(São Paulo, le 26 avril 2023) – Des soldats et policiers péruviens ont probablement commis des exécutions extrajudiciaires ou arbitraires, ainsi que d'autres graves abus contre des personnes ayant participé aux manifestations tenues de décembre 2022 à février 2023 ou qui se trouvaient sur les lieux, a déclaré Human Rights Watch dans un rapport publié aujourd'hui. Ces abus se sont produits dans un contexte de détérioration des institutions démocratiques, de corruption, d'impunité pour les abus passés et d'inégalités persistantes au Pérou.
Le rapport de 107 pages, intitulé « Deadly Decline: Security Force Abuses and Democratic Crisis in Peru » (« Déclin mortel : Exactions des forces de sécurité et crise démocratique au Pérou »), documente l'usage excessif de la force par les forces de sécurité, les violations des normes de procédure régulière, les abus contre des détenus, le manque d’enquêtes criminelles, ainsi que la crise politiques et sociale qui érode l'état de droit et les droits humains au Pérou. Alors que certains manifestants ont commis des actes de violence, les forces de sécurité ont riposté avec une force nettement disproportionnée, y compris en utilisant des armes d'assaut et des armes de poing. Quarante-neuf manifestants et passants, dont 8 enfants, ont été tués.
« L'administration Boluarte semble avoir fermé les yeux pendant des semaines sur les agissements des forces de sécurité, alors que celles-ci tuaient des manifestants et des passants », a déclaré César Muñoz, directeur adjoint de la division Amériques à Human Rights Watch « Certains manifestants ont commis de graves actes de violence qui devraient faire l'objet d'enquêtes, mais cela ne justifie pas la réponse brutale, indiscriminée et disproportionnée des forces de sécurité. »
Human Rights Watch a mené des entretiens avec plus de 140 personnes dont des témoins, des manifestants et passants blessés, des proches de personnes tuées, des policiers, des procureurs, des journalistes et d'autres personnes ; ces entretiens ont été menés au Pérou et à distance. Human Rights Watch a également rencontré les ministres de la Défense et de l'Intérieur du Pérou, le commandant de la Police nationale de l'époque et l'Inspecteur général de la police, le Procureur général et la Médiatrice. Human Rights Watch a vérifié plus de 37 heures de séquences vidéo et 663 photographies des manifestations, et examiné des rapports d'autopsie et balistiques, des dossiers médicaux, des dossiers criminels et d'autres documents.
Human Rights Watch a établi qu'au moins 39 personnes – parmi 49 cas de décès – sont mortes de blessures par balle. Plus de 1 300 personnes ont été blessées, dont des centaines de policiers. Un policier a été tué dans des circonstances peu claires. Les enquêtes sur ces meurtres devraient être crédibles et approfondies, et devraient concerner toutes les personnes éventuellement responsables, y compris aux plus hauts niveaux du gouvernement.
Communiqué complet en anglais : en ligne ici.
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