Aujourd’hui, Jean-Jacques Wondo, un chercheur connu expert en politique et questions de sécurité dans la région africaine des Grands Lacs, va comparaître en audience préliminaire devant un tribunal militaire à Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo. Jean-Jacques Wondo fait partie d’au moins plusieurs dizaines de personnes qui ont été arrêtées à la suite d’une tentative manquée de coup d’État dans le pays le mois dernier.
Jusqu’à présent, le seul élément connu ayant été présenté à charge contre Jean-Jacques Wondo est une photo de lui datant de 2016 en compagnie de Christian Malanga, un opposant du gouvernement congolais basé aux États-Unis et auto-proclamé « président du Nouveau Zaïre », qui était prétendument à la tête de la tentative de coup. Malanga a été tué dans des circonstances peu claires quelques heures après qu’il se soit temporairement emparé, en compagnie d’environ 50 hommes armés, du Palais de la Nation à Kinshasa, siège officiel de la présidence. Les participants au coup d’État auraient également attaqué les résidences du Premier ministre, du ministre de la Défense et d’un autre politicien de haut rang. Malanga était actif sur les réseaux sociaux et des photos de lui en compagnie de politiciens américains de haut rang ont circulé.
Jean-Jacques Wondo, citoyen belgo-congolais, est connu dans toute la région et en Europe. Human Rights Watch l’a consulté pendant des années sur des questions politiques et sécuritaires. Récemment, Daniel Lusadisu, à l’époque administrateur général de l’Agence nationale de renseignement de la RD Congo (ANR), lui avait demandé d’étudier les pratiques de l’agence et de proposer des réformes. Jean-Jacques Wondo s’était rendu à Kinshasa en mai pour poursuivre son travail. À la suite de la tentative de coup, il aurait été arrêté et détenu au secret pendant au moins une journée avant d’être transféré dans une prison militaire.
Des membres de la famille de Jean-Jacques Wondo ont déclaré à Human Rights Watch qu’il était absurde d’arrêter quelqu’un sur la base d’une photo vieille de huit ans prise en compagnie d’un dirigeant présumé d’un coup.
Depuis la tentative de coup d’État, Human Rights Watch a appelé le gouvernement à respecter les droits fondamentaux des personnes arrêtées. Jean-Jacques Wondo et les autres détenus devraient être inculpés de manière crédible d’une infraction criminelle ou remis en liberté immédiatement. Un mandat d’arrêt basé uniquement sur une photo de 2016 n’est tout simplement pas crédible.