Monsieur le Président,
Human Rights Watch remercie le Rapporteur spécial pour son rapport et son travail sur le Burundi, et ce malgré le manque de coopération du gouvernement et son refus de lui donner accès au pays.
Près de dix ans se sont écoulés depuis le début de la crise au Burundi et, pourtant, de graves violations des droits humains persistent. Le Burundi, État membre du Conseil des droits de l'homme, refuse systématiquement de coopérer avec le Conseil et ses mécanismes, tout en bloquant l'accès aux organisations internationales de défense des droits humains. De nombreux défenseurs des droits humains et journalistes vivent toujours en exil, de peur d'être arrêtés ou poursuivis s'ils rentrent dans leur pays. Des cas comme celui de Floriane Irangabiye, journaliste libérée en août après deux ans d'emprisonnement injuste, alimentent ces craintes. Le refus d'accès à des soins médicaux subi par le Dr Christophe Sahabo, qui a été emprisonné à la suite d'un différend concernant la gestion de l'hôpital de Kira et s'est effondré lors d'une audience au tribunal, est un autre exemple des dangers auxquels sont confrontées les victimes de la répression gouvernementale.
Le président Ndayishimiye et les hauts responsables du parti au pouvoir ont utilisé une rhétorique incendiaire à l'encontre de ceux qui sont perçus comme des détracteurs. Le président s'en est pris aux personnes LGBT, encourageant leur lapidation. De hauts responsables ont délibérément assimilé l’activisme en faveur des droits humains et l'opposition politique au terrorisme, ce qui a parfois entraîné des conséquences mortelles.
Agathon Rwasa, le dirigeant du principal parti d'opposition, le Congrès national pour la liberté (CNL), a été écarté de manière controversée alors qu'il était en voyage à l'étranger. De nombreux membres et sympathisants du CNL auraient quitté le pays depuis, pour des raisons de sécurité.
Les institutions du pays ne garantissent pas les droits des personnes ni leur accès à la justice. La Commission Nationale Indépendante des Droits de l'Homme (CNIDH) manque d’indépendance, et ne veut pas ou ne peut pas travailler sur des affaires politiquement sensibles. En juin, après avoir examiné son bilan, l'Alliance mondiale des institutions nationales des droits de l'homme a recommandé que la CNIDH soit rétrogradée au statut B.
Dans ce contexte, le mandat du Rapporteur spécial est plus important que jamais, puisqu'il assure un contrôle essentiel de l'une des crises des droits humains les plus négligées au monde. Nous demandons au Rapporteur spécial de quelles ressources il a besoin pour s'assurer que son mandat soit mis en œuvre aussi efficacement que possible, compte tenu de l'obstruction du gouvernement burundais.