En début de semaine, la junte du Burkina Faso a expulsé la principale représentante des Nations Unies dans le pays, Carol Flore-Smereczniak, la déclarant « persona non grata » à la suite d'un nouveau rapport de l'ONU sur les abus commis à l'encontre des enfants dans ce pays.
Carol Flore-Smereczniak est la deuxième haute responsable de l'ONU à être expulsée par la junte après que Barbara Manzi a été déclarée persona non grata en 2022, mettant en évidence l'intolérance croissante de la junte à l'égard de toute forme de surveillance indépendante.
Le porte-parole de la junte a accusé Carol Flore-Smereczniak d'avoir participé à la rédaction du rapport d'avril, qui documente l'impact du conflit armé au Burkina Faso sur les enfants. La junte a rejeté les conclusions du rapport, qui mettent en cause les autorités burkinabè, les milices qui soutiennent la junte et les groupes armés islamistes antigouvernementaux.
Le rapport fait état de 2 483 violations graves commises à l'encontre de 2 255 enfants, notamment des meurtres, des enlèvements et le recrutement ou l'utilisation d'enfants par des groupes armés et des forces de sécurité entre juillet 2002 et juin 2024. Les groupes armés islamistes ont commis 65 pour cent des abus, les autres violations ayant été perpétrées par les forces de sécurité burkinabè et par les Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP), des auxiliaires civils qui assistent les forces armées.
Le rapport a également constaté une augmentation alarmante des attaques contre les écoles et a noté que « la détention d'enfants en raison de leur association présumée avec des groupes armés » était très préoccupante. Human Rights Watch a largement documenté les abus commis par toutes les parties au conflit contre les garçons et les filles depuis 2016, notamment les attaques contre les élèves, les enseignants et les écoles.
La junte a critiqué l'ONU à plusieurs reprises au cours des derniers mois. En mars, le ministre des Affaires étrangères a condamné l'utilisation « inappropriée » par l'ONU d'expressions telles que « ‘groupes armés non étatiques’ pour désigner les terroristes qui endeuillent nos braves populations », et le fait qu'elle qualifie les VDP de « milices ». En juillet, le ministre des Affaires étrangères a demandé aux Nations Unies un « recentrage » des interventions de l’ONU au Burkina Faso, afin de les aligner sur la « vision » du dirigeant du pays.
Depuis qu'elles ont pris le pouvoir à la suite d'un coup d'État en 2022, les autorités militaires burkinabè ont systématiquement réprimé les médias, l'opposition politique et les dissidents. Plutôt que d'essayer de dissimuler les abus, la junte devrait collaborer avec les Nations Unies pour élaborer un plan visant à y mettre fin.