Dans une décision sans précédent, le Comité des droits de l’enfant de l’ONU a annulé la tenue d’une série de réunions en raison d’un manque de fonds.
Ce déficit est dû au fait que certains États membres ne se sont pas encore acquittés de leurs cotisations.
Il s’agit du dernier exemple en date de la fragilisation du rôle de surveillance des droits humains de l’ONU en raison d’un manque de fonds budgétisés. Ceci fait suite au gel des recrutements au sein de l’organisation mondiale, et à une réduction forcée des enquêtes menées sur le terrain par ses experts en droits humains.
Lors de la session désormais annulée du Comité des droits de l’enfant, des experts devaient s’entretenir – dans un environnement sûr et confidentiel – avec des enfants, des organisations de la société civile et des agences des Nations Unies de la situation des droits de l’enfant dans huit pays.
Cette annulation se traduira par une surveillance diminuée de l’évolution de la situation en Équateur, où l’escalade de la violence et de la criminalité organisée a un impact désastreux sur les droits des enfants, en particulier des filles dont le droit d’étudier en toute sécurité est menacé.
Cela signifie également que la situation en Éthiopie risque de passer encore plus inaperçue, même si des enfants y sont tués et blessés et font l’objet d’agressions sexuelles ; en outre, des écoles sont attaquées et utilisées par les forces militaires dans le cadre des conflits qui sévissent dans le nord du pays.
Les experts n’auront pas l’occasion d’en apprendre davantage sur certaines filles indonésiennes qui pourraient avoir été contraintes de quitter l’école sous une forte pression, en raison de leur décision de ne pas respecter la réglementation relative au port obligatoire du hijab.
Il sera désormais plus difficile pour le Comité d’en savoir plus sur les mauvais traitements infligés aux enfants dans les centres de détention gouvernementaux en Irak, ou sur la décision du gouvernement de ne pas interdire les châtiments corporels contre les enfants.
Et les voix des filles incapables d’exercer leur droit à l’éducation au Pakistan continueront d’être réduites au silence.
Si le Comité n’est pas en mesure de prendre connaissance de ces problèmes, il ne pourra pas non plus formuler de recommandations en faveur de changements.
Les gouvernements mauvais payeurs qui n’ont pas encore versé leurs contributions au budget ordinaire de l’ONU devraient s’acquitter de leur quote-part, sous peine d’aider les auteurs de violations des droits de l’enfant à se soustraire à leurs responsabilités.