Le 15 avril, Mei Shilin, 27 ans, a déployé trois banderoles en les suspendant d’un pont routier près de la station de métro Chadianzi à Chengdu (province du Sichuan) dans le sud-ouest de la Chine. Les banderoles proclamaient : « Il ne peut y avoir de renouveau national sans réforme du système politique » ; « Le peuple n’a pas besoin d’un parti politique au pouvoir illimité » ; et « La Chine n’a besoin de personne pour montrer la voie, la démocratie est la voie à suivre. » Les autorités auraient arrêté Mei peu après. Sa situation actuelle et son lieu de détention sont inconnus.
Les banderoles de Mei Shilin semblent avoir été inspirées par le geste en octobre 2022 de Peng Lifa, qui avait réussi à accrocher deux banderoles sur un pont très visible de Pékin lors du 20ème Congrès du Parti communiste chinois, malgré les fortes mesures de sécurité dans la capitale. L'action de Peng Lifa, dont la nouvelle s'est rapidement répandue sur Internet malgré la censure par Pékin, a ensuite déclenché le mouvement pro-démocratie des « Feuilles blanches », mené par des jeunes.
Peng Lifa est depuis surnommé « Bridge Man » (« l'Homme du pont »), en hommage à « Tank Man » (« l'Homme au char ») de la place Tian'anmen, qui avait été filmé devant une colonne de chars chinois au lendemain de la répression des manifestants du 4 juin 1989. Comme « Tank Man », le sort de Peng reste inconnu depuis son arrestation par la police.
Le 30 juillet 2024, Fang Yirong, un jeune homme chinois âgé de 23 ans qui avait été inspiré par Peng Lifa et participé au mouvement des Feuilles blanches, a lui-même déployé une banderole sur un pont de la ville de Loudi, dans la province du Hunan. Fang Yirong a ensuite publié en ligne une vidéo dans laquelle il exprimait son « espoir que les Chinois se débarrassent de l'autocratie et vivent une vie meilleure au plus vite ». Les autorités ont arrêté Fang Yirong en août 2024 et sa situation actuelle est également inconnue.
Chacun de ces gestes prolonge l'impact et l'influence des initiatives qui les ont précédés. Le gouvernement chinois, qui dispose de la plus forte puissance répressive à l’échelle mondiale, emprisonnant des activistes et contrôlant étroitement l'espace public, ne réussit pas à étouffer le désir de liberté des citoyens.
Le droit international interdit les disparitions forcées, définies comme l'arrestation ou la détention d'une personne sans fournir d'informations sur son sort ou son lieu de détention. Les autorités chinoises devraient révéler où se trouve Mei Shilin et le libérer immédiatement et sans condition, tout comme les autres personnes détenues pour avoir exercé leur droit à la liberté d'expression.
« La démocratie est la voie à suivre », proclamait l'une des banderoles de Mei. Le gouvernement chinois devrait tenir compte de ce message.
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