(New York, 18 mai 2025) – L'Assemblée générale des Nations Unies devrait créer un nouvel organe chargé d'examiner les liens entre le système répressif du gouvernement nord-coréen et ses programmes militaires, notamment le développement d'armes nucléaires, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui.
Le 20 mai, l'Assemblée générale tiendra une réunion plénière spéciale de haut niveau sur la Corée du Nord. Dans sa résolution du 17 décembre 2024 appelant à la tenue de cette session extraordinaire, l'Assemblée générale avait souligné que la grave situation des droits humains dans le pays est liée à ses programmes d'armement ; la résolution notait les impacts de l’allocation par le gouvernement d’« une part disproportionnée du budget de l’État » au budget de l’armée, et soulignait sa répression sévère de la population, y compris « en recourant au travail forcé » pour soutenir des programmes militaires essentiels au développement et à la production d'armes nucléaires.
« L'Assemblée générale des Nations Unies devrait intensifier la pression sur la Corée du Nord, étant donné que le Conseil de sécurité est toujours dans l'impasse à l’égard de ce pays », a déclaré John Sifton, directeur du plaidoyer auprès de la division Asie à Human Rights Watch. « Maintenir un examen attentif du bilan de la Corée du Nord en matière de droits humains et de ses programmes d'armement contribuera à garantir que les futures négociations diplomatiques et discussions de l'ONU sur ce pays aborderont ces deux questions conjointement, et ne porteront pas uniquement sur la prolifération nucléaire ou sur le respect des sanctions. »
Plus de dix ans se sont écoulés depuis qu'une Commission d'enquête historique de l'ONU sur la Corée du Nord a documenté de nombreux crimes contre l'humanité et d'autres violations graves dans ce pays, et a recommandé au Conseil de sécurité de saisir la Cour pénale internationale à ce sujet. L'Assemblée générale avait transmis ce rapport au Conseil de sécurité en 2014.
Bien que le Conseil de sécurité se soit ensuite réuni pour débattre de la situation des droits humains en Corée du Nord, en 2015 et plusieurs fois par la suite, y compris en juin 2024, ceci n'a abouti à aucune action ni résolution significative. Or, au cours de la même période, la situation des droits humains en Corée du Nord n'a fait qu'empirer.
Les réunions plénières de haut niveau de l'Assemblée générale comme celle consacrée à la Corée du Nord sont rares. Elles incluent souvent la participation de chefs d'État, de ministres et d'ambassadeurs, et permettent de mettre en lumière d’importants enjeux à l’échelle mondiale.
Lors de la prochaine session de l'Assemblée générale, les États membres de l'ONU devraient envisager la création d'un organe permanent de l'ONU, composé d'experts sur les questions de droits humains, de droit international humanitaire, de prolifération des armes nucléaires et de sanctions ; un tel organe permettrait de mieux documenter la manière dont les violations systémiques des droits humains commises par la Corée du Nord menacent de plus en plus la paix et la sécurité, non seulement dans la péninsule coréenne, mais dans le monde entier. Cet organe serait chargé d’examiner notamment le recours massif au travail forcé par le gouvernement nord-coréen, les exportations d'armes non réglementées vers d’autres gouvernements responsables d’abus, et les conséquences humanitaires sur la population nord-coréenne du détournement de ressources des services sociaux pour soutenir ces programmes d'armement.
Un tel organe permanent chargé d'examiner les violations des droits humains en Corée du Nord et leurs liens avec les questions de sécurité et la prolifération des armes, et de publier des rapports à ce sujet, pourrait également contribuer à tenir les auteurs de graves violations responsables de leurs actes, a ajouté Human Rights Watch. Les rapports de cet organe pourraient aussi porter sur l'impact humanitaire des sanctions visant la Corée du Nord, et formuler des recommandations concernant le respect des sanctions et la surveillance des droits humains.
« Les gouvernements préoccupés devraient se faire représenter par des délégués de haut niveau à la séance plénière du 20 mai, afin d’y proposer des idées concrètes sur la manière dont l'Assemblée générale peut mieux tenir la Corée du Nord responsable d’abus ; il s’agit notamment de documenter les liens entre ses violations des droits humains et ses programmes d'armement », a conclu John Sifton. « Le peuple nord-coréen mérite mieux que de simples déclarations exprimant l’inquiétude des participants. »
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