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Tadjikistan : Un avocat est injustement détenu depuis dix ans

Les autorités devraient libérer Buzurgmehr Yorov, ainsi que les autres personnes détenues pour avoir exercé leurs droits

L’avocat tadjik Buzurgmehr Yorov. © 2015 RFE/RL

(Berlin, 29 septembre 2025) – Les autorités tadjikes ont injustement emprisonné un avocat défenseur des droits humains pendant 10 ans pour avoir exercé ses droits fondamentaux, ont déclaré aujourd'hui 11 organisations. Buzurgmehr Yorov purge une peine de 23 ans de prison pour avoir représenté des leaders de l'opposition politique. 

Les autorités tadjikes devraient annuler la condamnation de Buzurgmehr Yorov et la peine prononcée contre lui, et le libérer immédiatement. Elles devraient également libérer tous les autres prisonniers, y compris d’autres avocats, qui sont détenus de manière arbitraire et injustifiée pour avoir exercé pacifiquement leurs droits.

Âgé de 54 ans, Buzurgmehr Yorov s'est forgé au Tadjikistan une réputation d'intrépide avocat des droits humains après avoir accepté de défendre des personnes poursuivies par le gouvernement sur la base de motifs politiques, dans le cadre d’affaires médiatisées. Début septembre 2015, Yorov avait commencé à représenter plusieurs membres du Parti de la renaissance islamique du Tadjikistan. Ce parti était l'un des rares partis d'opposition officiellement enregistrés dans le pays, mais il a été qualifié d'« organisation terroriste » et interdit en septembre 2015. 

Le 28 septembre 2015, la police a arrêté Buzurgmehr Yorov, et a effectué sans mandat une perquisition de son cabinet d'avocat et de son domicile ; il a ensuite été inculpé de falsification, de fraude, d'« incitation à l'hostilité nationale, raciale, locale ou religieuse » et d'extrémisme. Ces accusations semblent avoir été motivées par une interview accordée par Yorov peu avant son arrestation, dans laquelle il déclarait qu'un de ses clients avait affirmé avoir été torturé pendant sa détention provisoire, et appelait une coalition d'avocats à se joindre à lui pour défendre les membres détenus du Parti de la renaissance islamique.

Buzurgmehr Yorov a été maintenu en détention provisoire pendant huit mois, lors desquels il a été battu et détenu à l'isolement. Le 6 octobre 2016, à l'issue d'un procès entaché de violations des règles de procédure régulière, il a été condamné à 23 ans de prison. À deux reprises, en 2019 et 2021, sa peine a été réduite dans le cadre d'amnisties générales. Cependant, les autorités ont ensuite porté de nouvelles accusations fallacieuses contre lui, la dernière fois en juillet 2023. Les condamnations qui ont suivi ont à nouveau prolongé sa peine et repoussé sa date de libération prévue à septembre 2043 ; il aura alors 72 ans. 

Tout comme le premier procès de Buzurgmehr Yorov, les procès qui ont suivi ont été entachés de nombreuses violations des règles de procédure régulière, notamment l'interdiction de communiquer librement avec son avocat afin d’être correctement représenté, ou de présenter sa propre défense. 

Buzurgmehr Yorov a été gravement maltraité en prison, notamment par des actes de torture, et a été détenu au secret. Les autorités ont restreint les visites de sa femme, et auraient fait pression sur sa famille pour qu'elle s’abstienne d’actions exigeant sa libération. En mai 2019, le Groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire a publié un avis déclarant que la détention et le traitement de Yorov par le Tadjikistan violaient le droit international, et appelant à le « libérer immédiatement ». Cependant, Buzurgmehr Yorov demeure en prison. 

La détention et les mauvais traitements infligés à Buzurgmehr Yorov s’inscrivent dans le cadre d'une crise des droits humains au Tadjikistan. Sous le régime du président Emomali Rahmon, au pouvoir depuis plusieurs décennies, l'état de droit a été affaibli dans le pays et les autorités ont accru leur répression. Ce déclin s'est accéléré après novembre 2021, lorsque les autorités ont lancé une campagne violente pour réprimer les manifestations dans la région autonome du Gorno-Badakhshan, agissant contre la société civile et supprimant les médias indépendants dans cette région. 

Au cours des dernières années, des dizaines d'avocats, d’activistes civiques, de journalistes, de leaders communautaires et d'autres personnes ont été arrêtés et persécutés au Tadjikistan sur la base de motifs politiques ; parmi ces personnes figurentles journalistes Ulfatkhonim MamadshoevaMamadsulton Mavlonazarov et Ruhshona Khakimova, ainsi que le défenseur des droits humains Manuchehr Kholiknazarov.

Les autorités tadjikes devraient libérer Buzurgmehr Yorov ainsi que tous les autres prisonniers incarcérés pour des motifs politiques, immédiatement et sans condition. Le gouvernement devrait respecter ses obligations en vertu du droit international, selon lesquelles il devrait protéger la capacité de chaque personne à exercer librement et pacifiquement ses droits humains.

Les partenaires internationaux du Tadjikistan, dans le cadre de leurs liens diplomatiques bilatéraux et multilatéraux avec ce pays, devraient soulever le cas de Buzurgmehr Yorov et insister sur sa libération.

Organisations signataires

  • Amnesty International
  • Araminta
  • CIVICUS : World Alliance for Citizen Participation (Alliance mondiale pour la participation citoyenne)
  • Civil Rights Defenders (Défenseurs des droits civils)
  • Freedom Now
  • Helsinki Foundation for Human Rights (HFHR - Fondation Helsinki pour les droits de humains)
  • Human Rights Watch
  • International Bar Association’s Human Rights Institute (IBAHRI - Institut des droits humains de l'Association internationale du barreau
  • International Partnership for Human Rights (Partenariat international pour les droits humains)
  • Lawyers for Lawyers (L4L -Avocats pour avocats)
  • Norwegian Helsinki Committee (Comité norvégien d'Helsinki)

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