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Au Mali, deux membres de partis d'opposition seraient victimes de disparitions forcées

La junte devrait révéler où sont détenus Abba Alhassane et El Bachir Thiam, et les libérer

Des personnes protestant contre la décision de la junte d'interdire les partis politiques au Palais de la Culture de Bamako, au Mali, le 3 mai 2025. © 2025 Privé

Au Mali, deux dirigeants de l'opposition politique ont été portés disparus jeudi, suscitant des craintes quant à leur possible disparition forcée. 

 

Abba Alhassane, 68 ans, est le secrétaire général du parti d'opposition Convergence pour le développement du Mali (CODEM). Ses collègues ont déclaré que le 8 mai, des hommes armés masqués affirmant être des gendarmes l'ont arrêté à son domicile dans la capitale, Bamako, et l'ont emmené dans une voiture non immatriculée. 

 

Le même jour, des hommes non identifiés ont enlevé El Bachir Thiam, un activiste du parti Yelema (« Le changement »), dans une rue de la ville de Kati, à une quinzaine de kilomètres de Bamako, selon les membres du parti et des médias locaux

 

Les collègues d'Abba Alhassane et d'El Bachir Thiam ont déclaré les avoir cherchés dans les commissariats de police et les gendarmeries de Bamako et de Kati, en vain. Les autorités n'ont fourni aucune information sur le lieu où ils se trouvent, et n'ont pas non plus indiqué s'ils faisaient l'objet d'une enquête. 

 

Les partis auxquels appartiennent les deux hommes ont participé à un grand rassemblement de l'opposition politique du Mali, le 3 mai. Celui-ci avait été organisé afin de protester contre la décision de la junte militaire du 30 avril de dissoudre tous les partis politiques et de nommer le chef de la junte, le général Assimi Goïta, président jusqu'en 2030. 

 

Le général Goïta, qui a pris le pouvoir lors d'un coup d'État en 2021, a promis à plusieurs reprises d'organiser des élections, mais a continué à retarder le rétablissement d'un régime civil. Les autorités militaires ont également emprisonné et fait disparaître de force des opposants politiques, des militants et des dissidents, et ont sévèrement restreint la liberté d'expression et d'association. 

 

Lors du rassemblement du 3 mai, des centaines de personnes sont descendues dans les rues de Bamako. Au moins 80 partis politiques et deux organisations de la société civile ont rédigé deux déclarations demandant à la junte de ramener le Mali à un régime civil avant le 31 décembre 2025, d'établir un calendrier pour le retour à l'ordre constitutionnel et de libérer les prisonniers politiques. 

 

Le Conseil des ministres malien a réagi en suspendant toutes les activités politiques dans le pays, invoquant la nécessité de maintenir l'ordre public. 

 

Le droit international relatif aux droits humains définit la disparition forcée comme la détention d'une personne par des agents de l'État ou leurs représentants et le refus de reconnaître la détention ou de révéler le sort réservé à la personne ou l'endroit où elle se trouve. Les personnes « disparues » courent un risque élevé d'être victimes d'abus graves. 

 

La disparition d'Abba Alhassane et d'El Bachir Thiam envoie un message glaçant à l'opposition politique au Mali. La junte devrait immédiatement révéler où ils se trouvent, et les libérer. 

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