(Washington, le 22 mars 2023) - La reconnaissance par le gouvernement des États-Unis que des crimes d’atrocité ont été commis lors du conflit ayant éclaté il y a plus de deux ans dans le nord de l'Éthiopie devrait être accompagné d’un soutien renforcé à l’organe de l'ONU chargé d’y mener une enquête indépendante, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui.
Le 20 mars, le gouvernement américain a annoncé qu'il avait officiellement déterminé que des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité ont été commis en Éthiopie. Le lendemain, cependant, au Conseil des droits de l'homme des Nations Unies à Genève, les États-Unis, l'Union européenne et d’autres États membres ont indiqué que le mandat de la Commission internationale d'experts des droits de l'homme des Nations Unies sur l'Éthiopie pourrait ne pas être renouvelé après son échéance en septembre, quel que soit le contexte en matière de droits humains. Le gouvernement américain devrait plutôt s'efforcer d'assurer le renouvellement de ce mandat, en préservant l'espace pour des enquêtes approfondies et indépendantes, tout en soutenant des mesures internationales afin de garantir des enquêtes crédibles, des voies vers la justice et l’octroi de réparations.
« Le gouvernement américain a qualifié ces actes d’atrocités », a déclaré Sarah Yager, directrice du bureau de Human Rights Watch à Washington. « Cette reconnaissance publique de l'immense souffrance au Tigré est d’une grande importance pour les victimes, mais les survivants ont aussi besoin d’accéder à la justice. »
En novembre 2020, un conflit a éclaté dans la région du Tigré, dans le nord de l’Éthiopie ; ce conflit a opposé les forces fédérales éthiopiennes et leurs alliés, y compris les forces érythréennes, aux forces tigréennes. Les combats se sont ensuite étendus aux régions voisines d'Amhara et d'Afar. En novembre 2022, un accord de cessation des hostilités a été signé par le gouvernement fédéral éthiopien et les autorités tigréennes.
Le Secrétaire d'État américain Antony Blinken, s’exprimant lors de la publication du Rapport annuel du département d'État sur les droits humains le 20 mars, a déclaré que toutes les parties au conflit dans le nord de l'Éthiopie y ont commis des crimes de guerre. Le Département d'État a déterminé que les forces de défense éthiopiennes, l'armée érythréenne et les forces de la région d'Amhara en particulier, avaient également commis des crimes contre l'humanité, notamment des viols, des meurtres, des violences sexuelles et des actes de persécution. Antony Blinken a ajouté que « les membres des forces de la région d’Amhara ont également commis le crime contre l'humanité d'expulsion ou de transfert forcé, ainsi que des actes de nettoyage ethnique dans l'ouest du Tigré ».
Communiqué complet en anglais : en ligne ici.
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