longues peines de prison, la société civile et les journalistes sont de plus en plus réprimés, les forces de sécurité sont accusées de commettre des actes de violence en toute impunité et le président continue de consolider son pouvoir. Alors que des tentatives étaient faites pour retirer leur citoyenneté à Makaila Nguebla et Charfadine Galmaye Saleh, l'Assemblée nationale a voté la suppression de la limitation du nombre de mandats présidentiels. Qui osera maintenant s'élever contre cette décision ?

Ce que le gouvernement espère gagner à court terme en bannissant deux détracteurs coûtera cher au pays en termes de légitimité et de stabilité. Lorsque la citoyenneté devient un pion entre les mains de ceux au pouvoir, l'État de droit s'effondre et, avec lui, les perspectives d'un Tchad plus démocratique et respectueux des droits humains.

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