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Au vu de l'interdiction de tous les événements des fiertés à Istanbul et du bouclage total des quartiers par la police, des manifestants se sont rassemblés dans les ruelles du quartier de Nişantaşı, près de Taksim, à Istanbul, en Turquie, le 25 juin 2023. © 2023 Deniz Bayram/Human Rights Watch

Lire la version en anglais du Brief du Jour de Andrew Stroehlein.

La police turque a eu recours à la violence contre la Marche des Fiertés d'Istanbul samedi et a arrêté 113 personnes. Dans la ville d'İzmir, à l'Ouest du pays, la police a arrêté au moins 52 personnes.

La marche avait été interdite dans les deux villes, une violation flagrante à la liberté de réunion et d'expression pacifiques.

Tout cela fait suite à une intensification des discours haineux à l'encontre des lesbiennes, gays, bisexuels et transsexuels (LGBT) en Turquie, en particulier pendant la période précédant les élections de mai et depuis. 

Le gouverneur d'Istanbul, par exemple, a déclaré qu'aucune autorisation ne serait accordée pour des événements qui « menacent l'institution familiale ». C'est évidemment minable, mais c'est aussi absurde : de nombreuses familles comptent des personnes LGBT.

Les déclarations discriminatoires du président Recep Tayyip Erdoğan, qui a fait de la haine anti-LGBT l'un des principaux sujets de sa campagne électorale, sont tout aussi affreuses et absurdes. Lors de chaque rassemblement, Erdoğan a qualifié les partis d'opposition de « LGBTers ». La semaine dernière, il a qualifié les LGBT de « calamité qui menace la survie de notre société ».

C'est un langage très violent à l'égard de personnes qui ne font qu'exercer leurs droits et cherchent à vivre en liberté comme tout le monde. 

Il est intéressant de noter que les tribunaux turcs sont d'accord.

Alors que les autorités municipales de tout le pays ont interdit les marches des fiertés et les événements de la semaine des fiertés, des décisions judiciaires récentes ont estimé que ces interdictions étaient illégales

Au cours des trois dernières années, huit tribunaux - à Istanbul, İzmir, Ankara et ailleurs - ont jugé que de telles interdictions, sans preuve d'un danger clair, concret et imminent, constituaient une violation de la Constitution turque et de la Convention européenne des droits de l'homme. 

Malheureusement, les tribunaux ne sont pas assez rapides. Ils ont rendu ces décisions bien après les décisions d'interdire ces évènements, et il est donc trop tard pour que les personnes LGBT puissent se réunir sans que la police intervienne. De plus, les autorités ignorent souvent les décisions des tribunaux.

Tout cela s'inscrit dans un schéma familier. La politique de la haine vise à intimider les membres d'un groupe minoritaire pour les empêcher de jouir de leurs droits. Les mots odieux prononcés par des politiciens de haut rang engendrent des violences policières et la détention en masse d'innocents.

Il serait beaucoup plus facile pour toutes les parties concernées si les autorités se contentaient d'écouter les tribunaux, d'obéir à la loi et de laisser les personnes en paix.

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