Même si vous n'avez pas grandi comme moi dans une famille préoccupée par la sécurité et possédant des armes, vous savez probablement que tirer en l'air avec une arme à feu n'est pas une bonne idée. Tout ce qui monte finit par retomber.
Pourtant, malgré les dangers évidents qu'ils représentent, les tirs de célébration sont courants dans de nombreux endroits du monde. Les gens sont heureux et excités - lors d'un mariage, par exemple - et veulent faire du bruit.
Le Tchad est l'un de ces endroits mais un incident survenu cette année a été particulièrement horrible.
Le 9 mai, les autorités ont annoncé les résultats provisoires de l'élection présidentielle qui s'était tenue trois jours plus tôt. Elles ont déclaré que le président de transition de l'époque, le général Mahamat Idriss Déby, avait gagné. Les forces de sécurité tchadiennes, fidèles à Déby, ont célébré l'événement en faisant des tirs dans les villes et les villages.
« Ils tiraient en l'air », a décrit un témoin, « et dans toutes les directions qu'ils voulaient ».
Les forces de sécurité fidèles à Déby ne se sont pas limitées à des armes légères. Elles ont également utilisé des armes de gros calibre et des roquettes.
Lorsque tout a été terminé, au moins 11 personnes étaient mortes. Des centaines de personnes ont été blessées, dont certaines de l'autre côté de la frontière près de N'Djamena, la capitale du Tchad, au Cameroun voisin.
La mère d'une fillette de deux ans, Safia Imam, qui a été tuée à N'Djamena, a déclaré : « Nous étions couchés sur un matelas à la maison. J’étais avec mon mari et nous avions nos deux enfants avec nous. Il y avait du bruit tout autour et tout à coup Safia a été touchée. La balle a traversé la maison ... j’ai perdu ma fille. Je suis encore sous le choc. »
Pour certains Tchadiens, la vague de coups de feu du 9 mai n’était pas tant une célébration qu'un acte d'intimidation. La violence avait entaché la période précédant l'élection présidentielle et des leaders pro-démocratie avaient appelé au boycott, décrivant l'élection comme une « mascarade » visant à soutenir une « dictature dynastique ».
Certains ont donc considéré les tirs excessifs des forces de sécurité le 9 mai comme un avertissement pour « ne pas oser manifester » contre les résultats annoncés.
Quelle que soit l'intention de ces tirs, les victimes méritent justice. Six mois plus tard, elles ne l’ont toujours pas obtenu. Le gouvernement devrait enquêter sur les événements du 9 mai et poursuivre les responsables.
Il devrait également soutenir pleinement les victimes en prenant en charge leurs frais médicaux et autres dépenses liées à ces événements. Dans les heures et les jours qui ont suivi les fusillades, des centaines de personnes à travers le Tchad ont cherché à obtenir des soins hospitaliers. Certaines d'entre elles doivent encore payer d'importantes sommes au titre des frais médicaux.
Les morts et les blessés du 9 mai étaient tous des tragédies évitables. Tirer en l'air est toujours une mauvaise idée, d'autant plus avec des roquettes et des armes à gros calibres qui ne font qu'empirer les choses.
Les survivants et les victimes doivent obtenir justice et réparation. Et peut-être que les forces de sécurité tchadiennes devraient recevoir une formation de base sur la sécurité des armes à feu.