(New York, le 9 décembre 2022) – Un tribunal de Moscou a condamné l’opposant politique Ilia Iachine à huit ans et demi de prison, ainsi qu’à l’interdiction d’utiliser l’Internet pendant quatre ans après sa libération ; ce verdict fait partie des efforts continus pour démanteler et décapiter l'opposition politique pacifique en Russie et réduire au silence toute voix critiquant la guerre menée par les Kremlin contre l'Ukraine, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui.
Ilia Iachine, qui a ouvertement critiqué le Kremlin depuis plusieurs années, était accusé d'avoir enfreint la loi draconienne censurant toute critique de la guerre menée par la Russie. Iachine devrait être immédiatement et inconditionnellement libéré, et l'affaire pénale contre lui annulée, selon Human Rights Watch.
« Ilia Iachine a évoqué certaines atrocités commises par les forces russes en Ukraine tout en étant conscient des risques que ses propos représentaient pour lui-même », a déclaré Rachel Denber, directrice adjointe de la division Europe et Asie centrale à Human Rights Watch. « De tels propos ne devraient jamais constituer un motif d'action en justice, mais le Kremlin continue de persécuter sans relâche des éminentes personnalités pro-démocratie et des opposants à la guerre menée par la Russie en Ukraine. »
Ilia Iachine était accusé de diffusion de « fausses informations », « motivées par la haine politique », au sujet des forces armées russes ; il avait dénoncé sur les réseaux sociaux les atrocités commises par les forces russes lors de leur occupation de Boutcha, ville située non loin de la capitale ukrainienne, Kiev.
Ilia Iachine, qui était un proche ami de l’opposant russe Boris Nemtsov avant son assassinat en 2015, est un allié de Vladimir Kara-Murza, lui-même détenu depuis avril ; Kara-Murza est également accusé de « fausses informations » après avoir critiqué la guerre menée par la Russie en Ukraine, et est visé par deux autres accusations tout aussi infondées.
Depuis le début de l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie, les autorités russes ont arrêté et détenu des milliers de personnes ayant participé a des manifestations pacifiques contre la guerre ou critiqué celle-ci ; certaines ont été condamnés à des amendes, et les autorités ont engagé plus de 100 poursuites pénales pour diffusion de « fausses informations » ou pour des propos visant à « discréditer » les forces armées russes dans le contexte de la guerre.
En juillet dernier, Alexeï Gorinov, un membre du conseil municipal de Moscou qu’Ilia Iachine appelle un « camarade », est devenu la première personne à être condamnée à une peine de prison en Russie pour diffusion de « fausses informations », après avoir publiquement évoqué la guerre en Ukraine et ses victimes civiles. Sa peine initiale de sept ans de prison n'a été réduite que d'un mois en appel, en septembre.
Communiqué complet en anglais : en ligne ici.
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