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Le procès du massacre du stade de Guinée se poursuit

Après l’audition des accusés, les victimes témoignent à la barre

Onze hommes accusés d'être impliqués dans le massacre de manifestants pro-démocratie par les forces de l'ex-junte militaire en 2009, et de nombreux viols commis lors de cet incident, photographiés (à droite) lors de leur procès à Conakry, en Guinée, le 28 septembre 2022. © 2022 Souleymane Camara/Reuters

Cette semaine, la première grande phase du procès historique en Guinée des crimes commis lors du massacre du stade de Conakry en 2009 s’est achevée.

Le procès – qui se déroule devant un panel de trois juges dans la capitale, Conakry – porte sur l’un des incidents les plus brutaux de l’histoire du pays. Le 28 septembre 2009, les forces de sécurité guinéennes ont ouvert le feu sur des manifestants pacifiques lors d’un rassemblement pro-démocratie, faisant plus de 150 morts. Les forces de sécurité ont violé - dans certains cas lors de viols collectifs - plus de 100 femmes, dont certaines avaient été préalablement délogées des endroits où elles s’étaient cachées. Les enquêtes de Human Rights Watch ont révélé que les forces de sécurité ont dissimulé ces crimes, en fermant les entrées du stade et des morgues et en déplaçant les corps vers des fosses communes.

Longtemps différé, le procès a débuté le 28 septembre 2022, date du 13ème anniversaire du massacre. Les 11 accusés – parmi lesquels se trouvent d’anciens ministres et un ancien président – se sont présentés devant le tribunal et ont plaidé non coupable. Les victimes et leurs familles présentes à l’audience regardaient depuis les tribunes alors que d’autres suivaient de près les débats à la télévision.

Depuis cette date, le tribunal a en moyenne tenu trois sessions par semaine. Comme cela est courant dans les pays dotés d’un système juridique de droit civil, la première phase a vu les juges et les différentes parties interroger chaque accusé. Certains accusés ont rejeté la faute sur les autres, tandis que plusieurs d’entre eux ont expliqué qu’ils n’étaient pas présents ou n’étaient pas détenteurs de l’autorité nécessaire au moment où les crimes ont été commis.

La phase suivante du procès, qui a débuté le 14 février, a donné aux victimes l’occasion d’être entendues. Des centaines de victimes se sont jointes à l’affaire en tant que parties civiles – une particularité des systèmes de droit civil qui permet aux victimes, par l’intermédiaire de leurs avocats, d’examiner le dossier, d’interroger les témoins et de présenter des arguments devant les juges.

Le procès est diffusé en direct quotidiennement à la télévision guinéenne et est également disponible sur YouTube. Les audiences sont largement suivies et débattues, et un diplomate a décrit le procès comme un moment « captivant pour la nation ». Il suffit de lire le flux de commentaires postés au fur et à mesure de la diffusion sur YouTube pour se rendre compte de l’attention accordée au procès.

Le procès est important non seulement pour la Guinée, mais aussi pour d’autres pays qui pourraient envisager de juger des crimes d’atrocité. En Guinée et ailleurs, les victimes et les activistes des droits humains suivent avec attention le déroulement des audiences, en espérant que justice sera rendue de manière crédible dans ce type de procès encore trop rare à l’échelle nationale. 

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