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Gaza : Panne de communication imminente due à la pénurie de carburant

Israël devrait mettre fin au blocus et restaurer les divers services à Gaza

Des hommes palestiniens utilisaient des batteries de voitures pour recharger leurs téléphones portables, à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza,  le 23 octobre 2023. © 2023 Mohammed Talatene/picture-alliance/dpa/AP Images

(Jérusalem) – La décision du gouvernement israélien d’interdire la livraison de carburant à Gaza risque de déclencher de façon imminente une panne totale des communications et de mettre davantage de vies en danger, si elle n’est pas annulée d’urgence, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Israël devrait autoriser l’entrée à Gaza du carburant urgemment requis, et s’abstenir de fermer ou de détruire délibérément les systèmes de télécommunications, ce qui cause des dommages disproportionnés aux civils.

Depuis plus d’un mois, les habitants palestiniens de Gaza ont enduré des coupures de services téléphoniques et d’Internet à la suite des nombreuses frappes aériennes menées par Israël. Ces frappes ont endommagé les principales infrastructures de communication ; les autorités israéliennes ont aussi imposé des coupures d’électricité, bloqué la livraison de carburant et procédé à d’autres coupures apparemment délibérées par le biais de de mesures techniques.

« Les fermetures ou restrictions intentionnelles et générales de l'accès à Internet violent de nombreux droits et peuvent être mortelles en période de crise », a déclaré Deborah Brown, chercheuse senior auprès de la division Technologies et droits humains à Human Rights Watch. « Des coupures de communication prolongées et complètes, comme celles déjà vécues à Gaza, peuvent masquer des atrocités et favoriser l’impunité, tout en sapant les efforts humanitaires et en mettant des vies en danger. »

Au surlendemain de l’attaque menée par le Hamas le 7 octobre, les autorités israéliennes ont annoncé l’imposition d’un « siège complet » de Gaza, y coupant l’électricité et bloquant la livraison de produits de première nécessité ; ces mesures illégales constituaient une forme de punition collective, un crime de guerre. Le manque d’électricité met en danger les civils palestiniens et contribue aux coupures de communication. La seule centrale électrique de Gaza a épuisé son carburant le 11 octobre.

Le groupe Paltel, qui comprend les sociétés de télécommunications Jawwal et Hadara, est l’un des rares prestataires de services encore opérationnels à Gaza. Le 14 novembre, en réponse à une lettre cosignée par Human Rights Watch, Paltel a indiqué que compte tenu de la pénurie de carburant, l’entreprise s’attend à « une panne d’électricité d’ici la fin de cette semaine, lorsque tout le carburant restant sera consommé et les quelques générateurs restants cesseront de fonctionner ».

Le 10 octobre, selon le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), des frappes aériennes israéliennes ont ciblé plusieurs installations de télécommunications, détruisant deux des trois principales lignes de communication mobile. Cela a laissé les habitants de Gaza dépendants d’une seule ligne pour les connexions mobiles et Internet, ce qui a entraîné des perturbations de ces services.

Le 27 octobre, au début de l’incursion terrestre israélienne à Gaza, l’Internet y est devenu inaccessible pendant environ 34 heures, la plus longue panne de communication depuis le déclenchement de cette crise.

Par la suite, Gaza a connu deux coupures complètes de communication, le 1er novembre (d’une durée de plus de 8 heures), et le 5 novembre (d’une durée de plus de 15 heures).

Les coupures de communication risquent de couvrir des atrocités. Dans un rapport de 2022, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme a signalé que l’incapacité d’accéder aux outils permettant de documenter et de signaler rapidement les abus risque de « contribuer à aggraver la violence, voire favoriser la commission d’atrocités ». Le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la liberté d’expression avait précédemment évoqué le risque de coupures mises en œuvre dans l’intention délibérée de « commettre et dissimuler des violations des droits ».

L'Union internationale des télécommunications (UIT, ou IUT en anglais) devrait, lors de sa prochaine Conférence mondiale des radiocommunications, consacrer des ressources supplémentaires à la reconstruction des infrastructures de télécommunications palestiniennes, selon Human Rights Watch.

Texte complet en anglais : en ligne ici.

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