« La situation empire chaque jour », m’a dit Ahmad, un ancien journaliste qui vit à Herat, en Afghanistan. « Je pense que plus personne n’a les moyens d’acheter assez de nourriture. »
L’Afghanistan est en proie à une crise économique depuis plus de deux ans, après que les donateurs ont réduit les financements étrangers suite au retour pouvoir des talibans en 2021, et exclu la Banque centrale afghane du système international. Les violations des droits des femmes par les talibans dans des domaines tels que l’emploi, l’éducation et la liberté de circulation ont exacerbé la situation, intensifiant son impact sur les femmes et les filles. La réponse humanitaire n’a pas suffi à répondre à la crise, notamment parce que les donateurs ont réduit l’aide, en particulier depuis 2023, en réponse aux actions des talibans.
Les Nations Unies prévoient qu’en 2024, 23,7 millions de personnes – soit plus de la moitié de la population afghane – auront besoin d'une aide humanitaire. Les statistiques sont frappantes : 69 % des habitants n’ont pas assez de nourriture ; 67 % ont des difficultés à accéder à l’eau, situation aggravée par une sécheresse prolongée liée au changement climatique ; l'économie (produit intérieur brut) a diminué de 27 % ; et seulement 40 % de la population a accès à l’électricité. En outre, le système de santé est au bord de l’effondrement.
Les femmes sont particulièrement touchées par cette crise. Alia, qui travaillait dans un salon de beauté à Kaboul avant que les talibans n’ordonnent sa fermeture, m’a dit : « Après avoir perdu mon emploi, je n’ai plus d’autres moyens de subvenir à mes dépenses quotidiennes. Il est évident que ce sont les femmes afghanes qui souffrent le plus, car elles ont perdu leurs droits et leurs moyens de survivre. »
Dans son Plan de réponse humanitaire pour l’Afghanistan en 2024, l’ONU a indiqué que 3 milliards de dollars seront requis pour faire face à la crise croissante, mais à ce jour, elle a reçu moins de 3 % de ce montant.
Les donateurs devraient renforcer leur réponse à cet appel de fonds, mais l’aide financière en soi ne suffira pas. Les gouvernements devraient aussi soutenir la normalisation des paiements et autres transactions via le système bancaire afghan. Ils devraient également contribuer à rétablir les services publics dans les domaines de la gestion de l'eau, de l'électricité et de l'agriculture en Afghanistan, soutenir la lutte contre la pauvreté liée à la baisse des revenus, et encourager la prise de mesures plus adaptées face au changement climatique.
En outre, les gouvernements étrangers devraient agir de manière coordonnée et unifiée pour garantir que les talibans soient tenus responsables de leurs violations continues des droits des femmes et des filles.
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