Des agents pénitentiaires auraient agressé sexuellement et harcelé Vida Rabbani, une journaliste et activiste iranienne, lors d’une fouille corporelle à la prison d’Evin à Téhéran le 3 octobre, a déclaré une source informée à Human Rights Watch fin novembre.
Les forces de sécurité ont arrêté Rabbani en septembre 2022, lors des manifestations nationales déclenchées par la mort de Mahsa Jina Amini alors qu’elle était détenue par la police des mœurs. En décembre 2022, le tribunal révolutionnaire de Téhéran a condamné Vida Rabbani à six ans de prison pour « rassemblement et collusion contre la sécurité nationale », et à quinze mois supplémentaires pour « propagande contre l’État ».
Vida Rabbani avait déjà été arrêtée et condamnée en raison de son activisme. Dans une précédente affaire en 2022, le tribunal révolutionnaire de Téhéran l’avait condamnée à 10 ans de prison. Suite à une ordonnance d’amnistie générale en 2023, une partie de sa peine a été remise.
Vida Rabbani, qui souffrait de graves maux de tête et d’une mauvaise santé physique pendant qu’elle purgeait sa peine de prison, a été temporairement libérée pour raison médicale. À son retour en prison le 3 octobre, elle aurait été agressée sexuellement par des gardiens de prison lors d’une fouille corporelle. Elle aurait déposé une plainte au sujet de cette violation, qui lui a valu d’autres sanctions imposées par le conseil de discipline de la prison, notamment le refus de permission de sortie.
Human Rights Watch a déjà documenté la manière dont les forces de sécurité iraniennes ont agressé sexuellement et harcelé des personnes en détention.
Dans une lettre écrite par Vida Rabbani et publiée par Iran Wire le 26 novembre, elle a souligné la détérioration de l’état de santé des défenseures des droits humains Narges Mohammadi et Warisha Moradi, également détenues dans la prison d’Evin. Elle a indiqué que le 18 novembre, l’opposante Motahareh Goonei et elle-même ont entamé une grève de la faim, exigeant des soins médicaux pour Narges Mohammadi et des soins de santé adéquats pour les autres codétenues.
Dans sa lettre, elle écrit : « Notre grève de la faim, que je mène avec Motahareh, n’est rien d’autre qu’un acte de désespoir face à l’injustice. Nous savons que c’est un acte qui va nuire à nos corps, mais nous ne voyons pas d’autre voie devant nous. » L’agression sexuelle présumée contre Vida Rabbani, ainsi que les violations répétées des droits des détenus dans les prisons iraniennes, sont effroyables, et ces abus devraient être publiquement dénoncés et condamnés par les États qui collaborent avec l’Iran. Le ciblage des militantes des droits humains s’inscrit dans le cadre d’un effort plus large des autorités iraniennes pour faire taire la dissidence. Les autorités iraniennes devraient mettre un terme à ces pratiques inhumaines, garantir la sécurité et les droits de tous les détenus et libérer tous les journalistes et défenseurs des droits humains détenus illégalement, y compris Vida Rabbani.
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